Le budget qui sera présenté ce vendredi 2 juin est très attendu. Des mesures pour rétablir le pouvoir d’achat sont vivement souhaitées. Et cette année, le grand oral retiendra l’attention des petites et moyennes entreprises. Parole aux entrepreneurs.
Accès au financement
Pour Vinita Luchmun Roy, directrice de Go For Veggies, l’accès au financement est une des mesures principales qu’elle attend du Budget 2023/2024. En effet, son entreprise est spécialisée dans la production des snacks frigorifiés. « Actuellement, je produis à domicile. Avec la demande croissante, j’envisage de construire une usine. Mais pour réaliser ce projet, il me faut un investissement important », explique-t-elle. Pour elle, un prêt à un taux préférentiel lui apportera un coup de pouce.
Des investissements sont également primordiaux pour Karl Lamarque, un plaisancier qui est à son compte. Il est aussi secrétaire de Federation of Pleasure Craft Operators. « Les touristes sont de plus en plus exigeants et on doit constamment assurer un service de qualité. Il nous faut investir dans des bateaux et des équipements », indique-t-il. Il avance lui aussi que des prêts à un taux préférentiel seraient bien accueillis par les entrepreneurs. Même son de cloche du côté de Djoko Ltd, une petite entreprise dans la bijouterie. Son directeur, Ashley Gunness fait ressortir qu’un soutien financier permettra à l’entreprise de répondre aux besoins d’un grand nombre de clients.
Baisse du prix du carburant
Karl Lamarque dépense Rs 2 000 à Rs 3 000 par jour en carburant pour les sorties en mer. « C’est la plus grosse dépense que nous devrons encourir au quotidien. Une baisse du prix d’essence apportera un soulagement. » Ashley Gunness est du même avis. Il offre la livraison et enregistre un manque à gagner à cause du prix du carburant qui est élevé. Selon lui, la baisse du carburant aura un effet domino qui bénéficiera à l’économie. « Le pouvoir d’achat des consommateurs sera amélioré. Ainsi, ils seront en mesure de dépenser sur d’autres produits. »
Augmenter la visibilité
Un des plus gros défis auxquels fait face Vinita Luchmun Roy est le manque de visibilité pour ses produits. Elle s’est lancée dans la production de snacks en février 2022 et la vente se fait principalement par le bouche-à-oreille. « J’aurais souhaité voir dans le Budget des mesures qui me permettent de faire connaître davantage mes produits. Je pense à des expo-ventes et d’autres plateformes... » C’est ce qu’attend également Ashley Gunness. « Les petites entreprises n’ont pas les moyens d'investir dans le marketing et la promotion. Ainsi, on aurait souhaité avoir le soutien du gouvernement à ce niveau. » Il est d’avis qu’un point de vente dédié aux PME à l’aéroport sera bien accueilli. « Le marché local est très limité. Ainsi, les PME mauriciennes doivent cibler les touristes également pour pouvoir progresser », avoue l’entrepreneur. De son côté, Karl Lamarque propose la construction d’une marina pour abriter les bateaux. « Les autorités nous interdisent d’abriter nos bateaux dans le port pendant les intempéries. Ce qui peut avoir un impact sur notre visibilité au regard des clients. Avec une marina, nos bateaux ne seront pas seulement en sécurité, mais aussi visibles », dit-il.
Subsides ou abolition des taxes sur les matières premières
Selon nos interlocuteurs, depuis la pandémie de la Covid-19 et le conflit russo-ukrainien, les prix des matières premières ont pris l’ascenseur. Ce qui mène à une baisse des revenus. Par exemple, Vimla Luchmun-Roy fait observer que les prix des ingrédients utilisés dans la production des snacks ont grimpé. « Des subventions sur les produits de base seront appréciées. Elles soulageront la population dans son ensemble », dit-il. Pour sa part, Ashley Gunness indique que les pierres précieuses qu’il utilise pour produire les bijoux coûtent cher. « Même si on ne peut pas avoir des subventions sur l’achat des matières premières, le gouvernement peut enlever les taxes à l’importation », propose-t-il. De son côté, Karl Lamarque s’attend à des subventions pour faciliter l’achat des équipements de sécurité.
Trois questions à … Maya Sewnath, présidente de SME Chambers : « Les critères d’octroi de prêt à des taux préférentiels doivent être allégés »
Quelle est la situation des PME actuellement ?
Il y a une tornade de problèmes dans le secteur à présent. Les facteurs qui impactent négativement sur nos activités sont nombreux. D’abord, nous avons été confrontés à la dépréciation de la roupie pendant un bon moment. De plus, les taux d’intérêt n’ont pas cessé de grimper. Avec la hausse des salaires en vigueur depuis le début d’année, la situation est devenue encore plus compliquée. Face à cette crise, beaucoup de PME ont dû réduire leurs effectifs voire mettre un frein à leurs opérations. Cependant, certains secteurs connaissent une bonne performance, à l’instar du textile. Les opérateurs enregistrent une hausse dans les commandes. Mais avec un Key Rate élevé, leurs prix demeurent moins compétitifs.
Les mesures annoncées dans le précédent Budget pour les PME ont-elles porté leurs fruits ?
Depuis ces dernières années, il n’y a eu que des effets d’annonces. Par exemple, dans le précédent Budget, des prêts à des taux préférentiels pour les PME ont été annoncés. C’est vraiment encourageant. Mais en réalité, ce n’est pas aussi facile d’avoir accès à ces prêts. Il y a une série de critères pour qu’une PME soit éligible. Par conséquent, de nombreuses PME ont appris que leurs demandes de prêt avaient été rejetées. Si la situation financière d’une PME n’est pas bonne, elle n’aura pas de prêt. Mais sans financement, comment la PME surmontera-t-elle la crise ? D’autre part, le gouvernement avait fait comprendre que les PME recevraient un soutien financier pour le paiement de la compensation salariale de Rs 1 000, mais à ce jour on n’a rien vu venir. Les PME sont obligées de payer la compensation salariale en totalité. Ce qui représente un coût énorme.
Qu’attendez-vous du Budget 2023/2024 ?
D’abord, il faut accorder une attention spéciale aux PME. Si les grandes entreprises ont la capacité de payer la compensation salariale et d’autres hausses des salaires, ce n’est certainement pas le cas pour les PME. Le gouvernement ne peut pas imposer les mêmes mesures sur les PME. Il ne faut pas mettre toutes les entreprises dans le même panier. Nous demandons au gouvernement de prendre en compte notre avis sur certains dossiers. Le prochain Budget doit venir de l’avant avec des mesures appropriées et réalistes pour les PME. D’abord, les critères d’éligibilité pour des prêts à des taux préférentiels doivent être allégés. Il faut aussi trouver des solutions pour pallier le manque de main-d’œuvre. Par exemple, les intérêts sur les prêts peuvent être revus à la baisse. Idem pour le tarif d’électricité.
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