La Tunisie pourrait être la deuxième patrie du sculpteur Dhyaneswar Dausoa. Invité au Festival international des arts plastiques (FIAP) de Mahrès en juillet 2017, il est allé une deuxième fois dans ce pays du Maghreb. La rencontre avec des artistes étrangers a encore une fois conforté sa réflexion sur l’absence d’une véritable politique culturelle à Maurice.
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Après la Chine, l’Inde, la Turquie ou encore l’Espagne, le sculpteur mauricien a posé les pieds à Mahrès en Tunisie où s’est tenue la 30e session annuelle du FIAP. Seul Mauricien à y être invité, Dhyaneswar Dausoa a aussi contribué à l’ouverture du Festival FIAP de Chebba aux étrangers.
« En 2016, l’organisateur du festival de Chebba m’a invité chez lui », explique-t-il. Moment de bonheur et de partage, ce festival permet aux artistes venus des quatre coins du monde de confronter leurs expériences. « Lorsqu’un Mauricien y est présent et lorsqu’on cite son pays, c’est un grand moment de fierté », fait-il valoir. Mais cette présence mauricienne doit se mériter et Dhyaneswar Dausoa, hier comme aujourd’hui, a toujours été à la hauteur des défis qu’il se fixe.
« Durant ces rencontres, il faut faire appel à sa capacité de créer en respectant le thème imposé par les organisateurs des festivals. Mais, dans le monde des plasticiens, il existe un tel respect du travail accompli que cela ne pose aucun problème ».
Sud de la Tunisie
Ville côtière située dans le Sud de la Tunisie, Mahrès a su gagner sa population à cet évènement artistique annuel. « On voit circuler les gens partout dans le jardin des arts. Il y a des activités de créations artistiques dans tous les coins sans distinction. On peut voir des œuvres partout et les cafés qui jonchent l’autoroute restent toujours bondés jusqu’à fort tard la nuit », raconte le sculpteur mauricien.
Si cette activité a pu se pérenniser, poursuit-il, c’est grâce aux « soutiens matériels et financiers de nombreuses institutions ainsi que des industriels. L’hébergement des participants était très satisfaisant ».
Notre compatriote doit sa présence à Mahrès au critère très sélectif des organisateurs du festival, lesquels n’avaient invité qu’un seul sculpteur. Le choix s’est porté très naturellement sur Dhyaneswar, déjà familier de l’endroit. Comme les années précédentes, il y avait, entre autres, des ateliers pour des enfants ainsi que des jeunes et des visites aux sites archéologiques étaient également organisées.
C’est dans l’enceinte d’une école improvisée pour des ateliers divers que les travaux ont commencé le 16 juillet. L’ouverture officielle du festival a eu lieu le lendemain sous le patronage du ministre tunisien de la Culture, Mohamed Zinelabidine.
« Il y avait une exposition des œuvres d’artistes invités y compris trois de mes sculptures en bois, raconte Dhyaneswar Dausoa. J’ai eu l’honneur de rencontrer Mohamed Zinelabidine en 2015 au Village Ken quand j’étais à une résidence d’artiste, pour le festival de Carthage. Il n’était pas encore ministre, il était venu pour diriger un concert. En tant que ministre de la Culture, il possède trois doctorats dans le domaine culturel. » Pour agrémenter cet événement, il y a eu des ballets et un concert folklorique.
Métal de récupération
Comme toujours, chaque artiste participant devait produire une œuvre pour la collection du festival. Les matériels et les outils ainsi que des aides étaient fournis par les organisateurs. « Mon travail cette année est une sculpture en assemblage de métal de récupération en forme verticale de trois mètres de haut. J’ai exploité des morceaux de tuyaux, des ressorts et d’autres morceaux de métal. Elle représente un arbre intitulé : “L’arbre de la paix – l’arbre de la vie”. Elle est exposée en permanence sur un socle de trois mètres dans un grand espace au bord de la mer dans le parc des Arts. Je suis reconnaissant envers les organisateurs de m’avoir donné l’occasion de me présenter dignement dans cette manifestation », explique le sculpteur.
Après Mahrès, il s’est rendu au 7e Festival international des arts plastiques de la Chebba, située sur la côte Est de la Tunisie, où il était l’invité d’honneur du 24 au 28 juillet. Là aussi, le festival a le soutien financier du ministère de la Culture et de la mairie.
« Ce qui est vraiment extraordinaire, fait ressortir Dhyaneswar Dausoa, c’est que la population s’engage pour la réussite de cette manifestation matériellement et financièrement. »
Chebba
À Chebba, le festival annuel se tient dans le parc Montaza, parc de la Famille, un espace très étendu où il y a un grand café pour de grandes rencontres artistiques. Ici provision est faite pour diverses manifestations culturelles. Du matin au soir, ce parc reste bondé.
« Chebba est connue pour son port de pêche côtière où il y a également un chantier marin. On y voit aussi de grandes plantations d’olivier datant plus de deux cents ans », explique notre interlocuteur, qui avait été sollicité pour exploiter une racine d’olivier rendue dure par plus de deux cents ans d’existence.
« Après avoir exploité la racine, j’ai trouvé un autre morceau d’olivier que j’ai sculpté et assemblé. Après l’assemblage des deux pièces, l’œuvre est devenue très impressionnante. Je l’ai intitulée “Quand tout finit la vie recommence”.»
Comme à l’issue de chacune de ces expériences, Dhyneswar Dausoa ne peut que mettre en parallèle l’état de l’art à Maurice, où dit-il, « rien de la part du gouvernement n’est fait pour valoriser les plasticiens, quand ce ne sont pas les petits copains qui sont toujours privilégiés. Les galeries privées sont, elles, réservées à une même communauté. Cela dure depuis que la galerie Max-Boulle a fermé ses portes et que l’État, lui-même, ne montre aucune volonté de créer une galerie publique avec un budget de fonctionnement ».
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