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Covid-19 : les pompes funèbres sur la brèche

Onze décès en seul jour comme c’était le cas jeudi dernier rendent les choses plus compliquées
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Le nombre de décès liés à la Covid-19 est en hausse exponentielle. Ces deux dernières semaines, 90 cas ont été répertoriés. Ainsi, les pompes funèbres sont débordées. Les funérailles se tiennent dans un contexte inédit, car elles doivent se plier aux exigences des autorités par rapport aux protocoles sanitaires. 

Si le pic est attendu en ce mois de novembre, le nombre de cas positifs et de décès prend déjà l’ascenseur. Les cortèges funèbres se succèdent dramatiquement jour après jour. Face à la vague de Covid-19 qui s’abat sur Maurice, les services de pompes funèbres sont très sollicités. 
Frédéric Degeilh, CEO d’Elie and Sons, concède qu’il y a une hausse du nombre de décès liés directement ou indirectement à la Covid-19. « La moyenne de décès est en hausse. Si on avait trois cas par jour, les choses sont révolues. On a désormais plus de cinq au quotidien. Jeudi dernier a été le jour-record, avec 11 funérailles à organiser », explique notre interlocuteur. 

Recrutements 

Il souligne que face à cette situation, la compagnie est débordée, car il y a aussi des employés qui doivent s’auto-isoler, étant positifs ou ayant été en contact avec des personnes positives. « Ces deux paramètres exercent une pression sur nos opérations. C’est pourquoi on est en train de recruter. On cherche au moins une vingtaine de personnes pour pallier cette hausse et atténuer le ‘workload’ qui augmente », précise Frédéric Degeilh, qui annonce, de plus, que sept autres véhicules ont été commandés, dont deux seront utilisés pour renforcer la flotte de quatre véhicules dédiés aux cas de Covid-19.

Frédéric Degeilh, CEO d’Elie and Sons.
Frédéric Degeilh, CEO d’Elie and Sons.

Le CEO d’Elie and Sons indique qu’afin de minimiser les risques, il y a une équipe spéciale qui se charge des cas de Covid-19. « Dès qu’on voit Covid-19, direct ou indirect, pour nous, il s’agit de la Covid-19. Il y a un ‘channel’ spécial. Notre équipe, qui dispose de toutes les protections sanitaires, va chercher les personnes décédées à l’hôpital. On les emmène à la morgue pour le bain et l’habillement, ou sinon on va directement au crématoire ou au cimetière », souligne notre interlocuteur. 

Il avoue que c’est lorsqu’on donne le bain à la personne décédée et qu’on l’habille que le risque de contamination est élevé. « Il y a du gaz qui sort et c’est très contagieux. Si on embaumait les personnes comme en Australie, il n’y aurait pas de risques », avance-t-il. Cependant, il dit que les familles ne peuvent se recueillir auprès de la personne décédée dans la chapelle ardente, car au niveau d’Elie and Sons, on sait que le virus se transmet plus facilement dans des endroits avec peu d’aération. Toutefois, les familles peuvent le faire au cimetière ou au crématorium. 

Julien Rajaram, responsable des opérations chez Valère Undertaker.
Julien Rajaram, responsable des opérations chez Valère Undertaker.

Julien Rajaram, responsable des opérations chez Valère Undertaker, affirme être de garde 24 heures sur 24. « Il n’y a pas d’heure pour des appels nous informant d’un décès dû à la Covid-19. On n’a pas de répit. On doit effectuer environ 15 funérailles par jour. Parmi, la moitié sont des cas de Covid-19. On a renforci l’équipe pour la fabrication de cercueils qui disposent d’un hublot où les familles peuvent voir leur proche décédé pour une dernière fois. On recrute aussi des helpers et des chauffeurs, car la situation est vraiment délicate », soutient Julien Rajaram. 

Il précise que toutes les précautions sont prises et le personnel est formé pour gérer les funérailles des personnes décédées de la Covid-19. « Avec la chaleur, ce n’est pas évident d’être toujours en PPE de la tête aux pieds. Mais on sait qu’on ne peut prendre des risques. On est là pour épauler les familles dans ces moments difficiles et leur donner le maximum de services », poursuit le responsable des opérations chez Elie and Sons. 

Il avoue que l’équipe essaye d’arriver au cimetière ou au crématoire an avance pour que les proches puissent passer un dernier moment avec les défunts. « Auparavant, les familles ne pouvaient pas dire adieu aux proches emportés par le virus. Aujourd’hui, les personnes sont disposées dans un cercueil hermétique. Toujours est-il que cela reste un moment très délicat et pas facile à vivre », compatit Julien Rajaram. 

Janik Rousseau, Funeralium Manager chez Moura, avance que la situation est « terrible ». « Ce n’est pas évident. Le nombre a augmenté. On a une moyenne de sept à huit cas de Covid-19 par jour. Côté logistique, il faut une bonne planification avec les cas qui augmentent. On a deux véhicules dédiés aux cas de Covid-19. On a aussi d’autres funérailles (‘non covid-19’) à gérer. On est vraiment débordés à organiser une quinzaine, voire une vingtaine de funérailles au quotidien. Nous sommes fiers de nos employés qui sont formés et qui donnent tout pour gérer les cas de Covid-19, de l’hôpital au cimetière, en prenant toutes les précautions nécessaires », explique notre interlocutrice. 

Janik Rousseau, Funeralium Manager chez Moura.
Janik Rousseau, Funeralium Manager chez Moura.

Elle souligne que chez Moura, on dispose de quatre chapelles ardentes. L’une d’elles a été mise à la disposition des familles endeuillées. « Les proches ont 30 minutes pour dire adieu à la personne décédée. On ne peut pas accorder plus de temps, car il y a encore d’autres cas de Covid-19 où des proches souhaitent se recueillir », souligne Janik Rousseau. Elle précise aussi que les funérailles ou encore les crémations ont lieu même jusqu’à 17 heures. 

Shakeel Anarath, directeur du service funèbre d’Al Ihsaan, affirme aussi que le centre est débordé avec les funérailles (Covid-19 ou non). « Le nombre de décès a doublé, comparé à l’année dernière. On a enregistré 107 morts liés à la Covid-19 de septembre à ce jour. On a entre trois à six cas par jour », déclare notre interlocuteur. 

Shakeel Anarath, directeur du service funèbre d’Al Ihsaan.
Shakeel Anarath, directeur du service funèbre d’Al Ihsaan.

Il met l’accent sur l’équipe d’Al Ihsaan, qui est formée pour la gestion des cas de Covid-19. « Cela requiert une préparation. Nous allons chercher les personnes décédées à l’hôpital ou à la maison, tout en s’assurant de la sécurité sanitaire. On donne le bain et met la personne dans un sac. La famille peut regarder à travers. Puis, on met le sac dans une caisse en bois, on procède à la désinfection et on va enterrer la personne », soutient Shakeel Anarath. 

Jusqu’ici, le nombre-record a été de sept funérailles liées à la Covid-19 en un jour. Shakeel Anarath dit que le travail ne s’arrête pas aux enterrements. Il faut par la suite tout désinfecter.

 

 

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