À l’heure où l’industrie cinématographique locale connaît un grand boom, iIs représentent l’avenir du septième art à Maurice. Âgés entre 20 et 30 ans, nos jeunes réalisateurs ont du talent à revendre et des idées plein la tête. Silence, on tourne !
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Ça bouge dans l'industrie cinématographique à Maurice. Mais quel est son avenir ? David Constantin, réalisateur et président de l’association Porteur d’images, répond : « Nous sommes toujours à la recherche d'un cinéma mauricien. Nous avons vu plusieurs films locaux fleurir mais bien que produits localement, les thématiques abordées, la réalité qui y est dépeinte et parfois même la langue n’est pas locale. Pour moi, il y aura un cinéma de l'océan Indien lorsque nous serons débarrassés de ce complexe de faire " comme les autres " afin de filmer et de faire parler nos réalités au monde entier. »
Selon le réalisateur, il est important de ne pas réduire le cinéma à son aspect technique. Il y a deux questions que nous négligeons souvent : en quoi ce que l'on raconte est différent de ce qui a déjà été fait ? Et comment faire vivre un film ? « Les principaux dangers sont donc de se satisfaire du minimum et de se retrouver avec un film qui, après une semaine en salle à Maurice, se retrouve au fond d’un tiroir. »
Île Courts en pause
Les festivals et concours, tels que le Festival Île Courts, permettent d’accompagner et de déceler les jeunes talents créatifs. « Toutefois et depuis deux ou trois ans, nous avons de plus en plus de mal à attirer de nouveaux réalisateurs vers ces formations. » Le festival Île Courts fait une pause cette année pour revenir avec une approche différente en 2020.
Pour le réalisateur, le secret c’est avant tout de savoir ce qui nous lie au film que l'on veut faire. « Dans notre vécu, qu’est-ce qui nous donne envie de faire ce film et pas un autre ? Je voudrais que les jeunes sachent que s’il n'a jamais été aussi simple de faire des films qu'aujourd'hui, il n'a aussi jamais été aussi facile de se planter. »
Kim Yip Tong
L’univers cinématographique vient tout juste de s’ouvrir à elle. Kim Yip Tong travaille sur les vidéos d’animation pour la cérémonie d’ouverture des Jeux des Îles qui ont lieu en juillet. Elle s’est fait connaître lors de la dixième édition du Festival Île Courts avec son film d'animation Tany Mena. Ce dernier a été sélectionné au Festival d'Annecy qui se tiendra en juin prochain.
La créativité coule dans les veines de Kim depuis sa plus tendre enfance. « J’ai toujours aimé les histoires. Enfant, j’inventais des histoires à travers mes jouets et je voyais même ceux qui m’entouraient, comme des personnages. » Amoureuse de dessins animés, c’est durant ces années d'études tertiaires, lors de sa maîtrise, qu’elle découvre le médium de l’image animée. Passionnée d'art, elle réussit à lier ces deux formes qui, pour elle, sont des étapes.
« On passe du dessin à l’animation et celle-ci est un médium qu’on ne finira jamais d’explorer », indique-t-elle. C’est en postant sa vidéo sur les réseaux sociaux qu’elle s'est fait repérer. Kim travaille actuellement sur le clip vidéo d’une chanteuse mauricienne prévu bientôt.
Jon Rabaud
Jon Rabaud, 29 ans, se passe de présentation. Fin cinéphile depuis l’adolescence, il évolue dans la sphère cinématographique locale depuis huit ans. « Je tiens cela de mes parents et je n’ai pas connu d’autres formes d’art que le cinéma. » À 14 ans, il passe des heures à se documenter sur le cinéma. « Je compilais des dossiers, j’écoutais des interviews de réalisateurs sur les ‘making of’ et je m’imprégnais de cet univers. » Après l’école, c’est lors de vacances au Canada qu’il se frotte vraiment à ce monde qui lui plaît tant.
« J’ai finalement décidé de suivre des cours. Avec mon argent de poche et le soutien d’acteurs bénévoles, j’ai réussi à concrétiser mon premier court-métrage. C’était l’occasion pour moi de savoir ce dont j’étais capable et si c’est ce que je voulais vraiment faire. »
Enchaînant un film après l'autre, à son retour à Maurice, Jon est convaincu que c’est sa voie. À 21 ans, il prend sa passion à bras-le-corps et participe au festival Île Courts. Aujourd’hui, il compte neuf films à son actif, dont huit courts-métrages et une série sud-africaine. Il a tourné au Canada et en France.
« Avant de se lancer, il faut savoir ce que l’on cherche car le cinéma englobe tellement d’aspects. Avec toutes les facilités en matière de technologie, beaucoup essaient d’aller vite sans prendre le temps d’apprendre. D’ailleurs, le métier de réalisateur est souvent mal compris. » Il y a six ans, Jon a lancé son entreprise Magic Wheel Pictures. Il vit pleinement de son métier. Il est actuellement directeur de casting pour un film français dont le tournage se fera à Maurice.
Rajeshwar Seetohul
Son expérience sur les planches l’a mené jusqu’à l’industrie du cinéma. Rajeshwar Seetohul, 23 ans, est réalisateur depuis neuf ans. Il doit ce choix de carrière à son père qui a initié ses trois fils à la comédie et l’amour du cinéma. « Il a toujours rêvé de nous voir faire du cinéma ».
Si on a vu son talent de comédien lors de concours de théâtre, Rajeshwar s’est aussi fait connaître lors de ses participations aux différents films- compétitions. Le premier, se souvient-il, remonte à 2010 pour le MFDC Film Mobile Competition où il remporte le Best Creativity Award. Il avait alors 14 ans.
En 2016, il participe à plusieurs autres concours notamment le ‘MFDC Short Film Competition’ et le film-compétition de l’Icac. Il remporte le Best Script Award. « J’ai eu l’opportunité de participer à un atelier d’un mois avec des professionnels de l’univers du cinéma et c’est ce qui m’a permis de développer mes techniques. »
En 2017, le jeune homme se retrouve à la seconde place du 7 Days Challenge dans la catégorie Public Vote. « Ensuite, j’ai lancé ma compagnie en 2017 afin de me diversifier. » Actuellement, Rajeshwar est en pleine préparation d’une série en bhojpuri dont le tournage débute le 15 juin.
O’Bryan Vinglassalon
Son court-métrage Lot Kote Lagar, lancé il y a deux ans, a tourné dans plusieurs festivals à l’étranger et au Festival Île Courts à Maurice. O’Bryan Vinglassalon, réalisateur très prometteur et technicien audiovisuel dans la vie, a surpris plus d'un lors du festival international du court-métrage Île Courts. En visionnant Tanga, un court-métrage de Wassim Sookia, il est touché par la qualité du film. Il intègre ensuite Digital Island. Il y découvre le monde des tournages de films et des spots publicitaires. Plus que jamais fasciné par le cinéma, il ne rate pas un seul festival Île Courts depuis sa création.
Son court-métrage Lot kote lagar se structure. Un court-métrage à son image et sans artifices ni fioritures qui demandent de l'interprétation. Aujourd'hui, il travaille en freelance dans l'univers du cinéma. Il a su trouver le bon filon. Il poursuit sa passion pour le septième art. Il a d'ailleurs collaboré à plusieurs productions étrangères notamment pour une série allemande et le film Serenity. O'Bryan travaille sur un long-métrage qu’il a co-écrit avec des amis et dont le tournage débute dans trois semaines.
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