« Les Mauriciens se considèrent-ils comme Africains ? ».
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C’est la question posée par un haut cadre du ministère des Affaires étrangères, le vendredi 25 août 2017 lors d’une causerie organisée au Mahatma Gandhi Institute sur le thème Mauritius in Africa : Relations and Prospects. C’était dans le cadre des activités marquant l’anniversaire de la naissance de Nelson Mandela.
L e Mahatma Gandhi Institute avait fait appel à Parasram Gopaul, premier secrétaire au ministère des Affaires étrangères et ancien diplomate posté à l’ambassade mauricienne en Afrique du Sud. Il a retracé le parcours de ce soldat de la liberté entré dans la légende. Déjà imprégné de la philosophie gandhienne de la non-violence, il s’en est servi pour tenter d’assurer, avec l’aide du président Frederik de Klerk, à son pays une transition pacifique à la démocratie.
Cela, après avoir fédéré toutes les formations d’opposition à l’apartheid, dont le Parti communiste qui était en faveur de la lutte armée et d’autres opposants noirs qui voulaient traduire en justice les tenants de la politique de ségrégation raciale. Mais, la main tendue à ses bourreaux d’hier ne signifiait pas qu’il laissait de côté les engagements que Frederik de Klerk avait pris, au préalable de sa remise en liberté après 27 années d’emprisonnement.
Alors que son parti l’African National Congress (ANC) est en pourparlers avec le gouvernement, le massacre de Boipatrong intervient en juin 1992. Nelson Mandela mettra fin à des négociations et accusera De Klerk de complicité dans ces tueries. Malgré les incertitudes, Nelson Mandela n’a jamais abandonné l’idée de voir naître un gouvernement national et démocratique capable d’assurer la paix et le développement en Afrique du Sud.
Ce vœu a été traduit dans la réalité avec la création de la Commission de la vérité et de la réconciliation, présidée par l’archevêque anglican et prix Nobel de la Paix Desmond Tutu dont l’objectif était de recueillir le récit des exactions et des crimes commis sous l’apartheid par le gouvernement, les forces de sécurité et aussi les mouvements de libération comme l’ANC. À ce sujet, Desmond Tutu avait dit : « Sans pardon, il n’y a pas d’avenir, mais sans confessions, il ne peut y avoir de pardon. »
Que reste-t-il du souhait de Mandela pour une Afrique unifiée, alors même que l’ANC est miné par la corruption ? Parasman Gopaul a préféré ne pas répondre à la question. Mais quant aux possibilités d’investissement en Afrique, il fait valoir qu’en dépit des réelles contraintes qui existent dans certains pays du continent, l’Afrique montre des signes de croissance intéressante dans les prochaines années, grâce à son immense marché.
Un autre intervenant a trouvé l’entreprise périlleuse en avançant que c’était ‘challenging to go to Africa.” Pourtant le commerce entre Maurice et l’Afrique peut s’appuyer sur l’absence de barrières tarifaires que contiennent les blocs économiques régionaux dont font partie un certain nombre de pays africains.
« L’appartenance a des organisations comme la Southern African Development Community, le Common Market for Eastern and Southern Africa, la Commission de l’océan Indien, entre autres, doit faciliter le commerce entre leurs pays-membres », fait valoir Parasman Gopaul. Il concède que les infrastructures, entre autres, varient d’un pays à l’autre. D’où son souhait de mettre toutes les informations nécessaires à la disposition des potentiels investisseurs mauriciens en Afrique.
Pour le premier secrétaire du ministère des Affaires étrangères, ce sont nos relations privilégiées avec l’Afrique qui nous ont valu le soutien des pays africains à l’ONU sur notre revendication de souveraineté sur les Chagos.
Sheila Bunwaree, chargée de cours à l’Université de Maurice, présente dans l’assistance, est venue mettre les pendules à l’heure lorsqu’elle a parlé notamment d’investissement et de coopération en Afrique.
Ce qui a poussé Parasram Gopaul à reconnaître que le nombre de pays qui compose le continent voisin ne permet pas à Maurice d’établir une stratégie uniforme en Afrique.
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