Crise de l’électricité en Afrique du Sud : entre aubaine et menace pour les opérateurs mauriciens

Les coupures d’électricité récurrentes en Afrique du Sud depuis quelques mois affectent non seulement son économie mais aussi d’autres pays avec lesquels elle entretient des liens commerciaux. Et Maurice ne fait pas exception.

L’économie sud-africaine est actuellement plombée par les coupures de courant. En effet, les centrales à charbon de la compagnie nationale d’électricité Eskom ne parviennent pas à produire suffisamment d’énergie pour répondre à la demande. Les coupures récurrentes depuis le début de l’année ont des conséquences sur le commerce national mais aussi au-delà des frontières. Pour Maurice, l’Afrique du Sud est le principal marché d’exportation en Afrique, représentant plus de 42 % de ses exportations sur le continent.

Un exportateur dans le textile explique que le terme utilisé pour décrire cette situation en Afrique du Sud est « load shedding ».  « Il s’agit d’interruptions volontaires de la fourniture d’électricité sur une partie du réseau. Cette perturbation impacte directement les revenus de nos acheteurs. Du coup, cela se reflète sur nos exportations vers ce pays. »

Cependant, Ajay Beedassee, directeur de GNP Wear, affirme que cette pénurie d’électricité est un « blessing in disguise » pour son entreprise. « Depuis l’année dernière, le gouvernement sud-africain mise sur la stratégie d’acheter et consommer localement.  Cette décision nous a fait du tort. Nous avons vu nos commandes baisser graduellement. Toutefois, en ce moment, beaucoup d’usines en Afrique du Sud ne sont pas en mesure de produire de gros volumes. Du coup, nous constatons une reprise des commandes et cela devrait augmenter tant que le manque d’électricité perdurera. » 

Importations plus chères

Notre interlocuteur souligne que quand le problème sera résolu, les producteurs sud-africains reprendront normalement leurs activités. « Par conséquent, l’Afrique du Sud réduira de nouveau ses importations de 
Maurice », prévient-il, en insistant sur la nécessité de continuer à exploiter et explorer d’autres marchés. 

Suren Surat, CEO de SKC Surat, qui importe des fruits et légumes d’Afrique du Sud, soutient que les coupures d’électricité n’affectent pas vraiment les activités de ses fournisseurs. « Toutes les usines avec lesquelles nous collaborons ont investi massivement dans des générateurs. Par exemple, les chambres froides continuent de fonctionner. » Néanmoins, le coût de l’électricité produite par des générateurs carburant au diesel est plus élevé. « Les producteurs répercutent ce coût additionnel sur le prix du produit fini. Par conséquent, les importations coûtent plus cher. » En outre, poursuit-il, tous les équipements ne sont pas connectés aux générateurs. « Et cela occasionne des perturbations dans la distribution ». Selon lui, la crise de l’électricité en Afrique du Sud devrait se poursuivre dans les prochains mois voire les années à venir. 

Au niveau d’Innodis, Sonny Wong, Chief Operating Officer, avance que les coupures d’électricité en Afrique du Sud n’ont jusqu’à présent pas affecté l’approvisionnement des produits importés par sa compagnie. « La plupart des entreprises manufacturières ont investi dans des générateurs afin de maintenir la production, ce qui n’est pas forcément le cas pour les PME et les petits commerces », précise-t-il. 

Pour l’instant, assure Sonny Wong, c’est « business as usual » et il n’y a aucune augmentation des prix liée directement à cette situation. 

Produits exportés vers l’Afrique du Sud 

• Textile et habillement 
• Aluminium, plastique 
• Electronique
• Sucre et produits dérivés du sucre 
• Chaussures 
• Dispositifs médicaux 
• Produits pharmaceutiques 
• Fertilisants
• Viande, produits laitiers et œufs 
• Boissons 
• Huiles essentielles, parfums, cosmétiques, soins de beauté  

Produits importés d’Afrique du Sud 

• Combustibles minéraux
• Véhicules
• Animaux vivants 
• Barre de fer, aluminium, cuivre, plastique 
• Fruits, noisettes
• Viande, poisson et fruits de mer 
• Cigarettes 
• Boissons 
• Produits pharmaceutiques
• Savons, lubrifiants, bougies
• Produits laitiers, miel 
• Perles, pierres précieuses 
• Coton, soie

Source : Trading Economics