Phénomène climatique extrême oblige, le Central Electricity Board a dû adapter ses infrastructures afin de pouvoir assurer une alimentation constante en électricité, même durant les intempéries.
Les cyclones et les tempêtes électriques sont les deux phénomènes climatiques auxquels le réseau du Central Electricity Board (CEB) est le plus vulnérable. D’ailleurs, lors du passage de la forte tempête tropicale Calvinia à Maurice les 29 et 30 décembre 2019, quelque 7 000 abonnés ont été privés d’électricité. En cause : des lignes cassées, des fusibles ayant disjonctés, des pylônes électriques endommagés et des courts-circuits, entre autres.
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Afin de réduire l’impact de ces conditions climatiques sur son réseau et ses infrastructures, l’organisme a pris plusieurs mesures. Primo, il a remplacé des pylônes. « Nous avons aussi constaté que 95 % des fautes rencontrées pendant les cyclones sont occasionnées par des objets qui viennent endommager nos infrastructures. Il y a les branches et les chutes d’arbres », fait ressortir Shamshir Mukoon, directeur par intérim du CEB.
Raison pour laquelle l’organisme a lancé une campagne « agressive » d’élagage. « Cela se fait par l’entremise d’une de nos sociétés subsidiaires, à savoir CEB Facilities Ltd », souligne-t-il. Bien que Shamshir Mukoon concède que ces mesures à elles seules n’empêcheront pas les branches d’endommager le réseau électrique pendant les cyclones, il est cependant d’avis qu’elles contribueront largement à réduire les risques.
Pour se protéger de l’humidité et des tempêtes électriques, le directeur par intérim du CEB avance que de gros investissements ont été consentis ces cinq dernières années afin de remplacer les câbles sans isolant par ceux qui en sont dotés. « Aujourd’hui plus de 90 % de notre réseau électrique est isolé. Seulement 10 % est constitué de bare conductors », souligne-t-il.
En outre, Shamshir Mukoon indique que le CEB a aussi fait installer des parafoudres sur son réseau de transmission, de distribution et de basse tension en guise de protection. Il fait toutefois ressortir qu’une protection à 100 % est impossible, même avec les meilleures technologies disponibles. « Même les grands pays, dont le Royaume-Uni, la France et la Suède, ne sont pas épargnés par ce phénomène. Avec le changement climatique, la foudre qui se produit principalement durant les flash floods et les pluies torrentielles est de plus en plus imprévisible. Sans compter le fait que son intensité a considérablement augmenté », dit-il.
Pics de consommation
En sus des phénomènes climatiques, le CEB se retrouve confronté à une autre tendance : celle de la hausse de la consommation énergétique. La barre des 500 mégawatts (MW) a été franchie le 10 décembre 2019 pour atteindre 507,2 MW. Une première dans les annales du CEB.
Une conséquence du climat chaud couplée à un taux d’humidité élevé, à en croire Shamshir Mukoon. Ces pics surviennent donc en été. « Nous avons trois pics durant une journée d’été. Un premier le matin, entre 10 heures et 11 heures. Un deuxième dans l’après-midi, entre 13 h 30 et 14 heures et un troisième à 19 heures. Nous avons constaté que c’est le pic de l’après-midi qui est le plus élevé en été, en raison de la climatisation. D’ailleurs, les pics au niveau de la demande de ces trois dernières années ont tous été enregistrés à 14 heures », dit-il.
Pour faire face à cette demande croissante, Shamshir Mukoon affirme que le CEB et les Independent Power Producers (IPP) disposent de la capacité nécessaire pour y répondre. Il fait toutefois ressortir que le CEB devra faire des investissements afin d’augmenter sa capacité de production pour les années à venir.
Le directeur par intérim du CEB ajoute que grâce à une forte volonté politique et aux ressources nécessaires, l’État a augmenté la part des énergies renouvelables. « Il existe une corrélation entre la production à partir du soleil et les périodes chaudes et ensoleillées durant le pic du matin et de l’après-midi. De ce fait, l’énergie produite à partir des panneaux photovoltaïques peut contribuer à compenser la charge de climatisation pendant la journée », dit-il.
Capacité de production de 715 MW
La capacité de production actuelle est d’environ 715 MW. C’est le CEB qui est le plus gros producteur, avec ses 441 MW (Thermal Diesel). Il est suivi des IPP avec 164 MW (Thermal Bagasse/charbon). Pas moins de 96 MW sont générés à partir des panneaux photovoltaïques, 9,35 MW à partir de la ferme éolienne de Roches-Noires et 3 MW à partir du Mare-Chicose Landfill Gas. « Le soleil et le vent ne sont toutefois pas disponibles en permanence. Il faut aussi penser aux besoins pour l’entretien des machines et les réserves », précise Shamshir Mukoon.
Le bouquet énergétique est, pour sa part, constitué à 40 % de charbon, 40 % de Heavy Fuel Oil (diesel), 10 % de bagasse et 4 % d’eau, etc. (voir le tableau ci-dessous).
Pics de consommation durant ces trois dernières années | ||
Date | Consommation (Mégawatts) | Heure |
10 décembre 2019 | 507,2 | 14 heures |
22 janvier 2019 | 491,7 | 14 heures |
14 février 2018 | 468,2 | 14 heures |
2017 | 461,7 | 14 heures |
Bouquet énergétique | |
% | |
Coal (charbon) | 39,74 |
Bagasse | 10,76 |
Landfill gas | 0,80 |
Kerosene | 0,06 |
HFO | 41,78 |
Hydro | 4,40 |
Photovoltaique | 1,74 |
Wind | 0,45 |
Cane Trash | 0,27 |
Total | 100 |
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