C’est un petit bout de femme qui se donne à fond pour atteindre ses objectifs. À 42 ans, cette habitante de La Flora est une des rares femmes, si ce n’est la seule, conductrice de poids lourds du pays. Rencontre avec Premilla Doorbeejah, employée d’Omnicane.
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40 pieds de long. Plusieurs tonnes de charge. C’est le lot quotidien de Premilla Doorbeejah, quand elle emprunte les routes du pays. Mais pourtant rien ne la prédestinait à conduire des poids-lourds.
Et pour cause, elle exerçait pendant longtemps le métier de plombier : « Mon mari était déjà dans ce domaine. Pour l’aider, je suis partie suivre un cours au MITD. Une fois mon certificat en poche je suis rentrée de plain-pied dans le monde du travail. Et ce n’était pas toujours évident de travailler dans un milieu entièrement composé d’hommes. »
Cependant, ce métier ne suffira pas à faire bouillir la marmite familiale. « À un certain moment, mon mari et moi nous avons commencé à éprouver de sérieux problèmes financiers. Il fallait agir et, qui plus est, très rapidement. »
Job mieux rémunéré
Habitant à un jet de pierre de Britannia, où se trouve le siège d’Omnicane, Premilla décide de s’y présenter dans l’espoir d’obtenir un job qui serait mieux rémunéré. « Sur place, j’ai rencontré un des responsables. En regardant mes attestations, il est tombé sur ma licence de conducteur. Là, il m’a montré un camion de poids lourd et m’a demandé si je me voyais être au volant d’un pareil mastodonte de la route. J’étais surprise, je ne savais quoi répondre et j’ai fini par dire que je voulais bien essayer. »
Le maître-mot quand on conduit un poids-lourd c’est l’anticipation. Il faut toutprendre en considération.»
S’en est alors suivi plus d’un mois de formation. « J’ai eu une formation de 45 jours. C’était très intense. Il a fallu connaître la mécanique, mais surtout comment manœuvrer de gros engins pareils. Il a surtout fallu repasser le permis à plusieurs reprises avant qu’Omnicane me confie un camion. »
Et si depuis six ans, Premilla n’a jamais eu d’anicroche sur la route, c’est bien parce qu’elle est très vigilante au volant de son camion immatriculé 3182 ZW 06. « Le maître mot quand on conduit un poids lourd c’est l’anticipation. Il faut tout prendre en considération. Au cas contraire la moindre faute d’inattention peut avoir de lourdes conséquences. »
Le plus dur dans ce métier, c’est le manque de courtoisie des autres usagers de la route. « Il faut être mentalement fort quand on fait ce métier. Il faut surtout savoir garder son sang-froid, parce que les autres usagers de la route ne comprennent pas que les manœuvres d’un pareil camion nécessitent plus de temps avant d’être exécutées. Ces derniers ne font que klaxonner alors que les conducteurs de poids lourd ne sont pas comme eux au volant d’une voiture qui est beaucoup plus facile à manœuvrer. »
De plus, quand on est une femme à ce poste, les commentaires désobligeants ne tardent pas à fuser. « Au départ, j’en étais victime. Mes collègues masculins avaient d’ailleurs prédit que j’allais partir au bout de deux semaines. Si aujourd’hui tout s’est arrangé, c’est parce que je n’ai jamais laissé ces critiques m’atteindre. Je suis venue ici pour travailler et du moment que j’ai le sentiment de bien faire mon travail, je ne me soucie guère de ces commentaires. »
Soutien des proches
Il faut aussi dire que Premilla a pu compter sur le soutien de ses proches. « Mon mari et ma fille m’ont toujours soutenu. Même ma mère m’a toujours encouragé à aller de l’avant dans ce métier. »
Cependant, la conductrice, déplore qu’il n’y ait pas plus de femmes qui embrassent la profession. « Je suis sûre qu’il y a des femmes qui veulent être au volant d’un poids lourd. Mais le souci c’est qu’on ne leur fait pas assez confiance. Si c’était le cas, la profession compterait plus de femmes. Mais de l’autre côté, les Mauriciennes doivent aussi se battre pour réaliser leurs rêves et ne pas se décourager dès que surviennent les premiers problèmes. Il faut aussi une certaine force de caractère quand on souhaite évoluer dans un métier traditionnellement effectué par les hommes », fait ressortir Premilla Doorbeejah.
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