Le président de la Mauritius Tax Payers’ Association (MTPA), Chandra Rungasawmi, justifie l’imposition d’une taxe sur les résidences de luxe des régions rurales.
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En lisant vos propositions soumises au Premier ministre et ministre des Finances, on comprend que vous cherchez une refonte en profondeur de notre système de taxation. Pourquoi ?
Dans tous les pays modernes, l’impôt sur les revenus est progressif. Ce qui a été le cas à Maurice avant l’ère Sithanen. Il est logique que le pourcentage de la taxe prélevé sur les revenus varie selon le niveau des revenus. C’est-à-dire que ceux ayant des revenus moyens soient frappés d’un pourcentage plus faible. Toutefois en 2007, Rama Sithanen a introduit un système de flat rate de 15 % tant pour les compagnies que pour les individus. Ce qui fait qu’un salarié touchant Rs 25 000 est frappé d’une taxe d 15% au même titre qu’une banque faisant des milliards de roupies de profit.
C’est dans la logique de Ease of doing business. Malheureusement cela se fait au détriment de la classe moyenne. Le gouvernement ne cesse de prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie des plus démunis de la société aussi bien que des mesures incitatives pour améliorer le climat des affaires à Maurice. Mais qu’en est-il de la classe moyenne, soit des salariés touchant entre Rs 30 000 et Rs 75 000 par mois. Même la Banque mondiale a reconnu un appauvrissement de la classe moyenne à Maurice.
Appauvrissement dites-vous…
Si on fait une comparaison entre la classe moyenne des années 70 et celle de nos jours, on verra que la première comprenant, entre autres, des enseignants et des infirmiers, pouvaient se permettre d’acheter un terrain et arrivaient même à construire une maison. Or, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec les grands projets immobiliers de luxe et autres, les prix des terrains sont hors de la portée de la classe moyenne. Avec les autres dépenses familiales qui ne cessent d’augmenter, c’est sûr que la classe moyenne s’appauvrit de jour en jour.
Comment aider la classe moyenne ?
On ne peut empêcher le gouvernement d’aider la classe pauvre ni de prendre des mesures pour attirer davantage d’investisseurs, mais cela ne l’empêche pas également de prendre des mesures en faveur de la classe moyenne. Cela pourrait se traduire en un allègement de la taxation. Pour cela, nous avons suggéré une taxe progressive à trois niveaux : de 5%, 10% et 15% respectivement. Nous avons aussi proposé une exemption fiscale de Rs 200 000 pour un couple à la naissance d’un enfant. Cela représente une baisse de Rs 30 000 de taxe payable. Il y a aussi d’autres mesures, notamment que la déduction fiscale par rapport aux enfants soit applicable aux deux conjoints et non à un seul comme c’est le cas actuellement.
On trouve aussi l’imposition d’une taxe sur les résidences luxueuses se trouvant dans les régions rurales. Cela s’apparente-t-elle à l’introduction de la taxe rurale ?
Dans sa philosophie, la taxe doit être juste et équitable. Dans notre mémorandum, nous avons dit que Maurice devient un Island City et que tôt ou tard, le gouvernement doit introduire une taxe sur les résidences à travers le pays. Il est connu de tous que dans des régions dites rurales, on trouve des maisons de luxe, comme c’est le cas à Helvétia, Grand-Baie, Tamarin et Rivière-Noire, entre autres. Je trouve que ce n’est pas équitable que des appartements de luxe se trouvant dans des régions rurales soient exemptés de la taxe résidentielle.
Un des arguments avancés pour ne pas introduire la taxe rurale est que les villages manquent de beaucoup de facilités comparées aux villes…
Si on fait état du centre-ville, j’aurais compris, mais c’est connu que certaines régions rurales sont plus développées que des régions dans les faubourgs. Je ne dis pas qu’il faut imposer la taxe rurale sur toutes les régions. Je parle des maisons de luxe qui ont une certaine valeur.
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