Commission d’enquête : le rapport Paul Lam Shang Leen décrypté au Cabinet ce vendredi

Le Conseil des ministres prendra connaissance du rapport de la commission d’enquête sur la drogue ce vendredi 27 juillet. C’est ce qu’a confirmé le Bureau du Premier ministre au Défi Quotidien.

C’est officiel. Le Premier ministre Pravind Jugnauth est en possession d’une copie du rapport de la Commission d’enquête sur la drogue. Ce document lui a été transmis par la présidence dans la matinée du mercredi 25 juillet. Ce volumineux rapport, de plus d’une centaine de pages, est actuellement à l’étude par le chef du gouvernement. à l’Hôtel du gouvernement, on précise qu’il sera à l’agenda du Conseil des ministres ce vendredi 27 juillet. 

Sera-t-il rendu public par la suite ? On laisse entendre qu’une décision sera prise vendredi, mais à mercredi soir, rien n’avait encore été décidé, ni sur la publication de ce rapport, ni sur la mise sur pied d’un comité ministériel. Selon nos recoupements, tout porte à croire que le document ne sera pas rendu public de sitôt et que l’avis du Directeur des poursuites publiques sera sollicité sur certaines recommandations.

C’est le président de la République par intérim, Barlen Vyapoory, qui a été le premier à recevoir le rapport. C’est aux alentours de 21h30 le mardi 24 juillet, que Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs, Sam Lauthan et Ravin Domun, se sont rendus à la State House. Les trois voitures ont quitté les lieux à 23h05. Ce rapport comprend les auditions de 317 personnes enregistrées du 4 novembre 2015 au 14 mars 2018. Il nous revient que 31 avocats étaient dans le viseur de Paul Lam Shang Leen, mais la commission a obtenu des preuves contre 17 d’entre eux, dont certains sont soupçonnés d’être de mèche avec les trafiquants pour « devire » les enquêtes. 37 policiers ont également fait l’objet d’enquête de la part de la Commission. Parmi ces représentants de l’ordre, 11 sont propriétaires de chevaux alors que certains observateurs trouvent que leurs sources de revenus ne leur permettent pas de mener un tel train de vie.

Navin Ramgoolam : «Il faut rendre le rapport public»

Concernant le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, Navin Ramgoolam dit « s’attendre à voir la vérité » dans le dossier. L’ex-Premier ministre propose également que le document « soit rendu public » une fois que le comité ministériel l’aura étudié. « Le gouvernement doit déposer le rapport et ensuite prendre les décisions qui s’imposent. Par ailleurs, la population doit réclamer la publication du rapport de la commission d’enquête sur la drogue. Pourquoi doit-il y avoir un comité ministériel ? Le rapport de la commission Rault, publié en 1987, a pourtant été rendu public ! », a martelé Navin Ramgoolam

Xavier-Luc Duval : Une Private Notice Question pas écartée

Le rapport Paul Lam Shang Leen pourrait faire l’objet d’une Private Notice Question (PNQ) à l’Assemblée nationale. C’est ce que nous a confirmé le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Il précise toutefois que c’est une question de timing. « Certainement cela pourrait faire l’objet d’une PNQ, mais il faut d’abord laisser le gouvernement en prendre connaissance », dit-il. Par ailleurs,  le leader du PMSD insiste que ce rapport doit être rendu public. « Il est impératif que le gouvernement rende ce rapport public, surtout que des noms des proches du gouvernement ont été cités lors des travaux de cette commission d’enquête. Mais plus important, il faut que le rapport soit publié dans son intégralité. »

Xavier-Luc Duval dit avoir également fait deux constats. « En premier lieu, il a fallu une commission d’enquête pour se pencher sur la prolifération de la drogue dans le pays alors que la police était responsable de ce dossier. Ce qui explique déjà que la police a failli dans sa tâche, surtout d’enquêter sur les trafiquants. Deuxièmement, la façon dont le combat contre la drogue est mené. Nous nous attendons à des mesures avant-gardistes. En analysant le rapport du Drug Observatory, les cas d’admissions dans les hôpitaux concernant les overdoses ont augmenté drastiquement. 68 % des personnes emprisonnées pour les délits de drogue sont des consommateurs et non pas des trafiquants. Je suis contre l’emprisonnement pour les consommateurs et oui pour une nouvelle politique contre la drogue. Il faudrait une campagne d’éducation et de formation, entre autres. »