Navingate, Serenitygate, Maradivagate, Sherrygate… La guerre des ‘Gates’ entre l’Alliance Morisien (MSM/ML) et l’Alliance Nationale (PTr/PMSD) est en passe d’avoir des effets boomerang contre la classe politique. Un nombre croissant de commentaires sur les réseaux sociaux va dans ce sens. Ces ‘Gates’ commencent à attiser un sentiment de ras-le-bol. Au bout du compte, le MMM s’attend à en tirer profit avec son slogan « La main propre, la tête haute ».
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La guerre des « Gates » est une grande première dans l’histoire de la campagne électorale à Maurice. Si les dénonciations ont toujours pimenté les campagnes électorales, à l’ère numérique, elles prennent une autre dimension, avec l’étiquette de ‘Gate’ collée sur le dos.
Dans le temps, ces dénonciations étaient verbales dans les meetings, les réunions privées et autres congrès nocturnes. Mais comme les paroles s’envolent…, les « dénonciateurs » ont eu recours aux tracts. Aujourd’hui, l’outil technologique permet de rendre ces dénonciations plus vivantes, plus accrocheuses avec l’apport image et son. Raison pour laquelle tous les ‘Gate Clips’ font un tabac sur les réseaux sociaux. Le nombre de « Shares », de « Likes » et de « Comments » parle de lui-même. C’est un peu comme au cinéma : on passe du film muet en noir et blanc au film en trois dimensions (3D).
Ces ‘Gate Clips’ sont souvent à double tranchant. Les leaders politiques et leurs lieutenants ont cru que ces ‘Gate Clips’ ne serviront qu’à faire passer le message, voire souiller l’image de l’adversaire ciblé qui allait, lui, riposter avec cette même arme. Ils ont cru que l’ensemble de la population allait se laisser prendre au jeu énivrant de ces dénonciations bien emballées avec son, images et effets spéciaux. Le tour était ainsi joué. Mais c’était mal connaître cette population de plus en plus éduquée, avec un sens critique très aigu. Ces ‘Gate Clips’ ont finalement été des ‘Eye Openers’ pour nombre de Mauriciens. À en voir leurs commentaires sur les réseaux sociaux.
Les leaders politiques ont intérêt de maîtriser une grande tentation : l’État, c’est moi.»
La perception du public aujourd’hui est que l’image que renvoient ces deux alliances, lorsqu’elles sont au pouvoir, n’est pas si différente. Que la corruption règne au sein même de l’État et le ronge de l’intérieur. Le même mécanisme de corruption. Tout se joue grâce aux « amitiés pernicieuses » qui se tissent autour des biens de l’État repartis à travers des compagnies étatiques ou privées au sein desquelles l’État lui-même est partenaire majoritaire. La population voit derrière ‘Navingate’, cet axe Ramgoolam/ Soornack/ Gooljaury et les transactions à l’aéroport (Airway Coffee) et à la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP). Elle voit aussi derrière ‘Serenitygate’, ‘Maradivagate’, ‘Sherrygate’, l’axe Jugnauth/Ramdenee/Singh et les activités à Mauritius Telecom (MT) et la production de films étrangers à Maurice.
Sur les réseaux sociaux, sur les ondes des radios privées ou sur la place publique, les questions fusent… La corruption au cœur de l’État est-elle devenue pratique courante ? Adopte-t-on les travers d’un État mafieux avec des entités publiques noyautées par des groupes louches à chaque changement de gouvernement ? L’État mauricien est-il au cœur d’un dysfonctionnement de la légalité en contournant la loi ? Est-ce que ce mal est si profondément enraciné au point de remettre en question la détermination des hommes politiques à lutter sincèrement contre ce cancer ? Nos institutions sont-elles aussi politisées qu’elles n’ont plus la capacité de résister à ces « amitiés pernicieuses » au plus haut sommet ? Les hauts fonctionnaires et les hauts cadres des compagnies étatiques ne sont-ils que ces ‘Yes-Men’ qui ferment les yeux sur les agissements des « amitiés pernicieuses » ?
Si les leaders politiques veulent s’attaquer sincèrement à la corruption, qui est « l’un des pires démons de notre temps », ils doivent prendre un engagement solennel devant la population durant cette campagne électorale. Engagement solennel de faire la politique autrement dès le prochain mandat pour garantir une démocratie en bonne santé. Celle-ci passe d’abord par la transparence absolue – rendre les comptes sans camouflage - et aussi l’introduction de la Freedom of Information Act.
Le public est en droit de savoir ce qu’on fait de son argent. Les leaders politiques ont intérêt de maîtriser une grande tentation : l’État, c’est moi.
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