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Commission d’enquête sur la drogue - Me Tisha Shamloll : «J’ai exécuté les ordres de Raouf Gulbul»

Des instructions, des paiements, des révélations et des déplacements à l’étranger. Me Tisha Shamloll a fait le grand déballage devant la Commission Paul Lam Shang Leen mercredi 5 juillet. L’avocate  a affirmé avoir travaillé comme « Junior » pour Me Raouf Gulbul. Elle a aussi évoqué les liens entre Sada Curpen et l’homme de loi.

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La jeune avocate, qui a prêté serment en 2013, a été questionnée en premier lieu sur les multiples appels téléphoniques qu’elle a échangés avec des prisonniers. Paul Lam Shang Leen, président de la Commission d’enquête sur la drogue, a voulu connaître les liens entre les prisonniers et elle.

Paul Lam Shang Leen : Nos données révèlent que vous avez appelé des prisonniers ?

Tisha Shamloll : Je ne veux pas nier. Je vous donnerai les raisons de ces appels.

PLSL : Savez-vous comment nous avons obtenu votre numéro ? C’est à la suite des saisies des  portables et des cartes SIM dans les prisons que nous avons retracé votre numéro. Connaissez-vous Siddick Islam ?

T.S. : Oui, Votre Honneur.

PLSL : Gérard Prosper ?

T.S. : Oui, Votre Honneur.

PLSL : Jean Jimmy Alexis ?

T.S. : Je ne lui ai jamais parlé.

PLSL : Peroomal Veeren ?

T.S. : En effet, Votre Honneur.

PLSL : Savez-vous que c’était une offense ?

T.S. : Mes seniors m’ont expliqué par la suite.

PLSL : Pourquoi avez-vous parlé au prisonnier Siddick Islam pendant 60 minutes ?

T.S. : Je vous donnerai les détails à huis clos.

PLSL : Qui était l’avocat de Siddick Islam ?

T.S. : Me Raouf Gulbul et Me Noor Hussenee

PLSL : Vous avez également reçu plusieurs messages de Peroomal Veeren ? Est-ce exact ?

T.S. : Oui, d’ailleurs votre panel d’enquêteurs peut vérifier mon cellulaire. (Elle soumet son portable aux enquêteurs).

PLSL : Votre premier message remonte au 27 janvier ?

T.S. : Effectivement.

PLSL : Peroomal Veeren a un panel d’avocats ?

T.S. : Au fait, il n’a pas de panel.

PLSL : Mais vous êtes son 24e avocat.

T.S. : Je ne le savais pas.

Par la suite, le président de la commission a axé son interrogatoire sur Faizal Hussein, un condamné étranger. La commission voulait établir les liens entre l’avocate Tisha Shamloll et Me Raouf Gulbul. Lors de cette séance d’interrogatoire, Me Shamloll a révélé les relations entre Me Raouf Gulbul et Sada Curpen.

PLSL : Pourquoi avez-vous rendu visite au prisonnier Faizal Hussein ?

T.S. : C’était à la demande de Me Raouf Gulbul.

PLSL : Pour déposer de l’argent sur le compte du prisonnier ? À trois reprises ?

T.S : Oui, Votre Honneur.

PLSL : Vous ne démentez pas ?

T.S. : Bien sûr que non. J’étais son Junior.

PLSL : Dans un récent article de presse, il a affirmé que vous n’avez pas fait votre « pupillage » chez lui.

T.S. : Effectivement, j’ai fait mon « pupillage » chez Me Rex Stephen. Par la suite, j’ai rejoint le cabinet de Me Raouf Gulbul.

PLSL : C’était quand exactement ?

T.S. : En 2013, juste après avoir intégré le barreau. Je n’avais pas de Senior et il m’a aidée. J’avais mon bureau hors de son cabinet. Mais, je le rencontrais régulièrement.

PLSL : Et pour l’affaire Faizal Hussein ?

T.S. : Me Raouf Gulbul m’avait appelée pour me présenter comme son Junior. Puis, j’ai travaillé sur d’autres affaires pour lui, pas seulement des affaires liées au trafic de drogue.

PLSL : Faizal Hussein est un étranger. Il purge une condamnation à Maurice. Comment peut-il avoir de l’argent sur son compte ?

T.S. : C’est Me Raouf Gulbul qui m’a donné de l’argent. Il m’a remis Rs 5 000 pour déposer sur le compte de Faizal Hussein en prison. Cela s’est déroulé en présence de Sada Curpen.

PLSL : Cela était-il légal ?

T.S. : Il m’avait dit que oui.

PLSL : À trois reprises vous avez remis de l’argent sur son compte en prison ?

T.S. : Le prisonnier Hussein m’avait contactée directement. Je lui ai demandé de contacter mon Senior avant. Puis, il m’a dit que Me Raouf Gulbul a donné son autorisation.

PLSL : Faizal Hussein a-t-il déjà retenu vos services ?

T.S. : Il m’avait appelée pour me parler des problèmes administratifs à la prison. J’avais évoqué cela avec Me Gulbul. Il m’a dit qu’il ne s’occupait pas de ces petits problèmes, c’est à moi de voir cela.

PLSL : Et qu’en est-il de Peroomal Veeren ? Comment l’avez-vous connu ?

T.S. : C’était fin février. Il m’avait appelée sur mon portable.

PLSL : De la cabine téléphonique de la prison ou d’un un cellulaire ?

T.S. : La cabine. Il s’est présenté et il m’a dit qu’il a obtenu mon numéro de mon Senior. Je n’avais aucune raison de douter. Peroomal Veeren m’avait dit de venir le voir. J’avais alors demandé à Me Raouf Gulbul et il m’avait dit oui.

PLSL : Vous êtes devenue son avocat ?

T.S. : Non. J’ai agi comme ‘Acting’ sur les conseils de mon Senior.

PLSL : Pourquoi deviez-vous le voir en prison ?

T.S. : Peroomal Veeren avait des problèmes administratifs. Je souhaite dire davantage à huis clos pour ma propre sécurité.

PLSL : Qui vous a payé pour défendre Peroomal Veeren ?

T.S. : Sa sœur Santa. Elle m’avait remis une somme de Rs 25 000. Par la suite, un homme s’est présenté comme son frère et m’avait remis Rs 15 000 à deux reprises.

La dernière partie de l’audition a été axée sur les relations entre Me Tisha Shamloll et Me Raouf Gulbul. Le financement de la campagne électorale et les déplacements à l’étranger ont été abordés.

PLSL : Avez-vous effectué des déplacements à l’étranger ?

T.S. : Oui en 2013.

PLSL : Avec votre Senior ?

T.S. : Oui, Votre honneur. J’ai voyagé en compagnie de Me Raouf Gulbul et de Me Noor Hussenee. C’était à l’île de la Réunion.

PLSL : Pour le business ?

T.S. : Je vous communiquerai les détails à huis clos. Il y avait aussi un déplacement en Inde. Mais c’était dans des vols différents.

PLSL : Évoquons la campagne électorale. Avez-vous travaillé pour votre Senior lors de la dernière campagne électorale en 2014 ?

T.S. : Effectivement. Nous étions à quatre filles (Ndlr : elle soumet une photo à la Commission), il y avait aussi Me Goolamally et Me Hurhangee. Ce dernier était le Campaign Manager.

PLSL : Avez-vous entendu parler des trafiquants qui finançaient la campagne électorale ?

T.S. : Je parlerai de cela à huis clos.

PLSL : C’est oui ou non ? Puis vous pouvez donner les détails à huis clos.

T.S. : Je ne sais pas, je vous dirai à huis clos.

La séance a été levée. L’avocate a déposé pendant trois quarts d’heure à huis clos.

 

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