Même s’il apprécie l’étroite collaboration qui existe entre la Mauritius Revenue Authority et l’Anti Drug and Smuggling Unit, le grand patron de la brigade anti-drogue, le DCP Choolun Bojoo, estime que les vaches seraient mieux gardées si chacun jouait le rôle qui lui est imparti.
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L’année 2017 a été l’année de tous les records dans le cadre des saisies de drogue, particulièrement d’héroïne et de cannabis. Avec l’affaire Kistnah, qui ne finit pas de faire tomber ceux impliqués dans le trafic, l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu) a du pain sur la planche. Si le combat contre la drogue demeure une des priorités du gouvernement, avec plusieurs autorités impliquées dans une lutte sans précédent, c'est l’Adsu qui se trouve sur les devants de la scène. « Le combat se poursuivra avec acharnement », explique le Deputy Commissioner of Police (DCP) Choolun Bojoo. Ce dernier, directeur de la brigade anti-drogue, depuis août 2015, s’est confié au Défi Plus.
L'Adsu a-t-elle suffisamment d'équipements et de ressources humaines pour mener à bien ses « grosses » enquêtes ?
L’Adsu est bien pourvue en ressources humaines. Mes hommes sont des policiers entraînés et ont suffisamment de l’expérience pour traiter différents cas de trafic de drogue. Ces mêmes hommes travaillent d’arrache-pied pour mener à terme les « grosses » enquêtes que nous traitons. Ce qui est aussi important, c’est l’expérience acquise par les policiers, surtout ceux qui ont participé à d’importantes opérations dans le passé. Au niveau des équipements, je suis satisfait. Nous disposons d’un bon lot d’équipements, mais on fait constamment des démarches pour les améliorer. Cela faciliterait notre tâche pour le recoupement d’informations et sur le terrain. Le budget 2017/18 a fait mention d’une amélioration de la qualité de travail de l’Adsu, en augmentant notre effectif. Désormais, on compte 450 membres et nous avons eu des véhicules appropriés, y compris des motocyclettes tout-terrain et de grosses cylindrées.
L’Adsu soupçonne-t-elle un autre réseau à l'origine de l’importation des 1,38 kg de drogue et pourrait-il être lié à la saisie des 157 kg de drogue au port ?
Nous enquêtons et nous tentons toujours d'identifier les membres de ce réseau. Vu que ces enquêtes sont en cours, je ne peux en dire plus.
Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de pénurie sur le marché après ces nombreuses saisies ?
On parle ici de différentes drogues. À Maurice, nous avons le cannabis, l’héroïne, les synthétiques et les psychotropes. Ce sont les quatre principales drogues sur le marché. En parlant d’héroïne, nous avons saisi plus de 190 kg de drogue depuis le début de l’année. C’est 190 kg de moins sur le marché. Concernant les autres types de drogues, l’Adsu abat un travail régulier. Au vu des différentes saisies et des arrestations, dont celle impliquant le réseau Kistnah, je dirai que c’est un combat sans relâche qui porte ses fruits. Le combat se poursuivra avec acharnement.
Concernant Kistnah, s’il va déposer devant la Commission Lam Shang Leen, cela ne va-t-il pas mettre en péril le bon déroulement de l’enquête ?
(Silence)
Nous avons saisi plus de 190 kg de drogue depuis le début de l’année»
Y a-t-il le sentiment que la Commission anti-corruption (Icac) devance l’Adsu dans l’arrestation de personnes soupçonnées d'être mêlées au trafic de drogue ?
Toutes ces unités ont un même objectif, celui de combattre le trafic de drogue. La question de concurrence ne se pose pas. De toute façon, il y a des contacts et un partage de renseignements régulier. L’Adsu, l’Icac, la Mauritius Revenue Authority (MRA), la Financial Intelligence Unit (FIU) ont créé une plateforme commune, une initiative de Navin Beekarry, directeur de l’Icac. C’est une bonne initiative pour le combat contre le trafic de drogue et les cas de blanchiment d’argent.
Quel constat faites-vous de la performance de vos hommes ?
Au vu des cas et des multiples arrestations liées à ces enquêtes, on peut dire avec confiance que nous abattons un bon travail. Je dispose d’une équipe dévouée, qui travaille sans relâche, dans des conditions difficiles et dangereuses. Je salue le soutien d’autres unités de la force policière, la Special Support Unit (SSU), le Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM), l’Helicopter Squadron, les commandos de la garde-côte nationale (NCG), les renifleurs de la Dog Section Unit, la Special Mobile Force (SMF) ainsi que la police scientifique (FSL).
Le directeur des douanes avait déclaré que désormais même la MRA effectuera des enquêtes et procédera aussi à des arrestations concernant l'importation de la drogue. Cela vous dérange-t-il ?
Selon la Customs Act, la douane peut enquêter et procéder à des arrestations, mais toujours est-il qu’il y a des lois générales, pour la douane et l’Adsu. Ainsi, chaque unité agit selon les dispositions de ces lois, mais l'exemple de la saisie des cigarettes récemment dans le port démontre une parfaite collaboration police/douane. La douane avait débuté l’enquête après la saisie et cette même enquête a été confiée à l’Adsu après consultation entre les deux parties. Notre but est de mener à bon port cette importante enquête, dans l’intérêt de la justice. Jusqu’ici, la collaboration porte ses fruits.
L’Adsu a tout récemment reproché à la douane d'avoir divulgué des informations sur la saisie de 1,38 kg de d'héroïne, avant même que les opérations ne soient complétées. Hâtive décision ?
Il est important de préserver l’intégrité d’une enquête et des opérations. La moindre fuite d’information peut faire tout capoter. Cela représente aussi un risque énorme pour la vie de mes hommes. C’est primordial pour tout un chacun de préserver la confidentialité lors des opérations et pendant le déroulement des enquêtes. Lorsqu’une opération implique l’Adsu et la douane, il y a une coordination entre les deux directions pour éviter toute fuite d’information. Généralement, cela se passe bien, bien que, dans un ou deux cas, des informations soient leaked. Je ne pointerais ni l’Adsu ni la MRA du doigt. Mais ce qui est bien c’est que, lors des opérations, l’Adsu et la douane demeurent en contact permanent pour éviter toute anicroche. Il est important que l’Adsu et la MRA jouent chacune leur rôle. Même la presse nous aide à combattre le crime.
Concernant la fuite des suspects vers l’étranger, Maurice est-il devenu une passoire ?
Nous prenons des dispositifs spéciaux pour éviter toute fuite de suspects vers l’étranger, surtout concernant les cas considérés comme importants. Dans ces circonstances, nous avons la collaboration nécessaire de différentes unités de police et des instances impliquées.
Qui est la dernière personne à avoir obtenu l’immunité ?
Ashish Dayal. Il avait été arrêté dans le démantèlement du réseau Gro Derek. Mais je ne peux commenter davantage ce sujet.
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