Ils ont décidé de se lancer dans la production de produits peu connus à Maurice, mais au potentiel énorme. Une audace qui porte ses fruits. Rencontre avec ces entrepreneurs qui ont su oser.
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…du noni
C’est un fruit qui pousse à l’état sauvage à Maurice. Jadis, les grand-mères utilisaient ses feuilles pour faire du cataplasme ou encore des infusions afin de soulager les douleurs. Mais, ce sont loin d’être les seules vertus du noni – plus connu localement comme le « fruit tortue ». C’est d’ailleurs pour ses propriétés médicinales que Bharat Ramruttun, un habitant de Montagne-Longue âgé de 45 ans, a décidé d’exploiter ce fruit.
Nous sommes alors en 2008. Nonico Ltd, la première usine de fabrication de jus de noni, qui emploie actuellement 20 personnes, dont 10 saisonniers, voit le jour. Les débuts de Bharat Ramruttun dans cette aventure ne sont pas faciles. « Nous étions confrontés à un manque de matières premières. Certes, c’est une plante qui pousse à l’état naturel, mais, à l’époque, il n’y avait pas de verger de noni. Ce qui nous a poussés, par la suite, à en créer plusieurs dans différentes régions afin de devenir autosuffisants », relate Bharat Ramruttun.
Vendu en grandes surfaces
Il faut savoir qu’une fois planté, le noni ne rapporte des fruits que pendant trois à quatre ans. Une fois récolté, ces fruits sont « processed » pour en faire du jus. Toutefois, il faut attendre la période de fermentation qui dure huit à neuf mois avant que le jus puisse être commercialisé. Des efforts qui se révèlent payants, car aujourd’hui, le Nonico Juice se vend en pharmacie, dans les grandes surfaces et dans leur factory shop à Terre-Rouge à Rs 245 (logement de 250 ml), Rs 445 (500 ml) et Rs 790 (1 000 ml). Précisons que le jus de noni doit être pris deux fois par jour (5 à 10 ml par prise, soit l’équivalent deux cuillères à bouche). « C’est un complément alimentaire naturel qui aide à réguler le taux de sucre dans le sang. C’est idéal pour les diabétiques. Parallèlement, il renforce le système immunitaire de celui qui en consomme régulièrement. Autre bienfait : le noni aide aussi à ralentir la progression du cancer chez les personnes qui en souffrent, car c’est un puissant anti-douleur », explique notre interlocuteur.
Bharat Ramruttun fait, toutefois, ressortir que les Mauriciens sont peu nombreux à connaître le noni et ses bienfaits. « D’ailleurs, notre production actuelle est en dessous de notre capacité réelle », avance-t-il. C’est pourquoi il a la ferme intention d’augmenter sa distribution à Maurice, mais aussi d’exporter ses produits (Ndlr : il vend déjà ses produits à Madagascar et dans une moindre mesure en Angleterre). Bharat Ramruttun a aussi pour projet d’écouler à Maurice, d’ici à la fin de cette année, des dérivés du noni, soit sous forme de capsules ou de jus aromatisé. Autre projet : ouvrir un verger organique de noni d’ici à la fin de 2017.
…de la roselle
Pour certains Mauriciens, la roselle n’évoque absolument rien. Pourtant, cet hibiscus a de multiples bienfaits. C’est d’ailleurs pour cette raison que Jayshree Ramjeeawon, une habitante de Triolet, a décidé d’en planter chez elle il y a deux ans.
Ce n’est, toutefois, qu’à partir de cette année, que la décision de commercialiser de la roselle sous forme d’achards, de marmelade et de jus a été prise. « J’ai augmenté ma production à cet effet et ma famille m’aide pour le process du produit », explique notre interlocutrice. Pour écouler ses produits, Jayshree Ramjeeawon mise sur Facebook ou encore sur Web (zasarmoris.com) où elle donne même la possibilité à ses clients d’acheter ses produits en ligne. À savoir qu’un pot d’achards ou de marmelade de roselle se vend à Rs 75 l’unité. « Je propose aussi des achards à base de fruits, mais la roselle reste mon produit phare », explique la femme entrepreneur.
Actuellement, Jayshree Ramjeeawon écoule environ 100 pots de roselle par récolte (Ndlr : la récolte se fait tous les cinq mois). Prochaine étape : doubler la production dans un proche avenir et exporter à plus long terme. « Il y a une forte demande pour ce produit de la part des Mauriciens qui connaissent la roselle. Mais elle reste, toutefois, inconnue d'une large partie de la population », fait-elle ressortir. Toutefois, poursuit-t-elle, la roselle ne manque pas de vertus car elle contient beaucoup de vitamines et d’oxydants. « C’est conseillé pour les gens qui souffrent d’hypertension », souligne Jayshree Ramjeeawon. Elle est convaincue que les produits à base de roselle attireront de plus en plus de consommateurs d’ici les prochaines années.
….de la stévia
Anooradha Pooran, directeur de Secret Grand-Mère, une compagnie spécialisée dans la fabrication des tisanes bio, a l’innovation dans la peau. Depuis 2012, elle propose des produits à base de stévia. Pour ceux qui ne connaissent pas, la stévia est 30 fois plus sucrée que le sucre, mais elle n’apporte, toutefois, aucune calorie. À titre d’exemple, il ne faut qu’un huitième de cuillère de stévia pour sucrer le thé. C’est pourquoi elle est utilisée comme édulcorant et produit alternatif au sucre dans pas mal de pays.
« J’ai connu cette plante au Rajasthan où je faisais mes études de naturopathie et d’herbalisme. Comme Maurice est connue pour son nombre élevé de diabétiques, j’ai décidé de proposer des produits à base de stévia », dit-elle.
Anooradha Pooran propose la stévia sous plusieurs formes : mélangée à des tisanes, idéale pour se relaxer et se déstresser ; séchée, vendue en sachet comme alternative au sucre et, finalement, en poudre. « Toutefois, la stévia en poudre n’est pas produite à Maurice, mais en Inde. Nous faisons cultiver de la stévia sur un terrain de trois hectares au Rajasthan. Par contre, les feuilles séchées et le mélange de la stévia avec du thé se font à Maurice », précise la femme entrepreneur.
Ces produits sont écoulés sur le marché local (grandes surfaces et boutiques hors-taxes), mais sont également exportés en France, à La Réunion et aux Seychelles. À savoir que plus de 1 000 sachets de stévia sont vendus par mois à Maurice.
S’agissant des prix, il faut compter Rs 100 à monter pour une plante de stévia, Rs 68 pour un sachet de feuilles séchées de 10 grammes et Rs 25 le gramme de stévia en poudre.
« Il faut encourager les planteurs de canne à sucre à se tourner vers la stévia d’autant plus que le sucre a de moins en moins de valeur sur le marché mondial. Nous sommes disposés à acheter les feuilles de stévia avec les planteurs », souligne Anooradha Pooran. Elle envisage de faire du thé glacé à base de stévia.
La stévia est une plante qui aime les régions sèches et qui requiert une technique de plantation. Les récoltes peuvent se faire au bout de six mois.
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