Actualités

Cancer: se faire soigner avant qu’il ne soit trop tard

15 millions de décès dans le monde chaque année, soit un mort toutes les deux secondes. Le cancer tue de plus en plus. La journée mondiale de la lutte contre le cancer, observée le 4 février, met l’accent sur la prévention, le dépistage précoce et le traitement rapide, afin de réduire le taux de morbidité lié à ce fléau. 2387 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés en 2014 à Maurice, soit 1 068 chez les hommes et 1 319 chez les femmes, indique le Dr Mokshda Dauharry-Gunness, cancérologue au ministère de la Santé. Ces chiffres, compilés par le National Cancer Registry, révèlent une hausse de 13 % et 1,4 % respectivement dans les deux cas. Les cancers les plus communs chez les hommes : colorectal (de l’intestin - 130 cas, 13,3 %) ; prostate (112 cas, 11,5 %) ; poumon (100 cas, 10,3 %) ; bouche et gorge (65 cas, 6,7 %) et estomac (59 cas, 6,1 %). Du côté des femmes, les plus répandus sont : sein (491 cas, 38,9 %) ; colorectal (115 cas, 9,1 %) ; col de l’utérus (99 cas, 7,9 %) ; utérus (63 cas, 5 %) et ovaire (44 cas, 3,5 %). La spécialiste précise que le cancer touche toutes les tranches d’âge et toutes les catégories de personnes, indépendamment de leur couche sociale. « En revanche, nous avons aussi constaté qu’avec le vieillissement de la population, le nombre de cas de cancer est en train d’augmenter. Les cancers les plus rares chez nous sont ceux du cerveau, des muscles (sarcomes), du rein, de la peau, de la thyroïde, de l’anus et du foie. Ces derniers temps, nous avons constaté une hausse des cas de cancer du foie, surtout chez les personnes qui consomment beaucoup d’alcool », indique-t-elle. Si les causes exactes du cancer demeurent encore inconnues jusqu’ici, plusieurs facteurs de risque ont été identifiés :
  • L’abus d’aliments riches en graisse et en sucre
  • L’insuffisante consommation de fruits et de légumes
  • L’obésité
  • Le manque d’activité physique et la sédentarité
  • L’abus d’alcool et de tabac
  • La surexposition aux rayons UV
  • L’exposition à la fumée de cigarettes, aux produits chimiques tels que l’amiante (utilisée dans la construction), l’arsenic (consommation d’eau contaminée ou de boissons préparées à partir d’eau contaminée) et la fumée émanant des véhicules
  • L’infection par certains virus, bactéries et parasites.
Le Dr Dauharry-Gunness ajoute que notre alimentation a un lien direct avec le cancer, surtout le fait de consommer trop de gras, qui mène à l’obésité. D’ailleurs le lien entre l’obésité et le cancer du sein a été établi, précise-t-elle. « Le fait de manger moins de fibres favorise le cancer colorectal, tout comme manger trop épicé à long terme. Consommer trop souvent des grillades augmente aussi le risque de développer ce type de cancer », fait-elle ressortir.

20 % des cas dus au tabagisme

À ce jour, il n’y a aucune étude qui confirme le lien direct entre les pesticides et le cancer. Les recherches ont permis jusqu’ici seulement de dresser l’association entre ces produits chimiques et cette maladie. « En fait, il faut s’inquiéter davantage du tabagisme puisque le lien entre le cancer et le tabac a été établi. 20 % des cas de cancers sont dus au tabagisme. 70 % des cas de cancer des poumons sont liés au tabagisme. Néanmoins, les pesticides sont nuisibles à la santé et ce sont les planteurs eux-mêmes qui y sont les plus exposés. Ils peuvent avoir des problèmes de peau à force de manipuler ces produits, tels que les dermatites de contact », souligne la spécialiste, ajoutant qu’il faut bien laver les légumes et fruits, au moins trois fois, à l’eau courante avant de les consommer. Concernant la prise en charge, ce sont normalement les chirurgiens qui réfèrent les patients atteints de cancer, une fois leur maladie diagnostiquée, à l’unité de cancérologie. Le personnel fait alors une évaluation de base pour déterminer le stade de la maladie. Il effectue des prises de sang et des examens radiologiques. Un bilan complet de l’état du patient est aussi effectué, au cas où il souffrirait d’autres soucis de santé.
« Nous nous entretenons ensuite avec ses proches pour les informer de la situation et des possibilités de traitement. La plupart sont disponibles chez nous, sauf la greffe de la moelle osseuse pour la leucémie et ce n’est pas dans tous les cas qu’elle est indiquée », précise la cancérologue.

Centre spécialisé

Un centre spécialisé pour cancer sera bientôt opérationnel. Basé à l’ancienne clinique MedPoint, il accueillera tous les malades qui ont besoin de traitements plus poussés.

<
Publicité
/div>

Maladie taboue

C’est malheureux de constater que la plupart des malades qui viennent de l’avant pour se faire soigner le font assez tardivement, soit à un stade avancé de la maladie, regrette Dr Dauharry-Gunness. Elle soutient que le cancer demeure malheureusement toujours tabou pour certains patients qui ont peur du qu’en dira-t-on. D’autres ont des appréhensions pour se faire soigner. Les mythes entourant le cancer n’arrangent guère les choses, lance-t-elle. « Certains malades sont persuadés que se soumettre à une intervention pour enlever la tumeur provoquera sa propagation. D’autres pensent qu’on meurt automatiquement du cancer alors que les traitements sont disponibles de nos jours. Il y a un gros travail de sensibilisation à faire à ce niveau », souligne-t-elle.

Conseils de prévention

  • Soyez des consommateurs avisés
  • Revoyez votre mode de vie en adoptant une hygiène de vie saine
  • Pratiquez de l’activité physique régulièrement – au moins trente minutes de marche rapide par jour
  • Limitez votre consommation de gras et de barbecue
  • Privilégiez les fruits et légumes
  • Cessez de fumer
  • Limitez votre consommation d’alcool
  • Accordez-vous des moments de détente pour combattre le stress qui est un autre facteur de risque associé au cancer.

Les traitements disponibles

  • La chimiothérapie: administration de médicaments par voie intraveineuse ou orale
  • La radiothérapie: traitement par l’émission des rayons X pour des cancers localisés et pour traiter certaines complications.
  • Traitement hormonal pour le cancer du sein et celui de la prostate.
  • Target Therapy: traitements spécifiques pour des cas de cancer particuliers.

 
 

Shalinee Peerthy, vice-présidente de l’association CANMA: «La situation est inquiétante»

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"10232","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-17119","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"350","height":"450","alt":"Shalinee Peerthy"}}]] « La sensibilisation est plus que jamais de mise afin d’encourager le dépistage précoce du cancer. C’est la mission principale de notre association, même si nous sommes un petit groupe, avec des moyens limités. La situation est inquiétante par rapport à la prévalence du cancer, que ce soit à Maurice ou dans le monde », souligne Shalinee Peerthy, vice-présidente de CANMA. Faisant un plaidoyer pour les malades, elle est d’avis que ce serait une bonne chose de prendre les actions qui s’imposent pour que l’attente soit moins longue pour les patients qui se rendent à l’unité de cancérologie pour des traitements. « D’autres patients se plaignent du fait que les soins et services dont ils ont besoin ne soient pas centralisés à l’unité de cancérologie. Les patients ont aussi besoin d’un meilleur encadrement psychologique, tout comme leurs proches. Lorsqu’une personne est atteinte de cancer, c’est toute sa famille qui en est affectée », ajoute-t-elle.  
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !