Un sondage d’Empretec Mauritius mené dans le cadre de la publication du plan directeur pour les PME identifie onze raisons susceptibles d’encourager les porteurs de projets à se lancer dans l’entrepreneuriat. Nous avons sondé plusieurs d’entre eux.
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Une idée lumineuse : un motif pour 54% des PME
Il suffit parfois d’une idée pour changer sa vie. Sharanaz Subratty, 43 ans, en sait quelque chose. Comme elle, 54 % des PME sondées disent avoir monté leurs affaires parce qu’elles étaient confiantes d’avoir la bonne idée. Sharanaz Subratty, qui est à la tête de Casting World (Ndlr : la compagnie a vu officiellement le jour l’an dernier), a puisé son inspiration dans son enfance.
« Enfant, je passais beaucoup de temps à la plage. On partait souvent dans le campement de ma grand-mère et j’aimais aller pêcher avec mon père. J’ai donc toujours aimé la mer, la plage, les coquillages…», relate-t-elle. Ce n’est donc pas sans surprise qu’elle décide de se lancer dans la confection de coraux artisanaux. Qu’on ne s’y trompe pas ! Sharanaz Subratty ne fait pas de l’artisanat avec des coraux puisés de la mer ou ramassés sur les plages. Au fait, elle fabrique ses propres coraux à partir de la résine et ils ressemblent comme deux gouttes d’eau à de vrais coraux. « Je fais du faux qui ressemble à du vrai », ajoute-t-elle avec une touche d’humour.
Mais derrière sa bonne humeur contagieuse, cette mère de trois enfants, qui sont âgés entre 6 et 23 ans, est une véritable écolo et patriote. « En faisant des coraux artificiels, j’aide à protéger l’environnement tout en promouvant le secteur touristique mauricien », explique l’entrepreneur qui travaillait auparavant dans le domaine du marketing. Sharanaz Subratty propose aussi des souvenirs, des cadres, des abat-jour, mais pas que cela. Elle confectionne, de plus, des aquariums personnalisés, des cadeaux d’entreprise, des décors pour les hôtels (Ndlr : un de ses derniers projets a été la rénovation des chambres, du spa, des enseignes de l’hôtel Seaview Calodyne Lifestyle Resort). La quadragénaire a aussi créé un objet d’art inspiré de la vue que donne la mer à l’hôtel Belle Mare Plage. Cette pièce unique dans la région mesure 3m50 de large et 6 mètres de haut. Elle nourrit le projet de vendre ses produits au Mauritius Duty Free Paradise.
Devenir son propre patron : un motif pour 75% des PME
75 % des entrepreneurs sondés dans le cadre du sondage d’Empretec Mauritius disent avoir monté leurs affaires parce qu’ils voulaient être indépendants ou devenir leur propre patron.
C’est notamment le cas de Jimmy Li Ting Foong, 50 ans, directeur de Coco Snack, qui s’est mis à son compte après avoir travaillé pendant 14 ans dans un supermarché. « Mon salaire n’était pas satisfaisant et mes efforts n’étaient pas reconnus. Cela ne valait pas la peine de continuer », explique-t-il. Et c’est ainsi que Jimmy Li Ting Foong prend la décision de devenir son propre patron. C’était il y a vingt ans.
« Le choix de se tourner vers la restauration s’imposait de lui-même car j’aime bien cuisiner. De plus, mon père est dans ce domaine », souligne-t-il. Coco Snack, compagnie spécialisée dans la confection de boulettes qui sont, par la suite, écoulées dans les grandes surfaces, est officiellement née. Au départ, Jimmy Li Ting Foong s’est constitué sa clientèle par le bouche-à-oreille. Aujourd’hui, Coco Snack, qui emploie une dizaine de salariés, est reconnu sur le marché pour ses produits. Mais Jimmy Li Ting Foong ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Son objectif : agrandir son usine d’ici à l’année prochaine. Ce qui lui permettra d’augmenter sa production.
Prendre la relève de l’entreprise familiale : un motif pour 22% des PME
Chez les Malepa, la famille et les affaires sont liées. Et pour cause, cela fait 40 ans que Franc & Son Co Ltd – l’entreprise qu’ils ont créée – existe. Sa gestion est transmise de génération en génération. En effet, depuis trois ans, Catherine Malepa, 23 ans, a pris les rênes de Franc & Son. Elle succède ainsi à son père Steeve (Ndlr: ce dernier s’occupe toujours de la coupe des produits alors que Lorna, la mère de Catherine, fait le montage) qui, lui-même, avait repris le flambeau de son père, Gervais. « Je connais toutes les ficelles du métier. Au fait, je mettais la main à la pâte depuis que j’ai neuf ans. Aujourd’hui, je fais surtout le marketing de nos produits », explique Catherine Malepa.
La compagnie est spécialisée dans la confection de ceintures normales et médicales, de sandales (pour homme et femme), des colliers pour chiens, des porte-clés pour entreprises et hôtels, etc. Tous ces produits, à base de cuir, sont fabriqués à la main. Les Malepa travaillent notamment sur commande, mais exposent également leurs produits dans les foires. « Depuis peu, je propose des bijoux alliage fantaisie et cuir. Ce qui permet d’ajouter une touche féminine au cuir qui est connu comme une matière assez rustique », soutient-elle.
Quels sont les projets de Catherine Malepa ? À cela , elle répond : « Je veux rendre au cuir ses lettres de noblesse. Le cuir que nous utilisons est fabriqué à Maurice et est une matière très durable. On a des clients qui sont venus acheter la même ceinture qu’ils avaient achetée il y a 15 ans et qu’ils utilisent encore », explique la jeune femme. Elle ambitionne d’étendre sa clientèle sur le marché local et d’écouler ses produits à l’étranger. À noter que 22 % des PME interrogées dans le cadre du sondage ont repris les rênes de l’entreprise familiale.
Sortir du chômage ou remonter la pente après une perte d’emploi : un motif pour 35 % des PME
35 % des responsables de PME sondés sont devenus des entrepreneurs parce qu’ils avaient perdu leur emploi ou étaient au chômage. Ketty Meunier fait partie de cette catégorie. Cette femme entrepreneur, âgée de 69 ans (Ndlr : elle est toujours en activité), était au chômage quand elle a décidé de se mettre à son propre compte. « J’étais auparavant secrétaire dans une entreprise privée. Toutefois, j’ai dû quitter mon emploi car j’avais quatre enfants en bas âge, deux filles et deux garçons. Ce n’était pas évident de conjuguer vie familiale et vie professionnelle», se souvient Ketty Meunier.
À mesure que ses enfants grandissent, la jeune femme, âgée alors d’une trentaine d’années, veut retrouver le monde du travail et sortir de son état de « chômage forcé ». « J’ai décidé de me lancer dans la couture. Pendant plusieurs années, j’ai confectionné des chemises de nuit et des pyjamas tout en suivant parallèlement des cours à la SMEDA pour faire de la poterie ou confectionner des bijoux », relate-t-elle. Ketty Meunier développe peu à peu son intérêt pour la bijouterie.
« Je me suis consacrée uniquement à la bijouterie par la suite », explique Ketty Meunier qui travaille sur les commandes passées par des particuliers et des hôtels. Elle propose notamment des bracelets, des colliers, des boucles d’oreilles et des bagues. Une activité qui lui porte chance. Elle a, en effet, obtenu le premier prix d’un concours organisé par Enterprise Mauritius (dans la catégorie bijouterie) il y a quelques années.
« J’avais fabriqué un bijou 100 % mauricien avec des petites billes et des roches basaltiques », se souvient-elle. Aujourd’hui encore, Ketty Meunier a de l’énergie à en revendre. Elle vient d’ailleurs de lancer une nouvelle collection de bijoux en rocaille au style africain.
Saisir l’opportunité du marché : un motif pour 29% des PME
29 % des PME ont été mises sur les rails pour saisir les opportunités qu’offre le marché. C’est notamment le cas de Raj Appadu, 60 ans. En 2010, ce fonctionnaire décide de prendre sa retraite après trente-trois ans de service.
« J’ai alors décidé, avec mon épouse, d’investir mon ‘lump sum’ en ouvrant une quincaillerie. D’une part, la situation économique était propice à l’époque et il y avait une demande et une clientèle pour ce type de commerce. De l’autre, mes grands-parents étaient dans le domaine », explique-t-il. Une opportunité que Raj Appadu ne regrette pas.
« Certes, il y a eu des hauts et des bas, mais j’ai fait des progrès sur plusieurs plans : financier, familial et personnel. Si je n’avais pas pris cette décision, je serais encore aujourd’hui dans la fonction publique », fait-il ressortir.
Il faut dire que dès l’ouverture de la quincaillerie, la clientèle et le succès étaient au rendez-vous. Toutefois, avec la situation économique actuelle, les affaires ne sont pas aussi bonnes qu’auparavant.
« Nos ventes ont chuté de 65 %. Les commerces dans l’ensemble sont en train de souffrir. Nous espérons que le nouveau Budget proposera des solutions pour relancer les activités des PME », ajoute Raj Appadu.
Inspiré par ses proches : un motif pour 26% des PME
26 % des entrepreneurs disent s’être lancés car ils ont été inspirés par des proches qui sont eux-mêmes dans le commerce ou dans le business. C’est la raison même qui fait qu’aujourd’hui Ajay Beedasee, 49 ans, est à la tête de GNP Wear. Son parcours remonte au début des années ‘80. Après avoir quitté le milieu scolaire, Ajay Beedasee intègre une usine de diamants. « À l’époque, le pays était à genoux et il y avait pas mal de chômeurs. J’ai pu, toutefois, trouver un emploi dans cette usine », relate-t-il. Il n’y restera que très peu de temps et finira, par la suite, par se joindre à une usine de textile appartenant à un de ses cousins, un des pionniers du textile de Maurice. « J’ai travaillé là-bas pendant 13 ans. Ce qui m’a permis d’apprendre tous les rouages du métier », fait-il ressortir.
Vers la fin des années 90, Ajay Beedasee décide de voler de ses propres ailes. La première entreprise qu’il crée est un flop. Idem pour la deuxième entreprise qu’il va fonder en partenariat. Mais la troisième expérience sera la bonne après que GNP Wear voit le jour en 1998.
« Ce n’était, toutefois, pas facile de monter l’entreprise. On a dû vendre un terrain familial pour avoir du financement et j’ai dû tout recommencer de zéro », relate-t-il. Mais, depuis, l’entreprise, spécialisée dans la confection des pantalons denim et chino, a fait du chemin. Elle emploie à ce jour 65 personnes et approvisionne non seulement le marché mauricien, mais exporte également ses produits à La Réunion, à Mayotte, aux Seychelles, en Afrique du Sud et en Europe. « Sans le savoir-faire que j’ai acquis au sein de l’entreprise de mon cousin, je n’en serais pas là aujourd’hui », reconnaît Ajay Beedasee. Toutefois, il a apporté sa propre touche à son entreprise. « J’ai fait des recherches et innové pour faire avancer mon entreprise », confie-t-il. Et qu’en est-il de la situation aujourd’hui? « Elle est difficile au vu du contexte économique actuel », lâche-t-il. Mais Ajay Beedasee n’a pas dit son dernier mot.
Ces autres raisons
Avoir un emploi dans le même domaine : 21 %
Faire un business en parallèle pour avoir des revenus additionnels : 18 %
Inspirer par des modèles : 16 %
Autres raisons : 11 %
Pour laisser un héritage à ses proches : 5 %
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