Sunjiv Soyjaudah, le nouveau directeur exécutif de l’Information & Communication Technologies Authority (Icta) a la lourde tâche de faire redémarrer un régulateur en panne depuis plusieurs mois.
À l'Icta, la machine est grippée. Et cela a des répercussions profondes sur le secteur des télécommunications et des nouvelles technologies. S’ils ne souhaitent pas s’exprimer ouvertement par peur de représailles, les opérateurs n’ont que peu de bons mots pour ce régulateur.
« Le dialogue est rompu. Non seulement nous ne sommes plus conviés aux consultations comme c’était le cas avant, mais aussi, quand nous sollicitons une rencontre, nous butons sur une fin de non-recevoir. C’est un secteur dynamique qui doit s’adapter aux changements rapides auxquels il fait face. De nouveaux règlements doivent être préparés et implémentés pour servir de guide au secteur », constate un membre influent de l’Outsourcing & Telecommunications Association of Mauritius (OTAM).
Risque ingérable
Troisième secteur le plus productif pour l’économie mauricienne, derrière la finance et le tourisme, les technologies de l’information et de la communication représentent environ 7 % du Produit intérieur brut du pays. « Si nous voulons rester le troisième pilier, il y a beaucoup à faire. Nous ne pouvons pas continuer à observer le statu quo », continue cet opérateur. Selon une autre source, très proche du dossier des nouvelles technologies, « tout est bloqué ». « De nombreux dossiers sont en suspens et cela freine non seulement le développement du secteur, mais aussi les services offerts aux clients. Nous n’avons plus d’interlocuteur. C’est le flou total », ajoute-t-elle. Certains opérateurs considèrent d’ailleurs que le régulateur est devenu un « risque ingérable ». Alors que les pays développés passent à la technologie 5G pour la téléphonie mobile - nouveauté que les opérateurs locaux auraient souhaité proposer à leurs abonnés –, l’Icta n’aurait pas encore débuté les consultations à ce sujet. Avec la fin de la télévision analogique, plusieurs fréquences sont à nouveau disponibles pour d’autres services, mais personne ne sait ce que l’Icta veut en faire. « Ne pas les utiliser est synonyme de gaspillage de ressources. La faute à l’absence de planification », fait ressortir un spécialiste du domaine. Un autre exemple : la fourniture Internet à haut débit à Rodrigues. Le contrat avait été octroyé à Mauritius Telecom pour une durée de trois ans seulement. Le projet avait été financé par l’Universal Service Fund, un fonds géré par le régulateur. Or, le contrat prend fin en décembre et l’Icta n’aurait pas commencé à travailler sur un nouvel appel à candidatures pour ce service. Pourtant, indique une source proche de l’autorité, « c’est une procédure qui peut prendre un an ». Au niveau du conseil d’administration du régulateur, certains se plaignent de ne pas être informés de tout ce qui s’y passe, alors qu’au sein même de l’Icta, des employés de différents niveaux hiérarchiques soutiennent que « d’importantes décisions sont prises » sans qu’ils ne soient mis au courant. À la tête de l’autorité, l’on observe le silence. Bhanoodutt Beeharee, président depuis juin dernier, reste injoignable malgré nos tentatives répétées. Tout comme Sunjiv Soyjaudah, mercredi.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !