Si la compagnie accorde une hausse salariale de 20 % (Rs 400 millions), elle devra augmenter ses tarifs, rendant notre port moins compétitif. Sans oublier que cela provoquera une inflation des prix des produits importés. C’est ce qu’affirme le président du conseil d’administration Robert Pallamy.
Bras de fer entre la Port Louis Maritime Employees Association (PLMEA) et la direction de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL). Toutes deux ont entamé, depuis octobre 2015, des négociations salariales. La hausse de 20 % réclamée par la PLMEA est jugée « insensée » par la direction de la CHCL, qui estime que les propositions soumises par le syndicat ne sont basées sur aucune étude scientifique et ne tiennent nullement compte des facteurs de risque pour la compagnie.
« Près de 63 % du chiffre d’affaires de la CHCL, qui est de Rs 2 milliards, sont engloutis dans la masse salariale des 1 300 employés, soit environ
Rs 1,2 milliard. Leur accorder une enveloppe additionnelle de Rs 400 millions serait catastrophique pour la CHCL, dont les profits s’élèvent à Rs 125 millions seulement », indique Robert Pallamy, président du board.
« Deux choix s’offrent à nous : une hausse minimum de 20 % de nos tarifs, diminuant ainsi notre compétitivité, ou fermer tout bonnement la CHCL », affirme-t-il. Déjà, en janvier 2013, les 1 300 employés de la CHCL avaient obtenu une hausse salariale de 22%. Cela, après des négociations et « sous la menace d’un go slow dans le port », à en croire la direction. La CHCL a donc injecté une somme additionnelle de Rs 225 millions dans la masse salariale. « à l’époque, en 2011, la CHCL était déficitaire. La direction a dû recourir à une hausse tarifaire de 14 % et à des mesures drastiques au niveau du contrôle des dépenses pour absorber cette hausse », indique Robert Pallamy.
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Les produits importés plus chers
Ce qui n’a pas manqué non plus, selon lui, d’avoir une incidence directe sur le quotidien des Mauriciens. « Les Mauriciens ont dû mettre la main à la poche et payer plus cher plusieurs denrées alimentaires telles que le lait, la farine, le riz, les grains secs et plusieurs autres produits importés. C’est inacceptable qu’on vienne présenter la note, une fois de plus, aux consommateurs. Sans compter qu’avec cette hausse tarifaire, nous serons moins compétitifs et cela mettra en péril les emplois », soutient le président. Néanmoins, le Chairman de la CHCL aurait soumis une contre-proposition à la PLMEA pour une hausse de l’ordre 8,7 % à 11,7%. « Cela est conforme aux dispositions de la loi et tient compte de la hausse du pouvoir d’achat et de la capacité de la CHCL, tout en permettant de rester compétitif. L’affaire est désormais devant la Commission de conciliation et de médiation », avance-t-il. Le président du conseil d’administration a également voulu mettre les points sur les i quant aux conditions de travail des employés. Robert Pallamy indique que les employés disposent aujourd’hui d’équipements modernes dotés d’une technologie dernier cri dans certains cas. « La majorité des employés du port ne travaillent que quatre heures par jour, voire moins, grâce à un système de rotation. Je ne comprends pas comment certains employés se permettent de se plaindre », ajoute-t-il. [row custom_class=""][/row]Grille Salariale
[lptw_table id="23400" style="material-blue"]Selon la MPA et la CHCL: le rôle de DP World jugé « vital » pour le port
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"13943","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-23219","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"CHC"}}]]Créer 8 000 emplois directs, améliorer l’efficience du port et attirer un maximum de navires. Telles pourraient être les retombées d’un éventuel partenariat avec DP World, selon Ramalingum Maistry et Robert Pallamy. DP World va permettre au gouvernement mauricien d’atteindre son objectif de faire de Maurice le « Preferred Maritime Gateway » de l’océan Indien. C’est ce qu’estime Ramalingum Maistry, le président de la Mauritius Ports Authority (MPA). « 35 000 navires traversent annuellement la région. Or, seuls 10 % d’entre eux viennent à Maurice, car nous manquons de facilités à leur proposer. Ce qui fait que de nombreux armateurs hésitent à venir chez nous. Avec la venue de DP World à Maurice, nous allons attirer davantage de navires dans nos eaux et exploiter notre position stratégique dans l’océan Indien. Cet opérateur portuaire jouit d’une notoriété internationale de part son expertise et a, financièrement, les reins très solides », explique-t-il. Qui plus est, en exploitant Jin Fei, DP World permettra de créer 8 000 emplois directs et des milliers d’emplois indirects, poursuit notre interlocuteur. « Des bateaux accosteront avec des matières premières ou des semi-finished goods qui seront transformés dans la Special Economic Zone de Jin Fei », indique-t-il. Pourquoi DP World serait intéressée par cette activité ? « Tout simplement parce que les produits qui seront fabriqués dans cette Freeport Zone ne seront pas frappés par les taxes locales, étant donné que ce sont des export-oriented products, de même que les travaux de construction pour les infrastructures », répond Ramalingum Maistry. Robert Pallamy, président de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL), considère pour sa part que DP World permettra, entre autres, d’améliorer l’efficience du port. « Nous pouvons compter, aujourd’hui, uniquement sur le transbordement pour développer notre port. Avec DP World et ses activités de transformation à Jin Fei, on s’attend à augmenter considérablement le nombre de conteneurs captifs, qui est aujourd’hui de 250 000. Sans compter que la compagnie a donné la garantie qu’il n’y aura pas de perte d’emploi et que les conditions de service des employés resteront les mêmes », dit-il. Le président de la CHCL a aussi balayé d’un revers de la main les rumeurs selon lesquelles DP World voudrait « s’accaparer notre port et contrôler la CHCL ». « DP World ne possédera que 40 % d’actions au sein de la CHCL. La société dubaïote sera donc un actionnaire minoritaire. De plus, la CHCL n’occupe actuellement que 10 % de la superficie totale du port, soit environ 40 des 300 hectares de la superficie totale. Le fait de parler d’accaparement est exagéré et c’est totalement faux », martèle Robert Pallamy.100 millions de conteneurs
La manutention de conteneurs constitue l’activité principale de DP World qui génère plus de trois quarts de son chiffre d’affaires. En 2014, DP World a traité 60 millions de conteneurs. Avec son engagement pour le développement et l’expansion, la capacité devrait passer à plus de 100 millions de conteneurs en 2020, en ligne avec la demande du marché. DP World est une fusion entre la Dubai Ports Authority et Dubai Ports International. La compagnie emploie plus de 36 000 personnes au service de ses clients dans le monde entier. DP World a également fait l’acquisition de P&O Group du Royaume-Uni en 2006 pour une somme de £ 3,9 milliards (Rs 210 milliards). DP World investit constamment dans l’infrastructure de terminaux, les installations et la main-d’œuvre afin de fournir des services de qualité. Les débuts de DP World remontent à 1972 au Port Rashid, à Dubayy.Négociations en haut lieu
Le président de DP World, Sultan Ahmed Bin Sulayem, a effectué deux visites à Maurice en juin 2015. Il est arrivé à Maurice, la première fois, le samedi 6 juin. Il a eu une rencontre avec le ministre du Logement et des Terres Showkutally Soodhun, avant de prendre l’avion le dimanche 7 juin. Le mardi 9 juin, il est de retour à Maurice. Le lendemain, il rencontre le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth. Le sultan s’est aussi entretenu avec Xavier-Luc Duval, Showkutally Soodhun et Vishnu Lutchmeenaraidoo lors de son séjour. Les discussions étaient axées sur les avenues de coopération entre DP World et le gouvernement mauricien qui ambitionne de transformer le port mauricien en plateforme régionale de transbordement et activités portuaires.En septembre 2015, le ministre des Finances d’alors, Vishnu Lutchmeenaraidoo, s’est rendu à Abu Dhabi dans le cadre de la signature d’un Memorandum of Understanding (MoU) entre DP World et les autorités locales. Ainsi, les Émirats arabes unis (EAU) investiront quelque Rs 50 milliards dans le port mauricien. Le ministre a également signé un Investment Promotion Programme Agreement avec les EAU pour d’autres investissements à Maurice. En décembre 2015, la compagnie internationale DP World a soumis des propositions au bureau du Premier ministre afin de booster les activités du port.[row custom_class=""][/row]
Salaires – Entre Rs 32 000 et Rs 165 000
Les salaires des employés des grades moyens à la Cargo Handling Corporation Ltd varient entre Rs 32 000 et Rs 165 000. Ce sont les Terminal Superintendents qui sont les mieux payés, avec un salaire brut mensuel de Rs 105 703,50, qui peut atteindre Rs 164 801,17 avec les allocations et tenant compte de leur ancienneté, entre autres. Suivent les Senior Portiquers avec un salaire variant entre Rs 110 887,04, et Rs 138 311,15. Ceux au plus bas de l’échelle ne sont pas en reste. Un chauffeur à la CHCL perçoit un salaire brut mensuel de Rs 43 954,38, pouvant grimper jusqu’à Rs 75 282,82. Un Messenger Attendant, lui, perçoit entre Rs 42 062 et Rs 97 033,43. Entre Rs 40 893,66 et Rs 63 690,95 pour un Security Guard. Et enfin, un réceptionniste à la CHCL perçoit entre Rs 31 851,70 Rs 38 159,15. Selon Robert Pallamy, les employés de certains grades sont payés deux à trois fois plus que dans le secteur privé.Pas de clause de confidentialité
Afin de dissiper tout doute, les autorités mauriciennes comptent jouer la carte de la transparence dans le dossier DP World. « Nous avons d’ores et déjà nommé un consultant pour faire un ‘due dilligence’ de ce que nous propose DP World. L’objectif est d’évaluer leurs propositions en fonction de l’intérêt de la population. De plus, contrairement à certains projets dans le passé, il n’y aura pas de clause de confidentialité dans celui-ci. Nous souhaitons rendre toutes les modalités publiques, car la population est en droit de savoir », fait ressortir Ramalingum Maistry. à en croire Xavier-Luc Duval, « rien n’a encore été signé à ce stade et les négociations sont toujours à un stade préliminaire. Il n’y a même pas un brouillon de contrat. Il serait aussi bon de faire ressortir que le gouvernement agira toujours dans l’intérêt public et ne cèdera à aucun chantage », déclarait l’adjoint au Premier ministre sur son compte Facebook jeudi après-midi. Ramalingum Maistry, abonde dans le même sens.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !