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Congés de maternité : aspirations de femmes

Actuellement à Maurice, le congé de maternité est de 14 semaines, et 5 jours pour les papas. Si cette durée convient à certains parents, d’autres plaident pour une extension. Ils expliquent leur position. 

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Au risque de surprendre Nazneen, entrepreneuse dans le secteur médical, confie qu’elle avait hâte de retrouver sa « féminité » seulement deux mois après avoir accouché de son deuxième enfant. « Je voulais rapidement reprendre mon travail, retrouver ma vie professionnelle, m’habiller et me faire belle, sortir et ne pas me contenter d’assumer mon rôle de mère, allaiter le bébé et changer ses couches matin, midi et soir », dit-elle. Étant une femme très active, elle voulait absolument reprendre sa place dans la société, faire des choses constructives. 

Cependant, l’expérience de la maternité a été différente lors de la naissance de son premier enfant, il y a 16 ans. Pas très bien préparée pour l’expérience qu’elle allait vivre, c’est pratiquement quatre mois de congé de maternité qu’elle s’était accordée. « Je tenais absolument à maintenir l’allaitement maternel. Comme je n’avais pas beaucoup de moyens à l’époque, c’était la solution la plus économique », raconte-t-elle. Ne disposant pas de moyen de locomotion non plus, c’était aussi compliqué pour elle de sortir pour aller déposer son enfant chez des proches. Elle a ainsi fait son apprentissage de son rôle de maman avant de reprendre le travail. 

« Pour la naissance de mon fils, j’étais mieux préparée et mieux organisée. Avec ma situation financière qui s’était améliorée, il était plus facile de faire les choses », explique-t-elle. Nazneen considère ainsi que 12 mois de congé de maternité, proposition faite par l’alliance PTr/MMM/Nouveaux Démocrates lors du meeting du 1er mai à Port-Louis, n’auraient pas été bons pour elle. « On n’est pas comme en Suède, par exemple. À Maurice, il y a plus de proximité. C’est plus facile d’avoir un membre de la famille ou une baby-sitter pour s’occuper des enfants », dit-elle. 

En tant qu’entrepreneuse, elle souligne que ce serait impossible d’accorder un an de congé de maternité à une employée. « Ce serait la catastrophe de payer une personne qui ne travaille pas. Et avec le secteur médical qui est en constante évolution, il faudrait alors former à nouveau la personne », commente-t-elle.

Plus de trois mois

Une autre mère, une autre situation. « J’ai pris plus de trois mois de congé de maternité parce que mes deux filles étaient prématurées. J’ai prolongé mes congés jusqu’à ce qu’elles aient six mois. Prendre moins était inenvisageable », affirme Valérie. 

Enseignante dans le primaire, elle ajoute qu’il lui fallait ce temps additionnel pour s’assurer que le bébé soit en bonne santé et qu’il ait atteint un certain poids et un bon stade de développement avant de retourner au travail. « Cela m’a permis de tisser un lien fort avec mes bébés. Cela m’a aussi offert la possibilité de planifier ma nouvelle vie de famille afin de me préparer pour reprendre le travail par la suite », souligne la trentenaire.

L’accouchement et la naissance de sa première fille, Julia, ont été l’un des plus grands moments de sa vie, et surtout synonymes de grande transformation. « Il me fallait du temps pour m’adapter à cette nouvelle réalité et pour apprendre le rôle de maman », explique Valérie. Elle confie qu’elle avait aussi besoin de soutien, notamment celui de son époux Habib et de sa famille. D’autant qu’il lui fallait également prendre soin d’elle-même, de sa santé et de son bien-être. « Avec l’accouchement de ma première fille, je faisais face à l’inconnu. C’était un moment stressant et épuisant. »

La naissance de sa benjamine, Leyna, a eu lieu à la maison car elle n’a pas eu le temps d’aller à l’hôpital. Leyna a nécessité plus de soins et d’attention, dit Valérie. « Après consultation, et les conseils obtenus sur la prise de congé de maternité, j’ai opté pour ce qui était le mieux dans ma situation et pour mes filles. »

Comment s’est passée la reprise du travail ? Valérie parle d’un moment « compliqué ». Elle reconnaît toutefois qu’étendre son congé de maternité l’a aidée à se sentir plus confiante au moment de reprendre le chemin du travail, tout en s’assurant de préparer ses bébés à son absence. Pour elle et son époux Habib, c’est l’ajustement au nouveau rôle parental qui a été plus complexe.

Ainsi, Valérie trouve intéressante la proposition d’étendre le congé de maternité à 12 mois, comme suggéré par l’alliance de l’opposition. Le temps qu’elle s’est accordé après ses deux accouchements lui a été bénéfique, car elle a pu se reposer et se ressourcer. « J’ai pu atténuer mon stress et les pressions qui m’ont accompagnée pour la reprise du travail. » Ce temps lui a également donné l’opportunité de bénéficier de nouveaux arrangements de travail avec un emploi du temps flexible et réadapté pour lui permettre d’avoir ses « Time Off » pour l’allaitement maternel.

Congé pas suffisant

Razia, Health Records Clerk dans un service hospitalier, est d’avis que trois mois de congé de maternité ne sont guère suffisants. C’est pourquoi, pour la naissance de son premier enfant, elle a ajouté un mois de « vacation leave » afin de passer un peu plus de temps avec son enfant et surtout pour pouvoir l’allaiter. 

« Je considère que l’allaitement maternel exclusif est très bien. J’ai remarqué que grâce à cela, mes deux enfants n’ont pas eu de problèmes de santé majeurs au cours de leurs premiers mois », affirme-t-elle. 

Si obtenir son « vacation leave » après la naissance de son premier enfant n’a pas posé de difficultés, pour la naissance du second, cela a été plus compliqué. « Lors de la naissance de mon premier enfant, il y avait suffisamment de personnel dans le département à l’établissement hospitalier où je travaillais. Mais à la naissance du second, j’étais postée dans un autre hôpital où se posait le problème de manque de personnel », explique-t-elle. C’est finalement pour des raisons médicales qu’elle a pu obtenir des congés supplémentaires.

De ce fait, elle se demande si les 12 mois de congé de maternité sont vraiment réalisables. « Toutes les mamans auraient aimé avoir plus de jours de congés pour passer plus de temps avec leur bébé après leur naissance. Mais dans les secteurs où il y a un manque aigu de personnel, cela risque de poser un problème », dit-elle avec lucidité. 

Et par rapport à l’expérience qu’elle a vécue, elle est d’avis que passer trop de temps avec son enfant risque aussi de poser des difficultés pour la reprise du travail. « Quand il a fallu reprendre le travail après presque sept mois, la ‘séparation’ a été difficile pour les deux enfants. Ils étaient très attachés et ils ont beaucoup pleuré car ils ne voulaient pas aller avec mes parents qui devaient les garder », dit Razia. Elle explique qu’après six mois, le lien maternel est très fort et l’enfant comprend un peu mieux les choses et est plus conscient de son environnement. 

La Health Records Clerk ajoute que cela a été un gros stress quand elle devait aller travailler le matin ou le soir, étant sur un système de rotation. « Au cours des premiers jours et semaines après la reprise du travail, mes parents ont eu beaucoup de difficultés pour assurer la garde des enfants qui refusaient même de manger parfois. » Ce n’est qu’après environ un mois que les choses se sont stabilisées et que la routine par rapport à son travail s’est installée, ajoute Razia. 

Ainsi, elle ne regrette pas d’avoir pris cette décision en dépit des petites difficultés qu’elle a rencontrées par la suite. Razia en est persuadée : trois mois de congé de maternité ne sont guère suffisants, tant pour la maman que pour le nourrisson.

Bénéfices

Pamela se remémore ses deux accouchements, survenus il y a plus de 20 ans, comme si c’était hier. Infirmière de profession, elle a opéré plusieurs choix à la suite de la naissance de ses filles, choix dont elle bénéficie encore aujourd’hui. 

« Pour ma première fille, j’ai été contrainte de réduire mon congé de maternité car je devais terminer mes sessions de formation », confie-t-elle. Cependant, pour son second enfant, elle a pris une semaine de congé maladie avant l’accouchement et un mois de « vacation leave » après, afin de pouvoir rester auprès de son bébé.

Elle souligne l’importance de ces semaines supplémentaires pour s’adonner à l’allaitement maternel exclusif. De plus, elle ne voulait pas confier ses enfants à une garderie durant leurs premières semaines. Ensuite, à la reprise de son travail, elle a choisi de ne pas faire d’heures supplémentaires pour maximiser le temps passé avec eux. « Je me suis contentée de mes heures habituelles. »

Les moments partagés avec ses enfants durant les premiers mois sont irremplaçables, insiste Pamela. « Ce sont des instants uniques, et c’est la raison pour laquelle j’ai opté pour rester à leurs côtés. » Aujourd’hui quinquagénaire, l’infirmière affirme que, bien entourée par ses proches, elle a néanmoins choisi de jouer pleinement son rôle de mère. « Mon choix de rester avec mes enfants était mû par la conviction et non par manque de soutien », précise-t-elle.

Pamela atteste que sa décision a été fructueuse, lui permettant d’allaiter sans contrainte. « Si j’avais repris le travail plus tôt, elles auraient été contraintes au biberon. Mon souhait était qu’elles bénéficient de l’allaitement maternel exclusif pendant quatre mois, puis à la demande les mois suivants. » Elle note qu’elle n’a jamais eu à préparer de biberon, optant pour le « cup feeding » une fois le travail repris.

Néanmoins, le retour au travail a été éprouvant au début, car ses filles ne voulaient pas la laisser partir. « C’était douloureux de les quitter alors qu’elles étaient déjà bien éveillées à sept mois. Mais c’est un passage commun à toutes les mères. »

Réagissant à la proposition de 12 mois de congé de maternité, elle exprime qu’elle aurait été ravie de bénéficier de cette durée. « Pendant un an, j’aurais pu prendre soin de mes enfants et observer leur croissance. Assister à leur éveil, tisser le lien mère-enfant. Ce sont des moments précieux qu’on ne vit qu’une fois », confie-t-elle.

Pamela se souvient qu’après avoir repris le travail, elle passait des appels fréquents à la maison pour s’informer sur ses enfants. Lorsqu’ils étaient malades, elle devait s’absenter davantage. « Comme je pratiquais l’allaitement, je souffrais souvent d’engorgements mammaires. C’était gênant et douloureux lors de mon retour au travail », ajoute-t-elle. Selon elle, disposer de 12 mois de congé maternité préviendrait ces désagréments pour les nouvelles mères. 

De plus, sur le plan psychologique, c’est moins pesant, surtout compte tenu de la longueur des quarts de travail des infirmiers, souligne-t-elle. Elle mentionne aussi que, économiquement, de tels congés seraient avantageux pour certaines familles, en évitant par exemple les frais de garderie ou l’achat de lait en cas d’arrêt de l’allaitement.

Ce que dit la loi

L’article 30 de l’Employment Rights Act 2008 de Maurice traite des bénéfices de maternité (maternity benefits) :

Congés de maternité : Les travailleuses enceintes ont droit à un congé de maternité de 12 semaines (avec l’option de 6 semaines avant l’accouchement). La durée a été portée à 14 semaines après un amendement à la loi. Cela signifie qu’elles peuvent prendre jusqu’à 14 semaines pour prendre soin de leur bébé après la naissance. Elles ont également la possibilité de choisir de prendre 6 semaines avant l’accouchement pour se préparer et se reposer.

De plus, l’Employment Rights Act 2008 garantit à l’employée le droit de retourner à son poste précédent ou à un poste équivalent à la fin de son congé de maternité. Cela garantit que l’employée ne subit aucune discrimination ou désavantage professionnel en raison de sa grossesse ou de son congé de maternité.

L’article 31 de l’Employment Rights Act 2008 établit les droits au congé de paternité pour les employés masculins. Ainsi, ceux-ci ont droit à un congé de paternité de 5 jours ouvrables. Ce droit est accordé aux employés masculins en emploi continu pour une période de moins de 12 mois. Auparavant, ce droit était limité aux employés masculins en emploi continu pendant au moins 12 mois.

Congé de maternité vs congé parental

Le congé de maternité et le congé parental sont deux types de congés accordés aux parents à la naissance ou à l’adoption d’un enfant, mais ils diffèrent principalement en termes de qui est éligible et de la période pendant laquelle le congé est pris.

Congé de maternité

Le congé de maternité est spécifiquement destiné aux mères biologiques ou aux mères adoptives juste après la naissance ou l’adoption d’un enfant. Ce congé est généralement accordé pour permettre aux mères de se remettre physiquement de l’accouchement et de s’adapter à leur nouveau rôle de parent.

Il est souvent rémunéré, bien que la durée et le taux de rémunération puissent varier dans le monde selon les politiques gouvernementales ou de l’entreprise. Le congé de maternité est souvent une période déterminée pendant laquelle la mère est autorisée à prendre un congé du travail, avec la garantie que son emploi sera maintenu pendant cette période.

Congé parental

Le congé parental, en revanche, est généralement un congé accordé aux deux parents, qu’ils soient biologiques ou adoptifs, pour prendre soin de leur enfant après la naissance ou l’adoption. Contrairement au congé de maternité qui se concentre principalement sur la mère, le congé parental reconnaît le rôle des deux parents dans les soins aux enfants.

Ce congé peut être pris par n’importe quel parent, souvent après la fin du congé de maternité, ou en même temps que le congé de maternité de la mère. La durée et les conditions de rémunération du congé parental peuvent varier d’un pays à l’autre, et parfois même au sein d’un même pays en fonction des politiques gouvernementales ou des politiques de l’entreprise. 

Top 10 des pays avec les plus longs congés de maternité*

Pays Congé de maternité (semaines)
Bulgarie 58,60
Grèce 43,00
Royaume-Uni 39,00
Slovénie 34,00
Croatie 30,00
République Tchèque 28,00
Nouvelle-Zélande 26,00
Irlande 26
Islande 26
Hongrie 24
Source : World Population Review
*Durée minimun
**Retrouvez un tableau interactif sur le lien suivant : https://worldpopulationreview.com/country-rankings/maternity-leave-by-country
 

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