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Il y a cinq ans, le cancer infantile était une catastrophe à Maurice. Aujourd’hui, grâce à des avancées majeures, le taux de survie a atteint 71 %. Une meilleure prise en charge et des collaborations internationales renforcent l’espoir d’atteindre 80 % très bientôt.
Il y a cinq ans, un sombre tableau se dessinait pour les enfants atteints de cancer à Maurice. Le taux de survie plafonnait sous la barre des 30 %, laissant familles et soignants dans un combat qui semblait perdu d’avance. Mais aujourd’hui, à la fin de l’année 2024, une lueur d’espoir : 71 % des jeunes patients triomphent désormais de la maladie. Grâce, notamment, à des améliorations significatives dans tous les départements concernés.
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Ce bond spectaculaire fait naître un sourire empli d’émotion sur le visage de Karan Juglall. Fondateur et directeur exécutif de l’association Enn Rev Enn Sourir, cet homme aux multiples casquettes - membre de SIOP Africa, de CCI et consultant pour le Child Cancer Scheme - contemple avec une fierté à peine dissimulée le chemin parcouru.
Chaque aspect de la prise en charge est désormais sous contrôle, explique-t-il. « Nous sommes capables de répondre à toute interrogation en quelques minutes, voire en quelques heures tout au plus. » Une véritable révolution dans l’approche.
L’une des avancées les plus significatives, souligne-t-il, réside dans la nouvelle philosophie d’inclusion totale : « Il n’y a plus de discrimination : chaque enfant bénéficie des soins les plus avancés en fonction de sa situation. L’ONG Enn Rev Enn Sourir, qui collabore avec le gouvernement, joue un rôle central dans ce projet. »
Derrière cette transformation se cache une stratégie d’alliances internationales savamment orchestrée. L’organisation mauricienne s’est arrimée à deux géants mondiaux de l’oncologie pédiatrique : d’une part, la Société internationale d’oncologie pédiatrique (SIOP), véritable creuset où se rencontrent équipes scientifiques, médecins et travailleurs sociaux du monde entier ; d’autre part, Childhood Cancer International (CCI), qui tisse un réseau entre soignants, travailleurs sociaux, parents et ceux qui ont vaincu la maladie.
Cette affiliation permet d’encadrer les patients et leurs familles avec l’expertise des plus grands professionnels du domaine, poursuit Karan Juglall.
Le regard tourné vers l’avenir, il se projette déjà vers de nouveaux horizons. « Si ce travail continue sur cette lancée, nous atteindrons bientôt un taux de survie de 80 %. Toutefois, pour y parvenir, il est essentiel d’intensifier la sensibilisation du public, notamment sur les premiers signes du cancer chez l’enfant, de renforcer la formation des pédiatres et soignants, et d’employer un oncologue pédiatrique », fait-il comprendre.
Cette vision culminera, affirme-t-il avec détermination, avec la création d’une unité spécialisée en oncologie pédiatrique sur le sol mauricien, où le dépistage précoce et la prise en charge optimale permettront de transformer encore plus de larmes en sourires, de désespoir en espérance.
Des données cruciales pour améliorer la détection précoce
Le programme de prise en charge du cancer infantile repose sur un suivi rigoureux des données :
- Types de cancer diagnostiqués
- Tranches d’âge et sexe des patients
- Localisation des cas
- Détection précoce ou tardive
- Rapports quotidiens, hebdomadaires, mensuels et trimestriels, incluant les aspects médicaux et sociaux des patients et de leurs familles
Cartographie : une approche régionale pour sauver des vies
L’examen de la distribution géographique des cas de cancer chez les enfants à Maurice révèle un tableau nuancé qui pourrait orienter les futures politiques de santé publique. La région des Plaines-Wilhems concentre près d’un quart (23 %) des cas diagnostiqués. Flacq occupe la deuxième position avec 11 % des cas recensés, tandis que Rodrigues et Rivière-Noire présentent chacune une prévalence de 4 %.
Cette cartographie minutieuse n’est pas un simple exercice statistique, explique Karan Juglall. Il illustre son propos par un scénario concret : si Port-Louis affiche un taux de mortalité élevé, ces données deviendraient un catalyseur pour l’action gouvernementale, justifiant un renforcement stratégique des infrastructures de détection précoce et de traitement dans les établissements de santé de la capitale, qu’ils soient publics ou privés. « Détecter un cancer infantile à un stade précoce permet d’atteindre un taux de réussite de 80 % dans le traitement complet », précise-t-il.
Au-delà de son utilité immédiate pour orienter les ressources médicales, cette analyse géographique ouvre la voie à des investigations scientifiques plus profondes. Elle permet d’explorer les facteurs environnementaux potentiellement cancérigènes qui pourraient varier d’une région à l’autre : exposition aux insecticides dans les zones agricoles, proximité avec des sources de radiations, ou concentration particulière d’ondes électromagnétiques dans certains secteurs.
Une initiative particulièrement prometteuse avait été proposée avant les dernières élections générales, rappelle Karan Juglall. Cette proposition visait à obtenir l’aval du ministère de la Santé pour lancer un programme national de dépistage des maladies génétiques. L’ambition de ce projet : identifier, au sein des familles déjà touchées par le cancer, les enfants porteurs de mutations génétiques les prédisposant à développer la maladie.
Ce projet, qui pourrait sauver de nombreuses vies en permettant une surveillance accrue et des interventions précoces chez les enfants à haut risque, est toujours en cours d’évaluation par les autorités sanitaires.
Types de cancer les plus fréquents en 2024
- En 2024, les cancers infantiles les plus courants ont été :
- Les cancers du sang (leucémie, lymphome de Hodgkin)
- Les tumeurs solides (cancer du cerveau, carcinomes)
- Les sarcomes
- Le rétinoblastome (cancer de l’œil)
- Le cancer des testicules
- Les statistiques récentes révèlent que la répartition entre garçons et filles est relativement équilibrée, avec 48,2 % de garçons et 51,8 % de filles, explique Karan Juglall.
Journée mondiale : mieux comprendre pour mieux agir
Chaque année, 400 000 enfants et adolescents (0 à 19 ans) à travers le monde sont diagnostiqués avec un cancer. À Maurice, la situation est similaire à celle observée à l’échelle mondiale, explique le Dr Vanisha Chummun, cancérologue. La leucémie est la forme la plus fréquente, avec un diagnostic souvent posé entre 2 et 10 ans, bien que la maladie puisse apparaître à tout âge. Parmi les autres cancers infantiles figurent les tumeurs cérébrales et celles de la moelle épinière.
Contrairement aux cancers chez l’adulte, le cancer infantile, dont la Journée mondiale de lutte a été observée le samedi 15 février, n’est pas lié au mode de vie. « Il n’est pas d’origine génétique, mais peut se développer au fil de la croissance », précise la cancérologue. D’où l’importance pour les parents, les enseignants et l’entourage d’être attentifs aux moindres signes.
Quels symptômes doivent alerter ? Certains changements peuvent indiquer un problème sous-jacent :
- Douleurs osseuses fréquentes
- Fatigue persistante chez un enfant habituellement actif
- Perte d’équilibre soudaine
- Saignements inexpliqués au niveau de la bouche et du nez
- Fièvres répétées et ganglions au cou, sous le menton, sous les bras ou au-dessus de la clavicule
« Un enfant ne prêtera sans doute pas attention à ces petits changements ni n’évoquera ces différents symptômes. Il appartient aux adultes de les remarquer et de consulter un médecin. » La cancérologue insiste : ces signes ne signifient pas forcément qu’il s’agit d’un cancer, mais un avis médical est toujours préférable, d’autant plus qu’il n’existe pas de dépistage du cancer chez l’enfant.
Même si certains cancers infantiles sont agressifs, les progrès médicaux permettent aujourd’hui de traiter 80 % des cas avec succès. Un diagnostic précoce et une prise en charge rapide augmentent considérablement les chances de guérison.
Des collaborations internationales pour un avenir prometteur
Depuis 2016, une collaboration s’est tissée entre l’ONG Enn Rev Enn Sourir et le gouvernement mauricien dans la gestion des jeunes patients atteints de cancer. Cette alliance, nourrie par des formations dispensées par des organisations internationales de premier plan, a permis d’accompagner plus de 1 500 enfants au cours de la dernière décennie, transformant leur parcours de soins et leurs perspectives d’avenir.
L’ONG a patiemment construit un réseau international d’envergure, établissant des ponts avec des institutions de renom dans le domaine de l’oncologie pédiatrique : aux États-Unis, le Texas Children’s Hospital et le St Jude Children’s Hospital ; en Inde, le trio de référence formé par Apollo, Manipal et Fortis ; et en Afrique du Sud, le réputé Charlotte Maxeke Johannesburg Hospital.
L’année 2025 s’annonce comme un tournant, avec l’ouverture de négociations entre Enn Rev Enn Sourir et les autorités mauriciennes. L’objectif ? Accueillir sur le sol national ces experts pour jeter les fondations d’un service d’oncologie pédiatrique. Cette ambition s’inscrit dans une vision à plus long terme : la création d’un hôpital entièrement dédié aux enfants. Les préparatifs vont bon train, avec une visite de site planifiée qui ouvrira la voie à des opportunités d’investissement substantielles et à des partenariats stratégiques.
En parallèle, consciente que la bataille contre le cancer se joue aussi sur le terrain de l’information, l’organisation prépare une campagne de sensibilisation d’envergure nationale. Cette initiative vise à disséminer des connaissances cruciales à travers tout le territoire, armant familles et communautés des informations nécessaires pour une détection précoce et une meilleure compréhension de la maladie.
« C’est une véritable bénédiction que l’association a reçu, en 2020, le feu vert pour se former dans ce domaine, établir des contacts et porter la voix des enfants atteints de cancer », affirme Karan Juglall. Il reconnaît la réceptivité des autorités qui ont entendu les appels à l’action et initié des changements significatifs. Mais, insiste-t-il, il est impératif de poursuivre ces efforts pour améliorer encore davantage la prise en charge du cancer infantile à Maurice.
Lutte contre le cancer : Hommes et femmes inégaux face au dépistage
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Le cancer touche autant les hommes que les femmes à Maurice, mais le dépistage reste inégal. La cancérologue Dr Vanisha Chummun souligne l’importance d’une sensibilisation accrue, notamment chez les hommes, afin de détecter la maladie plus tôt et améliorer les traitements.
À Maurice, le cancer ne fait aucune distinction de genre, frappe avec une égale intensité chez les hommes et les femmes. Pourtant, un fossé persiste dans la détection précoce de ce mal insidieux, révèle le Dr Vanisha Chummun, cancérologue. « La sensibilisation reste notre arme la plus puissante », affirme-t-elle avec conviction, « particulièrement auprès de la population masculine. »
Maurice suit la tendance mondiale en matière de cancer, selon la cancérologue. Le cancer du sein, notamment, atteint les Mauriciennes avec une fréquence supérieure à la moyenne internationale. Cependant, elle tient à dissiper un malentendu persistant : « Contrairement aux idées reçues, le nombre total de cas ne présente pas de déséquilibre marqué entre hommes et femmes à Maurice. »
Cette apparente parité cache toutefois une disparité dans les pratiques de dépistage. Alors que les femmes ont intégré les examens préventifs dans leur routine de santé, les hommes sont plus réticents à participer aux campagnes de dépistage. Cependant, dans ce tableau contrasté, le National Cancer Registry a enregistré un repli des nouveaux cas en 2023 comparativement à l’année précédente, ce qui peut être perçu comme un signe encourageant.
Dépistage ciblé
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La spécialiste récuse fermement l’idée d’une « féminisation » du cancer, malgré des statistiques qui montrent une prévalence plus élevée chez les femmes. La différence résiderait essentiellement dans les stratégies de dépistage. Les femmes bénéficient d’examens ciblés – mammographies, échographies, frottis – adaptés aux cancers qui les touchent spécifiquement, notamment ceux du sein et du col de l’utérus.
Ces méthodes ont prouvé leur efficacité, notamment pour le cancer du sein, où les campagnes de sensibilisation ont porté leurs fruits.
« C’est remarquable de voir comment, aujourd’hui, des femmes de tous horizons et de tous âges sont capables d’identifier les signaux d’alerte », souligne le Dr Chummun. La présence d’une grosseur, des rougeurs ou des inflammations sur la peau du sein – autant de signes que les Mauriciennes ont appris à ne pas ignorer. « Elles savent désormais que face à une anomalie, consulter rapidement peut faire toute la différence. »
Défis du dépistage chez les hommes
Du côté masculin, une évolution positive semble se dessiner. Le Dr Chummun observe une recrudescence des diagnostics de cancers colorectaux et de la prostate. Cette hausse apparente reflète, en réalité, une vigilance accrue du corps médical et une sensibilisation plus efficace. Les médecins proposent désormais systématiquement des tests de dépistage face à certains symptômes évocateurs.
Pourtant, les tabous entourant le dépistage du cancer demeurent plus tenaces chez les hommes*. La culture du déni reste profondément ancrée, déplore la cancérologue. « Beaucoup s’accrochent à l’idée que leurs symptômes disparaîtront d’eux-mêmes. » Cette minimisation, souvent fatale, permet à la maladie de progresser dans l’ombre. « Je vois régulièrement des patients qui refusent d’admettre leur perte de poids ou la détérioration de leur état. »
Diagnostic tardif
Le défi majeur réside dans la nature même de nombreux cancers, qui restent asymptomatiques jusqu’à un stade avancé. Cette caractéristique explique pourquoi, à l’échelle mondiale, 40% des diagnostics interviennent au stade 4, lorsque les options thérapeutiques deviennent plus limitées et plus agressives. C’est un cercle vicieux : « La plupart des patients présentant des symptômes anormaux attendent qu’ils disparaissent, mais pendant ce temps, le cancer se propage inexorablement. Et lorsqu’ils se décident à consulter, le cancer est déjà au stade 4. »
Le cancer du rein illustre parfaitement cette problématique. Qu’il touche un homme ou une femme, ce type de cancer reste particulièrement difficile à détecter et ne bénéficie d’aucun test de dépistage spécifique.
« Ce cancer est rarement découvert aux stades 1, 2 ou 3, car le rein est bien dissimulé dans l’abdomen, entouré par d’autres organes », précise la spécialiste. Ce n’est souvent qu’à un stade avancé, lorsque la maladie se propage aux poumons ou aux os, que les symptômes deviennent apparents, tels que des douleurs osseuses ou une toux persistante.
Face à ce tableau complexe, le Dr Chummun insiste : la sensibilisation et le dépistage régulier constituent notre meilleure ligne de défense, tant pour les hommes que pour les femmes. Une détection précoce transforme radicalement les perspectives de guérison et la qualité de vie des patients. Dans cette guerre contre le cancer, la vigilance et la prévention restent nos armes les plus efficaces.
*NdlR : Pour la rédaction de ce dossier, nous avons tenté, sans succès, de recueillir des témoignages de patients hommes.
Quand faire un test de dépistage ?
Il n’y a pas d’âge spécifique pour effectuer un test de dépistage du cancer. Tout dépend du type de cancer concerné. Pour le cancer du sein, la médecine recommande aux femmes entre 40 et 75 ans de s’engager dans un parcours de dépistage régulier. Cependant, en présence d’antécédents familiaux, la mammographie est conseillée plus tôt en raison de la prédisposition génétique.
Au-delà des calendriers préétablis, le Dr Chummun insiste sur une vérité fondamentale : notre corps nous parle, encore faut-il savoir l’écouter. Cette connaissance intime de notre physiologie devient notre première ligne de défense contre la maladie sournoise. Une perte de poids, sans effort sportif ni restriction alimentaire, ne doit pas être considérée comme normale, mais plutôt comme un signal d’alerte. Il en va de même pour toute présence de sang dans les urines ou les selles. La spécialiste attire également l’attention sur ces troubles intestinaux qui oscillent entre diarrhée et constipation.
Toute grosseur, qu’elle se niche au niveau du cou, sous les aisselles, dans le sein ou entre les jambes, mérite notre attention la plus vive si elle persiste au-delà d’un mois. Cette même règle s’applique à tout symptôme persistant pendant un mois, comme une toux qui défie les sirops et les antitussifs. « Le dépistage dépend du type de cancer et des symptômes ressentis », explique-t-elle.
Vaccination contre le HPV : une protection essentielle
Le programme national de vaccination contre le virus du papillome humain (HPV) a été lancé à Maurice en 2016. À l’origine, il ciblait uniquement les filles de 9 ans dans les écoles publiques et privées. En 2023, il a été étendu aux garçons âgés de 9 à 15 ans.
Le HPV est responsable de plusieurs cancers, dont celui du col de l’utérus. « Plus de 25 % des cancers liés au HPV concernent les hommes », précise également le Dr Chummun. C’est pourquoi il est essentiel que filles et garçons soient vaccinés dès l’âge de 9 ans.
Grâce à cette vaccination, le cancer du col de l’utérus pourrait être éradiqué dans les années à venir. « Dans plusieurs pays européens, où la vaccination de masse a été intégrée au calendrier vaccinal, l’incidence de ce cancer est presque nulle », affirme la cancérologue.
Moyens de prévention d’un cancer
Le cancer colorectal est l’un des cancers les plus courants, touchant aussi bien les hommes que les femmes. « Ce type de cancer est principalement lié à l’alimentation, notamment à une consommation excessive de viandes rouges », explique le Dr Chummun. D’autres facteurs de risque, tels que la prédisposition génétique et l’obésité, sont également à prendre en compte.
Les recherches médicales montrent qu’environ 50 % des cancers détectés chaque année pourraient être évités en adoptant une meilleure hygiène de vie. Parmi les recommandations essentielles : ne pas fumer et limiter la consommation d’alcool. « Réduire la consommation de boissons alcoolisées permet de diminuer le risque de cancers du sein, du côlon, de la bouche, du foie, de l’œsophage et de l’estomac », souligne-t-elle.
Elle précise également que les grands consommateurs d’alcool et de tabac ont un risque de cancer de la bouche 45 fois plus élevé que les non-fumeurs et non-buveurs. À noter que toutes les boissons alcoolisées présentent un risque équivalent en matière de cancer.
Maintenir un poids santé est un autre levier important de prévention : éviter le surpoids ou l’obésité permettrait de réduire le risque de 14 types de cancers, dont ceux de la prostate, des ovaires, des reins, du cerveau (méningiome), de la vésicule biliaire, de l’utérus, de la thyroïde, du sein, du côlon, ainsi que certains cancers hématologiques (myélome).
Par ailleurs, pratiquer une activité physique régulière contribue à réduire le risque de cancer du sein, du côlon et de l’utérus. Il est recommandé d’exercer une activité physique au moins 30 à 45 minutes, six jours par semaine.
Enfin, alors que le pays connaît une période de sécheresse et de fortes chaleurs, le Dr Chummun met en garde contre les dangers d’une exposition excessive au soleil, qui peut provoquer un cancer de la peau ou un mélanome (autre type de cancer de la peau, traité différemment). Elle recommande ainsi d’éviter l’exposition solaire entre 10 h et 16 h, lorsque les rayons ultraviolets sont les plus intenses. Pour ceux qui doivent impérativement s’exposer, il est conseillé d’appliquer une crème solaire avec un indice de protection (SPF) d’au moins 50, de porter un chapeau couvrant le visage et le cou, ainsi que des vêtements à manches longues.
Le cancer au masculin : briser le mur du silence
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Face au cancer, hommes et femmes ne sont pas égaux – non pas dans leur vulnérabilité à la maladie, mais dans leur approche du dépistage. Un constat qui préoccupe Cindy Miguel, Program Assistant chez Link to Life, qui observe quotidiennement cette réalité troublante.
Le cancer masculin reste enveloppé d’un voile de silence, déplore-t-elle. « Le cancer chez les hommes est encore un sujet tabou pour certains. Certains n’osent pas dire qu’ils souffrent en raison de ce tabou. » Cette réticence s’enracine dans un entrelacs complexe de facteurs : la peur paralysante d’un diagnostic redouté, un manque criant d’informations sur l’importance du dépistage précoce, et des obstacles persistants dans l’accès aux soins.
Le tabou s’intensifie particulièrement lorsqu’il s’agit de la santé intime masculine. Prenons l’exemple du cancer de la prostate : bien que le dépistage initial se limite à une simple prise de sang, la perspective d’un éventuel toucher rectal, dépendant des résultats, suffit à tenir certains hommes éloignés des centres de dépistage. « Les stéréotypes liés à la virilité et à la santé masculine créent une barrière invisible mais puissante entre les hommes et leur santé, un frein à la consultation médicale », observe Cindy Miguel.
Plus préoccupant encore, de nombreux hommes relèguent leur santé au second plan, privilégiant leur vie professionnelle. L’agenda surchargé devient alors un alibi commode pour reporter, encore et encore, les tests de dépistage pourtant cruciaux, quel que soit le type de cancer. Ce n’est souvent qu’au crépuscule de leur vie professionnelle, passée la soixantaine, que la vigilance s’éveille enfin, particulièrement concernant le cancer de la prostate. C’est alors que les hommes se soumettent plus régulièrement à des bilans de santé.
Cindy Miguel insiste : le dépistage régulier devrait être aussi naturel que se brosser les dents, surtout pour ceux dont l’histoire familiale est marquée par le cancer. Elle note le contraste saisissant avec les femmes, plus promptes à consulter au moindre signal d’alarme, tandis que les hommes ne réagissent souvent qu’après avoir été confrontés à la maladie dans leur entourage.
Sur le terrain, Link to Life ne reste pas les bras croisés. L’organisation déploie des campagnes ciblées de sensibilisation et de dépistage, proposant notamment deux examens essentiels : le test PSA (Prostate Specific Antigen), une prise de sang pour détecter le cancer de la prostate, et le test FOB (Fecal Occult Blood Test), analysant les selles pour traquer le cancer du côlon. Cindy Miguel souligne, cependant, que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la prévention et l’accès aux tests précoces.
L’ONG multiplie les initiatives, investissant entreprises et centres communautaires. Mais pour Cindy Miguel, l’effort doit être collectif afin d’en renforcer l’impact. Elle lance un appel vibrant aux entreprises, aux centres sociaux et communautaires, aux centres commerciaux et aux médias pour amplifier le message de la prévention. « L’enjeu est de taille : en brisant les tabous et en facilitant l’accès au dépistage, il est possible de sauver des vies et d’améliorer la prise en charge du cancer chez les hommes. Une prise de conscience collective est donc essentielle pour encourager un réflexe de prévention durable », soutient-elle.
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