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Carburant plus cher : une hausse de Rs 2 à Rs 10 préconisée sur le ticket d’autobus

Le 15 février, le ministre du Transport avait déjà laissé présager une hausse du prix du ticket d’autobus.

Depuis minuit samedi, le litre d’essence coûte Rs 61, 30 au lieu de Rs 55, 75 et celui de diesel Rs 41 contre Rs 45,10 auparavant. Doit-on craindre un effet boule de neige de cette hausse ? Elle devrait sans aucun doute être ressentie dans divers services essentiels. Les utilisateurs du transport en commun devraient être les plus touchés. 

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Cela fait neuf ans que le prix du ticket d’autobus n’a pas subi de majoration. Mais cette tendance devrait s’interrompre avec la récente hausse du tarif du carburant. Ce ne serait plus qu’une question de temps. Une augmentation entre Rs 2 et Rs 10 serait envisagée. 

Avant même cette dernière hausse du prix de l’essence et du diesel, le ministre du Transport Alan Ganoo avait laissé présager une majoration du tarif du ticket d’autobus. Dans une déclaration accordée au Défi Quotidien le 15 février, il avait dit être pleinement conscient des difficultés financières des opérateurs, annonçant dans la foulée une hausse du prix du ticket d’autobus comme mesure de soutien envers le secteur du transport en commun. 

Des travaux ont déjà commencé en ce sens l’année dernière. C’est le Fare Review Committee de la National Land Transport Authority qui est officiellement mandaté pour se pencher sur la question. Selon une source proche du dossier, la première ébauche préconise une hausse de Rs 2 à Rs 3. 

Cependant, au niveau du ministère, le chiffre avancé est loin d’être le même. Une augmentation d’au moins Rs 10 serait préconisée. 

Que pensent les opérateurs d’autobus au sujet de la hausse du prix du carburant ? Du côté de l’United Bus Services, son Chief Executive Officer (CEO), Swaleh Ramjane, fait ressortir que bien que la dernière augmentation du ticket d’autobus remonte à 2013, le gouvernement a énormément soutenu le secteur à travers des subsides. « Ces aides nous permettent de joindre les deux bouts », précise-t-il. 

Mais il se dit conscient que la donne risque de changer encore plus avec l’entrée en opération du Metro Express à Curepipe. « Nos recettes ont baissé de 40 % depuis le premier confinement. Avec le métro, il est évident que nous serons directement impactés », soutient-il. 

Sunil Jeewoonarain, secrétaire de la Mauritius Bus Owners Cooperative Federation, estime que la situation est plus dramatique. « Nous n’avons pas droit à la même considération des autorités que les grandes compagnies d’autobus. Si une hausse du prix du ticket n’intervient pas rapidement, plusieurs opérateurs individuels iront vers une mort certaine », prévient-il. 

Van scolaire : une majoration de Rs 250 envisagée 

Le porte-parole de l’Association des vans scolaires plaide pour l’introduction d’une hausse de Rs 10 par jour sur le tarif, ce qui ferait environ Rs 250 par mois. 

« Je n’essaie pas de lancer un mot d’ordre, mais je conseille à nos membres d’appliquer une hausse de ce montant. Nous sommes conscients des difficultés des parents qui sont de plus en plus affectés par la cherté de la vie et c’est pour cela que nous ne voulons pas imposer de hausse exagérée », explique Shameem Sahaduth.

Il ajoute que les propriétaires des vans scolaires peuvent faire des arrangements avec les parents afin que ces derniers ne soient pas trop embarrassés financièrement.

Le CEB pas épargné 

Maintenant que le prix du carburant a augmenté, doit-on redouter une hausse un tarif de l’électricité ? La décision relève de la politique gouvernementale, mais certains techniciens du Central Electricity Board (CEB), interrogés par Le Défi Quotidien, admettent que l’organisme n’est pas épargné par la hausse du prix du carburant. 

« Il ne faut pas oublier que le CEB dépend énormément de l’huile lourde pour faire fonctionner ses centrales », fait-on remarquer. Une autre source au niveau de l’organisme fait ressortir que la dernière hausse du prix de l’électricité remonte à 2010 et que le gouvernement actuel a régulièrement fait des efforts pour venir en aide à ceux se trouvant au bas de l’échelle. 

Cette mesure a été rendue possible grâce aux milliards de roupies de profits réalisés par le CEB. Cependant, le dernier bilan de l’organisme en date de l’année financière 2018-19 indique une baisse des profits. Ils ont en effet chuté de 77 %. L’organisme a dû se contenter de Rs 444,7 millions de profits. 

« This was essentially due to an increase in fuel oil prices for both HFO 180cst and HFO 380cst, as well as the depreciation of the Mauritiuan Rupee against the USD. A significant increase in depreciation and amortization expense on account of a revaluation exercise carried out as at 30 June 2018 for Property, Plant & Equipment owned by the CEB, also contributed to the drastrc fall in reported profit », peut-on lire dans le dernier rapport annuel du CEB. 


Questions à… Manisha Dookhony, économiste : « Le gouvernement pourrait suspendre certaines taxes, du moins pour une certaine période » 

n Cette hausse du prix du carburant est-elle justifiée, si on tient compte du contexte international ? 
Nous savons que le prix du pétrole a crû et qu’il augmentera encore probablement avec l’incertitude bien entamée entre la Russie et l’Ukraine. Il fallait donc dans cette optique s’attendre à une hausse du prix du carburant. 

En revanche, ce qui est moins compréhensible, c’est le prix d’achat et le prix vendu à la pompe. Le prix de l’essence comprend une Excise Duty, sans compter d’autres contributions spéciales, notamment pour les projets routiers, le vaccin contre le coronavirus et le COVID-19 Solidarity Fund. Je pense donc qu’au vu de la situation économique et de la dépréciation de la roupie, le gouvernement pourrait suspendre certaines taxes, du moins pour une certaine période.

Doit-on s’attendre à un appauvrissement de ceux au bas de l’échelle ? 
C’est ce qui risque en effet de se produire s’il n’y a aucun accompagnement social. Il faut des mesures, comme la suspension de certaines taxes. L’augmentation du prix de l’essence et du diesel est un véritable cercle vicieux. De nombreux services qui dépendent du carburant se retrouveront avec des coûts de production additionnels.

 

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