Empêtrée depuis l’année dernière dans une polémique en raison de sa proximité avec la société Planet Earth Institute, Ameenah Gurib-Fakim fait présentement face à une situation sans précédent. Son parcours n’a jamais été de tout repos.
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S’il y a bien un trait de caractère que ses sympathisants et contestataires lui reconnaissent tous, c’est sa combativité. Le cheminement professionnel d’Ameenah Gurib-Fakim qui démarre en 1987 à l’Université de Maurice (UoM) n’a jamais été un long fleuve tranquille. Son entrée dans la Faculté des Sciences sur le campus de Réduit brise les tabous. Un de ses anciens collègues à l’UoM nous dit de mémoire qu’Ameenah Gurib-Fakim a été une des premières ou sinon la première femme à se joindre à la Faculté des Sciences de l’UoM. « Mais cela n’avait provoqué aucun grincement car les personnes travaillant dans cette faculté ont pour habitude de faire primer la compétence », raconte ce chargé de cours.
Ameenah Gurib-Fakim ne tarde pas à s’illustrer sur le campus de Réduit. Très concernée par le domaine de la recherche, elle porte un intérêt particulier aux plantes médicinales et assure régulièrement la supervision des travaux de recherche. Elle poursuit son ascension à l’UoM et devient la doyenne de la faculté des sciences, puis pro-vice-chancelière « teaching and research ». « On se souvient d’elle pour avoir eu un parcours sans problème », confie cette même source. Mais cette ascension ne fait, bien évidemment, pas que des heureux car ils étaient beaucoup à voir d’un mauvais œil « la montée en puissance » d’Ameenah Gurib-Fakim . « Beaucoup d’universitaires ont attendu longtemps pour une promotion tandis qu’en ce qui la concerne, il lui a fallu attendre moins d’années », fait ressortir cet intervenant.
D’autres universitaires ne sont toutefois pas autant unanimes. Un ancien chargé de cours se souvient du mandat d’Ameenah Gurib-Fakim comme pro-vice-chancelière, le qualifiant de tumultueux, le clash des personnalités ayant été devenu monnaie courante à la tête du campus. Cette même source se rappelle de la période 2005-2006 lorsque des efforts avaient été entrepris par le bureau du pro-vice-chancelier pour augmenter le nombre d’étudiants. « Mais cela avait été mal planifié car l’université ne disposait pas d’infrastructures adéquates pour accueillir autant d’étudiants », se souvient cet ancien chargé de cours. Une situation qui avait provoqué l’exaspération et ainsi accentué les tensions à la tête de l’UoM.
La plainte qu’elle avait déposée auprès de l’Equal Opportunities Commission (EOC), en 2014, illustre aussi bien la force de combat d’Ameenah Gurib-Fakim. Mécontente de n’avoir pas été choisie pour assumer le poste de vice-chancelière au profit de Romeela Mohee, elle dira que c’est en raison de son appartenance ethnique qu’elle a été recalée. Brian Glover, ancien président de l’EOC qui avait procédé aux auditions d’Ameenah Gurib-Fakim, note qu’il s’agit d’une femme « extrêmement intelligente avec une détermination à toute épreuve. Néanmoins, elle peut être quelquefois stratège. Mais c’est mal connaître madame Fakim, si l’on croit qu’elle va se laisser faire aussi facilement car elle a montré une détermination à toute épreuve ».
Le verdict de l’EOC ne donnera cependant pas gain de cause à Ameenah Gurib-Fakim, mais reconnaît certains manquements dans la manière dont l’exercice d’entretiens pour le poste de VC avait été mené. Contacté par Le Défi Quotidien, un membre du panel des entretiens a déclaré qu’Ameenah Gurib-Fakim s’était disqualifiée pour le poste de VC en raison de son attitude jugée « suffisante ». Ce paneliste a aussi expliqué que le passé d’Ameenah Gurib-Fakim comme Pro-VC avait aussi joué contre elle. « Elle n’incarnait pas la stabilité dont avait besoin l’UoM. »
La personne idéale
Cette polémique terminée, le nom d’Ameenah Gurib-Fakim revient à l’avant-plan à la campagne électorale de 2014. Après avoir décliné dans le passé les offres du Mouvement militant mauricien (MMM) pour être candidate, ou pour assumer le poste de chairman de la Central Water Authority (CWA) par le Parti travailliste (Ptr), Ameenah Gurib-Fakim est officiellement associée à l’Alliance Lepep, qui l’annonce comme présidente de la République. Les explications autour de cette candidature sont partagées. Certains proches du gouvernement affirment qu’elle devait initialement figurer sur la liste des candidats de l’Alliance Lepep. Mais un dirigeant influent de l’alliance propose qu’elle soit nommée ailleurs et c’est à ce moment précis qu’elle entre dans la course pour la présidence. « On voulait alors marquer des points auprès de l’électorat et Ameenah Gurib-Fakim semblait être la personne idéale, d’autant qu’elle bénéficiait d’un rayonnement national et international grâce à son parcours professionnel », observe un proche collaborateur du gouvernement.
Contestée par certains, adulée par d’autres, Ameenah Gurib-Fakim n’a visiblement jamais connu la facilité. Et c’est cette fois un autre parcours du combattant qui l’attend avec la menace de destitution qui pèse sur elle. Mais la présidente n’a pas dit son dernier mot.
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