Une des pires calamités qui puisse vous frapper dans la vie, c’est la perte de la maison familiale à travers le Sale by Levy. Dayabharun Teeroovengadum, très connu dans le secteur du sport, en a fait l’amère expérience. Un jour, de retour à son domicile après une journée cauchemardesque à la recherche d’une issue possible à son problème, il dit d’emblée à son
épouse : « To koné, lakaze ine fini vander. » Et cette dernière, terrifiée, de lâcher : «Ki nous pou faire aster ?»
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Dans son cas, la providence a voulu qu’il rencontre Nobin Unmole, le General Manager de la Mauritius Housing Company de l’époque, à qui il a exposé son problème. « M. Unmole m’a écouté, a compris ma situation et a redressé la barre. Je lui serai éternellement reconnaissant », dit cet homme au riche parcours, notamment dans le domaine de l’informatique.
Dayabharun Teeroovengadum, a accepté de partager son vécu pour, dit-il, « éviter aux autres d’entrer dans la spirale de l’endettement. » C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a fondé une association pour venir en aide aux victimes de la vente à la barre.
Bharun Teeroovengadum est tombé dans cet engrenage infernal qui lui a pourri l’existence durant de très nombreuses années. Il gagnait bien sa vie en tant que premier informaticien à exercer comme tel dans le pays après des études outremer. Il dispensait des cours dans son école de formation. Il était aussi le représentant officiel d’un fabricant d’ordinateurs du Royaume-Uni dont les appareils étaient vendus à Maurice. Il donne aussi des cours de yoga.
Pour son malheur, il s’est lancé dans le secteur de la construction comme entrepreneur en partenariat avec un homme de métier. Ils fondent une compagnie et décrochent un contrat de construction d’appartements à Rose-Hill.
Alors que les travaux sont en progression sur le chantier, Bharun va faire ce qu’il ne faut jamais faire. Il va prendre les matériaux à crédit auprès des quincailleries et va aussi faire appel à des opérateurs pour lui fournir du béton. Les travaux avaient bien avancé sur le chantier quand, on ne sait pour quelle raison, Bharun reçoit sa feuille de route et est contraint de quitter le chantier. Il a pu voir la relève assurée sur le chantier par des hommes d’un corps para-étatique. Une situation qui avait fait scandale à l’époque.
Bharun, endetté jusqu’au cou, multiplie des tentatives pour récupérer son argent auprès de son client. Celui-ci fait la sourde oreille. Finalement, au terme d’un commun accord, les deux parties décident d’aller en arbitrage. Comme c’est la compagnie de Bharun qui est la partie demanderesse, c’est à elle de payer tous les frais de l’affaire. On fait appel à un juge de la Cour suprême. Bharun verse à celui-ci un acompte de Rs 50 000 sur une somme totale réclamée de Rs 100 000.
L’affaire est à peine entamée que Bharun va recevoir une lettre du juge-arbitre. Elle est porteuse d’une nouvelle qui va anéantir tous ses espoirs de retrouver son argent. Il lui dit en substance ce qui suit : « Il ne vaut plus la peine de poursuivre l’arbitrage. La partie adverse a déclaré faillite. Même si vous avez gain de cause, vous n’obtiendrez rien ».
Ce que les contracteurs ne doivent jamais faire
« C’est pourquoi je conseille vivement aux entrepreneurs de ne jamais investir leur propre argent ou de s’engager auprès des fournisseurs pour le compte de leurs clients. Dépensez uniquement l’argent du client, pas le vôtre. Mais il est vrai aussi qu’il existe des contracteurs qui abusent de la confiance de leurs clients. Mais cela est une autre histoire.
« En ce qui me concerne je me suis retrouvé avec d’énormes dettes des autres. J’ai dû continuer à travailler pour faire les remboursements. »
Un contrat décroché pour la fourniture de housses à Air Mauritius a permis à Bharun de sortir un peu la tête hors de l’eau. « Mais ces revenus n’étaient pas suffisants pour me permettre d’honorer mes engagements auprès de la Mauritius Housing Company avec laquelle j’avais contracté un emprunt pour l’achat d’une maison. »
Bharun raconte comment il a eu à faire face à la menace de vente à la barre de sa résidence. Il est arrivé in extremis, soit quelques jours seulement avant la séance, à sceller un accord avec l’organisme selon les termes et conditions suivants : il paierait une somme de Rs 200 000 à la compagnie et le restant de sa dette serait rééchelonné. Il devrait effectuer le paiement chez l’avoué de la compagnie.
Comme cet arrangement lui a paru avantageux, Bharun s’est empressé de se rendre chez l’avoué. Celui-ci lui remit un reçu et il fut bientôt de retour à la MHC où il rencontrait un officier. Celui-ci connaissait bien son dossier. Bharun lui a montré le reçu et lui a demandé s’il faudrait qu’il se rende en cour le jeudi suivant. L’officier lui a répondu par la négative. Les jours ont passé et, un dimanche, Bharun rencontre une bonne connaissance, un habitué des cours de Justice. Celui-ci lui apprend une incroyable nouvelle : « To kone, mo kroir ki to lakaz fine vandé ».
Le pire moment dans la vie d’un homme c'est annoncer à sa femme que « lakaz ine fini vandé »
Barun est perplexe, car il y avait bien un accord conclu entre lui et la MHC. Pour en avoir le cœur net, il se rend chez l’avoué. Celui-ci lui confirme que sa maison a effectivement été vendue. Bharun est dans tous ses états : « Mais pourquoi donc ? Il y a bien eu un arrangement. D’ailleurs j’ai déjà fait le paiement de Rs 200 000 avec vous-même ! », fulmine-t-il.
L’avoué lui répondra qu’il n’a fait que « suivre les instructions du client », en l’occurence la MHC.
Bharun se rend alors à la MHC pour demander des explications sur cette manœuvre malhonnête. Il n’aura qu’une vague réponse : « On n’a fait que suivre les ordres venant d’en haut ». Le préposé lui a aussi dit que s’il s’était rendu en cour, sa maison n’aurait pas été vendue du fait que c’était la première fois que l’affaire y était présentée et qu’il aurait eu droit à un renvoi.
Puis Bharun va apprendre avec surprise que c’est la MHC elle-même qui a acheté sa maison à un prix en dessous du cours du marché.
Les idées noires
C’est un homme désespéré, les idées noires plein la tête, qui prend sa voiture pour rentrer chez lui. Mais en tant que croyant, il chasse les mauvaises pensées et s’en remet à Dieu. Une fois chez lui, il annonce la terrible nouvelle à sa femme.
Alors qu’il vivait ce drame – c’était un lundi –, le soir venu, vers 19 heures, Bharun voit passer une connaissance dont les enfants prenaient des leçons d’informatique ave\c lui. Au cours de la conversation, Bharun lui raconte son malheur. « Il m’a alors parlé d’une procédure légale qui permet à une personne dont la maison a été vendue à la barre à un prix en dessous du cours du marché, d’avoir un prix plus intéressant. Ou bien même de récupérer sa maison. Il s’agit du Outbidding ». L’homme lui demande d’aller voir son propre avoué.
C’est ce qu’il fit et l’avoué ira déposer une motion à cet effet. Le jour J, lors de l’audience, la MHC a fait monter les enchères, « poussant toujours jusqu’à atteindre le chiffre de Rs 2 millions. Mais c’est un ami qui a agi en mon nom qui est devenu l’acheteur de ma maison ». Il y a un délai pour verser un acompte. C’est ce qui a été fait.
La différence devra ensuite être payée sous peine de perte définitive de son bien immobilier. Il n’y avait aucune issue possible pour trouver cet argent et le pire restait à venir, surtout en raison de l’hostilité manifeste à son égard de la part de la MHC.
Mais il y a eu heureusement les élections générales, suivies d’un changement au niveau de la direction de la MHC. Lobine Unmole, qui est présentement le General manager de la Development Bank of Maurtitius, est porté aux commandes de la Mauritius Housing Corporation. Avec le nouveau Chairman, Moorli Gajadhur, le dossier de Bharun subira un réexamen. « J’ai finalement bénéficié d’un loan de la MHC, me permettant de rembourser ma dette sur la maison. Je suis reconnaissant à M. Unmole. Il a pris la décision qu’il fallait et a rectifié le tir en tant que General Manager de la MHC ».
Les risques auxquels on s’expose quand on se porte garant
Fort de son expérience, Bharun a tenu à adresser une mise en garde à l’adresse de tous ceux qui seraient tentés de se porter garant pour un tiers. Certaines familles perdent leur propriété dans une vente à la barre alors qu’elles n’ont même pas encore touché un centime de l’emprunt de la banque. Elles s’exposent au danger de tout perdre. Comme c’est trop souvent le cas, on se présente comme garant sans même connaître les risques auxquels on s’expose. Car il faut bien savoir qu’aux yeux de la loi, un garant a les mêmes responsabilités que l’emprunteur principal, et il est donc passible de poursuites et de saisie de son bien offert en garantie.
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