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Commémoration à Roche-Bois : vingt-cinq ans après, Kaya reste un symbole fort pour Maurice

Plusieurs sympathisants et amis proches de Kaya se sont rendus à Roche-Bois pour rendre hommage à sa mémoire, 25 ans après sa disparition. Kaya demeure un symbole puissant dans le cœur de nombreux Mauriciens.

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Il y a 25 ans, le 21 février 1999, disparaissait Kaya, le père du seggae, un genre musical fusionnant le séga et le reggae. Sa mort en détention policière, dans des conditions obscures, avait provoqué des émeutes sans précédent à Maurice. Aujourd’hui, sa mémoire reste vivante chez ses proches, ses fans et ses héritiers artistiques, qui lui ont rendu un hommage émouvant.

C’est près du rond-point de Roche-Bois, surnommé le rond-point La Guitarre, que le rendez-vous était donné à 16 heures. Sur place, une foule bigarrée se rassemble : des sympathisants, des chanteurs, des membres de sa famille, des fans de la première heure, des amis intimes et des militants de la cause Rastafari. Tous sont venus célébrer la mémoire de Kaya, ce symbole de la résistance culturelle et sociale à Maurice.

Les discussions vont bon train autour du rond-point. Les participants évoquent l’importance de transmettre son héritage aux jeunes générations, souvent perdues dans un monde en crise. Ils rappellent aussi la pertinence de ses chansons, qui abordaient des thèmes universels comme l’unité nationale, le dialogue intercommunautaire, les droits des femmes ou l’identité mauricienne. Des sujets qui résonnent encore aujourd’hui.

Parmi ceux présents, il y a Charles Gébert, alias Le Professeur, un fidèle parmi les fidèles. Il fait partie des rares personnes qui commémorent Kaya chaque année, quel que soit le nombre de participants. « C’est un devoir de mémoire que je ne manque jamais », dit-il. Il regrette que beaucoup de gens parlent de Kaya, mais que peu se déplacent pour lui rendre hommage le jour de sa mort.

Mais ce mercredi 21 février 2024, ils sont nombreux à avoir répondu à l’appel. La mort de Kaya a marqué un tournant dans l’histoire de Maurice, en déclenchant une révolte populaire qui a duré plusieurs jours. Cet événement a été le cri de ralliement d’une partie de la population désireuse de montrer, à travers cette mort tragique, qu’elle existe, elle aussi.

À 16 h 30, la marche symbolique vers le cimetière de Roche-Bois commence. Au son des percussions et en reprenant le mystique « Ras Kouyon », les sympathisants de Kaya se dirigent vers la tombe du Rastaman avec discipline. Sur le chemin, nous rencontrons Azaria Topize, le fils de Kaya. D’une grande humilité et simplicité, il exprime le sentiment d’injustice qui persiste dans les esprits, car même après 25 ans, la vérité sur la mort de Kaya reste inconnue, affirme-t-il. « Ce n’est que lorsque la justice sera faite sur les circonstances de la mort de Kaya que nous pourrons parler de soulagement », ajoute-t-il.

Devant la tombe de Kaya, les percussions du Nayabinghi, un chant sacré des Rastas, résonnent. Les fidèles de Kaya récitent le Notre-Père, en hommage à celui qui a donné sa vie pour le seggae. La cérémonie se poursuit avec d’autres chansons de Kaya, dont le célèbre « Rebellion l’Afrik », qui dénonce la misère des enfants sans nourriture. Les paroles touchent les cœurs et les esprits. 

Après avoir salué la mémoire de Kaya, la foule se rend sur la tombe de Berger Agathe, le prince du seggae, qui a suivi les pas de son maître. « En ce 21 février, nous avons non seulement perdu un frère, mais deux frères avec Berget Agathe, qui ne peut être oublié », déclare l’un des participants. Sur sa tombe, la chanson phare du chanteur, « Zom ki Faim », est reprise en chœur. 

 

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