Le plus jeune économiste titré en France, Camille Landais, est à Maurice pour une série de conférences à l’invitation du Mauritius London School of Economics Trust Fund.
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Lors d’une causerie, le jeudi 27 octobre à l’hôtel du gouvernement, il a partagé son analyse en tant qu’économiste. Il a conclu sur une recommandation : « Maurice ne doit pas s’engager dans la même voie tracée par d’autres juridictions, taxées aujourd’hui de ‘paradis fiscaux’. Il vous faut s’assurer de ne pas instaurer un environnement qui sera taxé de paradis fiscal par d’autres, par exemple, à travers des exemptions fiscales pour attirer des gestionnaires de fortunes ».
« Les pays occidentaux sont de plus en plus vigilants sur les questions fiscales, surtout depuis que les grands groupes s’installent dans des centres financiers pratiquant de faibles impositions », dit-il. « La moitié des profits réalisés par des entreprises américaines est comptabilisée ailleurs qu’aux États-Unis, à travers des filiales installées à Singapour, au Luxembourg, au Pays-Bas, en Irlande, aux Luxembourg, en Suisse, aux Bermudes et aux îles Caraïbes. La chaîne Starbucks fait des milliards de ventes au Royaume-Uni, pourtant, elle ne paie aucune taxe dans ce pays », souligne Camille Landais.
Les capitaux transitant par les centres offshore ne sont que des revenus passifs. « Les risques sont élevés avec la surspécialisation des centres, vu la volatilité des flux. Les États-Unis et l’Union européenne veulent s’attaquer à ces centres. Il est temps de débattre de cette question », a-t-il ajouté.
« Il existe une corrélation directe entre la performance des services financiers et la croissance du produit intérieur brut. À Singapour, un fléchissement des services financiers entraine avec lui toute la croissance économique de l’île-État. »
Parlant de l’inégalité des revenus, il estime que « Maurice est l’un des rares pays qui a réduit spectaculairement les écarts de revenus après son indépendance».
« Cependant, ces dernières années, le fossé entre riches et pauvres s’est agrandi après des réformes fiscales prises pour encourager la compétitivité. Des études doivent être menées par des experts indépendants pour évaluer les effets réels de ces réformes et peser le pour et le contre sur les inégalités de revenus. »
Camille Landais a aussi attiré l’attention sur un changement trop brusque pour favoriser les auto-entrepreneurs : « La capacité contributive peut s’effriter avec la perte de traçabilité (paper trail). Avec des structures bien établies et des ressources humaines, l’administration fiscale peut collecter des revenus à moindre coût. Cependant, dès qu’on accorde des congés fiscaux aux auto-entrepreneurs, ils ne déclarent plus leurs revenus. Et souvent, ils ne prévoient rien pour leur retraite et ferment boutique à court et moyen termes. L’administration fiscale se retrouve ensuite avec un coût élevé de collecte des taxes», a-t-il ajouté.
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