L’usage du cannabis à des fins thérapeutiques ne semble pas convaincre le Premier ministre. Pravind Jugnauth répondait à une Private Notice Question du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Le chef du gouvernement pourrait cependant revoir sa position, à la lumière des recommandations de la World Health Organisation qui sont attendues.
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Les différents arguments présentés par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, en vue d’assouplir la loi et la position du gouvernement sur le cannabis, n’ont visiblement pas convaincu le Premier ministre. Pravind Jugnauth a indiqué plusieurs fois qu’il n’est définitivement pas un partisan de ce plant.
À l’heure des questions supplémentaires, le leader de l’opposition a demandé au chef du gouvernement s’il était disposé à autoriser les patients mauriciens, souffrant de maladies, comme l’épilepsie, le VIH et le cancer, à avoir recours au cannabis à des fins thérapeutiques. Le chef de l’opposition a soutenu son argument en affirmant que pas moins de 41 pays ont déjà emprunté cette voie.
Mais Pravind Jugnauth ne partage pas l’avis de Xavier-Luc Duval et dit qu’il y a quelques pays qui autorisent le traitement médical à base de cannabis, mais que ce type de traitement fait toujours l’objet de recherches par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). En sus, selon Pravind Jugnauth, ces recherches ne sont même pas à un « infant stage », mais à un « baby stage ».
Le chef du gouvernement a aussi insisté sur un point précis : « L’Organisation mondiale de la Santé n’a fait aucune recommandation pour que le cannabidiol soit utilisé à des fins médicales ». Il concède cependant que certaines études sur des animaux et des êtres humains montrent des « therapeutic values ». Mais on est à un stade prématuré, a fait comprendre Pravind Jugnauth. Un comité d’expert de l’OMS mènerait en juin des travaux sur le cannabis. Le gouvernement attend les recommandations de l’OMS pour définir sa position.
Pravind Jugnauth a également été confronté à une correspondance du Cardinal Maurice Piat et de Monseigneur Ian Ernest, qui ont demandé à l’État de revoir sa position concernant sa politique sur la drogue et le traitement accordé aux toxicomanes.
Mais là encore, le PM a préféré camper sur sa position, en affirmant que le traitement pour les toxicomanes existe déjà. « Nous sommes aussi en train d’attendre les recommandations de l’OMS à ce sujet et nous agirons en conséquence », a-t-il ajouté.
Un autre point abordé par Xavier-Luc Duval lors de cette PNQ : le certificat de moralité. Le leader de l’opposition plaide pour que ce certificat ignore le fait qu’une personne ait été arrêtée pour possession de cannabis pour sa consommation personnelle.
Sur ce point, dans un premier temps, Pravind Jugnauth a expliqué que la loi ne fait pas provision pour la consommation de cannabis et prend uniquement en considération de délit de possession de cannabis. Ainsi concernant un changement de position concernant le certificat de moralité, le Premier ministre dit que le sujet devra être discuté et qu’il incombera au Conseil des ministres de décider.
Le PM pourrait se laisser convaincre...
À l’Hôtel du gouvernement, on est d’avis que le Premier ministre reste farouchement contre le cannabis à des fins récréatives. Mais il pourrait se montrer plus ouvert sur la question s’il venait à être convaincu par des éléments scientifiques.
1 440 personnes mises à l’amende entre 2014 et 2017
2 336 personnes ont été arrêtées et accusées provisoirement sous la Dangerous Drug Act, du 1er janvier 2014 au 31 décembre 2017. C’est ce qu’a révélé le Premier ministre. De ces 2 336 personnes, 1 513 ont été condamnées. 1 440 d’entre eux ont été mis à l’amende. Pravind Jugnauth a ajouté que dans le cas de possession de cannabis, la situation de l’accusé et le casier judiciaire sont pris en considération par le magistrat.
Réactions
Jack Bizlall :
« Le Premier ministre n’aura pas d’autre choix que d’amender la loi s’il faut dépénaliser le cannabis a des fins thérapeutiques. » Le Cannabis Legalisation and Informative Movement ,qui milite pour la légalisation du cannabis veut aussi informer le public sur les bons et les mauvais côtés du cannabis. Je pense que le rapport de l’OMS proposera la légalisation du cannabis à des fins thérapeutiques. « J’espère siéger s’il y a un comité, afin de participer à certaines décisions sur les procédures. »
Il propose aussi que le rapport sur le cannabis soit officiel avant le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, car selon lui, Paul Lam Shang Leen est un anti-cannabis.
Jameel Peerally :
« Si l’OMS décide d’autoriser le cannabis à usage médical, le Premier ministre n’aura pas d’autre choix que de dépénaliser. Le cannabis peut guérir. Cela a été prouvé dans plusieurs pays. Certaines personnes prennent des médicaments qui ont des effets secondaires. »
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