Maureen M., une enseignante de 33 ans, attend un heureux événement. Elle en est à son troisième trimestre de grossesse quand en juillet dernier la direction de l’école où elle travaille a décidé de se passer de ses services. La raison invoquée est que la jeune femme a refusé de prendre part à des activités physiques...
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«Unfit for Work.» Voilà l’argument avancé par le directeur d’une école privée pour justifier le renvoi d’une enseignante enceinte de sept mois.
Maureen M., 33 ans, était en poste dans cet établissement depuis le 29 janvier dernier. L’enseignante confie que le 9 juillet, le directeur de l’école l’a convoquée à son bureau. «Sans aucune forme de préavis, sans qu’il ne m’ait donné d’avertissement, il m’a demandé de réunir mes affaires et de m’en aller. Il ne m’a fourni aucune raison. J’en étais alors à ma 28e semaine de grossesse... J’étais sous le choc», se souvient la jeune femme.
Le lendemain, elle s’est rendu au Bureau du travail. «Le préposé qui m’a reçue a téléphoné au directeur de l’école plusieurs fois. Celui-ci n’a pas répondu», indique Maureen.
Deux semaines plus tard, elle a repris contact avec le Bureau du travail. On lui a alors appris que le directeur de l’école l’a licenciée parce qu’elle est «unfit for work». C’est, du moins, la raison avancée dans une correspondance de l’école au Bureau du travail.
«Unfit for work ? Le directeur m’a imposé de prendre part à des activités physiques, alors que je l’avais officiellement informé que je ne pourrais pas le faire, vu mon état actuel. Cela a d’ailleurs été confirmé par mon médecin», déclare la trentenaire.
« Refus de travailler »
Nous avons sollicité la direction de l’école sa version des faits. Selon le directeur, l’enseignante a été renvoyée parce qu’elle ne voulait pas se soumettre au curriculum. « Le curriculum comprend des activités physiques avec les enfants, mais elle a refusé de faire cela. Nous avons pris cela comme un refus de sa part de travailler avec les enfants », a-t-il déclaré.
Maureen a du mal à comprendre. La future maman s’interroge sur les « réelles raisons » derrière sa mise à pied. A-t-elle été renvoyée à cause de sa grossesse ou à cause d’autre chose… ? La jeune femme pense que son renvoi a un lien avec une série d’incidents qui s’est produit concernant une de ses élèves.
«Il y a quelques mois, je me suis rendu compte qu’une élève âgée de huit ans se comportais mal en classe. Intriguée par son comportement, je l’ai interrogée», explique l’enseignante.
«C’est là que la fillette m’a confié qu’elle était abusée sexuellement par son cousin. J’ai immédiatement informé la direction de l’école, mais l’administration n’a pas réagi.»
Deux semaines plus tard, l’élève se serait une nouvelle fois confiée à l’enseignante. «Puis, un jour, la fillette a fait ses besoins dans ses vêtements», poursuit Maureen. Cette dernière a ainsi téléphoné à la mère de la petite pour qu’elle apporte des vêtements de rechange. «Quand elle est arrivée à l’école, elle a commencé à frapper sa fille devant moi et une collègue. La direction en a été informée et le lendemain, l’école a téléphoné à la Child Development Unit (CDU). Quand des préposés de la CDU sont arrivés, la mère, qui était présente, a proféré des menaces à mon encontre», raconte Maureen.
Menaces
Les choses n’en resteront pas là, selon Maureen. « La mère s’est montrée encore plus agressive envers moi. Une fois, elle m’a carrément menacée de mort. J’ai alors porté plainte à la police », dit l’enseignante.
Comme l’école ne fait rien pour la fille, l’enseignante a contacté l’Ombudsperson for Children. Elle a également informé le ministère de l’Éducation et celui de l’Égalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la famille.
L’enseignante est persuadée que c’est cette histoire qui lui a valu d’être mise à la porte à quelques semaines de son accouchement. Mais la direction de l’école avance que cette affaire n’est aucunement liée avec sa décision de se séparer de l’enseignante.
« Nous déplorons aussi sa performance. Son renvoi n’a rien à voir avec sa grossesse, ni avec le fait qu’elle a dénoncé l’abus sexuel subi par cette élève », soutient-elle.
Recours
Sollicité par la rédaction, Me Balla Mukan a donné son point de vue. « Le licenciement de Maureen a tout l’air d’être un unfair dismissal. Le Bureau du travail devra poursuivre au pénal l’école privée concernée, si elle a renvoyé l’éducatrice sans même passer par un comité disciplinaire. La dame peut aussi intenter une plainte civile au niveau de la justice. »
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