Environ une dizaine de régions sont concernées. Il s’agit du développement résidentiel autour des concasseuses. Les lois ne permettent pas la construction des maisons dans un périmètre précis. Un comité ministériel viendra régler le problème.
Bambou est en suspens. Dans un seul morcellement, 122 lots, sur les 305, abritent des maisons. Les autres ne peuvent pas débuter leurs constructions car le Conseil de district n’en autorise aucune construction en respect de la loi. De même, les collectivités locales sont impuissantes. Ainsi, cette affaire doit être réglée par le gouvernement à travers des amendements aux lois.
Réguler les développements fonciers autour des concasseuses. C’est le but du comité ministériel qui tente de trouver une solution aux soucis de centaines de personnes. Les lois de Maurice ne permettent aucune construction de maison, centre hospitalier ou école dans un périmètre d’un kilomètre autour d’une concasseuse. « Nous allons vers une solution. » C’est ce que nous a déclaré le ministre du Logement et des Terres, Mahen Jhugroo, mercredi matin. Il a souligné que le comité, présidé par la vice-Premier ministre Fazila Daureeawoo, réunit aussi le ministre de l’Environnement, l’Attorney General et lui-même. Pourtant, le service de communication du ministère des Collectivités locales nous a transmis le message à l’effet qu’aucune démarche n’est entreprise en ce sens.
À la recherche de solutions
Pour sa part, le ministre Jhugroo a fait comprendre que le comité essaie de trouver une solution pour soulager l’angoisse des propriétaires de ces terres à Bambous et les promoteurs des prochains développements autour des concasseuses du pays.
Il s’avère que le blocage découle d’un jugement du Privy Council intervenu en janvier 2018. Il concernait un litige entre la compagnie Beaux-Songes Development Ltd et la firme United Basalt Products Ltd. Le jugement s’est appuyé sur les lois de Maurice stipulant qu’il ne peut y avoir de développement résidentiel dans un périmètre d’un kilomètre autour d’une concasseuse.
Depuis 2004, les lois suivantes, la Planning and Development Act, l’Environment Protection Act et la Morcellement Act, régissent le développement résidentiel dans la zone tampon d’une concasseuse. Or, aucune école, centre de santé et résidence ne peuvent se trouver dans un périmètre d’un kilomètre autour d’une concasseuse.
Aujourd’hui, une quarantaine de propriétaires de terres, dans le village de Bambous, se voient refuser un permis de construction. Josian Melisse, du Conseil de district de Rivière-Noire, affirme que le Conseil ne peut octroyer de permis car il faut respecter la loi et de surcroît, le jugement du Comité judiciaire du Privy Council. « J’ai même demandé aux habitants de ne pas construire sans permis car selon la nouvelle Local Government Act, nous serons obligés d’émettre des ordres de démolition. »
Bambous en suspens
Le conseiller explique que plusieurs propriétaires ont obtenu des terrains en héritage tandis que d’autres ont acheté des portions de terre pour y construire une maison. Toutefois, le Conseil de district s’en tient aux lois. La solution serait que le gouvernement vienne avec un amendement aux lois et réduise la zone tampon autour d’une concasseuse. Pour le moment, les propriétaires de terrains ne peuvent pas y construire leurs maisons ni agrandir celles déjà érigées. C’est la meilleure solution, affirme Alan Ganoo, député de la circonscription.
Au Parlement, le député a soulevé ce point avec le ministre des Collectivités locales et celui du Logement et des Terres. Il attend une solution. « C’est regrettable que des gens de la classe moyenne ne parviennent pas à construire une maison alors qu’ils se sont endettés. Pourtant, un simple amendement aux règlements suffit à changer cela », affirme Alan Ganoo.
Pour le conseiller Josian Melisse, cette situation place le Conseil de district dans une situation embarrassante. Il parle même de la colère des propriétaires de terrains qui veulent manifester. Il affirme que la construction d’un dispensaire est retardée à cause de cette barrière légale car le terrain alloué par le Conseil de district au ministère de la Santé se trouve dans le périmètre.
Un propriétaire de terrain d’un demi-arpent de terre à Geoffroy, Bambous, nous a confié son amertume. Sous le couvert de l’anonymat. « J’attends un dénouement dans cette affaire pour développer mon terrain car pour l’instant, je ne peux ni le vendre, ni le développer. D’ailleurs, les terrains sis dans ce périmètre ne trouvent pas preneur. L’école du gouvernement de Geoffroy s’y trouve aussi. Que fera le gouvernement dans ce cas ? Évacuer l’école ? »
Balmick Jeetun, dessinateur et conseiller du village, affirme que les zones suivantes sont concernées : le morcellement Voluntary Retirement Scheme (VRS), la Résidence Bambous, le quartier Mangue Vert-Doux, le morcellement VRS 2, le village de Bambous, le village de Beaux-Songes et l’école primaire de Geoffroy. « Ce sont des gens de la classe moyenne qui ne peuvent acheter un lopin de terre ailleurs, indique le conseiller, et des familles attendent d’obtenir le droit de construire une maison alors qu’ils ont obtenu un terrain de leurs parents. J’ai fait une douzaine de plans de construction pour les habitants de Bambous mais ils ont été rejetés. »
Incapables de construire depuis dix ans
Chez les Padaruth, c’est la grogne. Ils se plient aux lois et attendent une décision du gouvernement. En attendant, sept membres de la famille, vivant dans deux maisons en tôle subissent les caprices du climat. En septembre 2018, Ravind Padaruth, patriarche de la famille, a fait une demande pour un ‘Building and Land Use Permit’ au Conseil de district de Rivière-Noire. Il a fait savoir que la demande a été refusée car le terrain se trouve dans un périmètre d’un kilomètre autour d’une concasseuse.
Des avenues pour sortir de l’impasse…
Les enfants de Ravind Padaruth vivent avec leurs parents sur un lopin de terre à environ 500 mètres de la concasseuse de Bambous. Depuis 10 ans, ils occupent ce terrain et ils ont déjà acheté des matériaux de construction. Yogesh Padaruth, le fils du propriétaire, explique qu’ils vivent sur le terrain dans des maisons en bois et en tôle. « Bann lakaz la koule et kan lapli tonbe lakour la inonde. » Les Padaruth ont investi plus de Rs 100 000 dans l’achat de matériaux comme des blocs, barres de fer, vers 2009. Dix ans après, les matériaux se dégradent sous l’effet du climat et la famille vit sur un terrain barricadé par un mur en béton et dans des maisons qui coulent. « Nou pe atann gouvernman donn permisyon akoz nou pa pou bouz nanye san permisyon », confie Yogesh Padaruth. Le sort de la famille Padaruth et bien d’autres propriétaires de terrains, à Bambous et ailleurs, repose entre les mains du comité ministériel. Mahen Jhugroo affirme qu’il n’y aura aucune décision dans l’immédiat tout en ajoutant que des avenues possibles sont explorées et analysées pour sortir les habitants de cette impasse.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !