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Budget 2022-2023 - Grand Débat Post-Budgétaire : L’opposition et le GM croisent le fer

Les mesures du Budget ont été décortiquées lors du Grand débat, organisé par le Défi Média Group.

Si les membres du gouvernement sont satisfaits du Budget 2022-2023 du Dr Renganaden Padayachy, les membres de l’opposition n’ont pas été impressionnés. Trois membres de la majorité et trois de l’opposition ont croisé le fer, hier, lors du Grand Débat Post-Budgétaire, animé par Nawaz Noorbux.

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Confettis

L’inflation est le seul fil conducteur du Budget 2022-2023. Tel est l’avis du leader de l’opposition, Xavier Luc Duval, qui ne cache pas sa déception. « Nous avions réclamé des mesures spécifiques pour soulager la population. Une partie a été accordée, mais il y a des problèmes graves comme la drogue, la corruption, entre autres, qui restent entiers. Est-ce qu’il y a eu des changements fondamentaux ? Comme chaque année, le Budget semble être ‘enn mari bidze’. Après trois-quatre mois, on désenchante », déplore Xavier Luc Duval. Il ajoute que dans ce Budget, il y a de nombreuses mesures qui ont été annoncées et qu’il qualifie de « confettis ». « Dans trois mois, la roupie continuera à déprécier, l’inflation va grimper à 15% et l’essence continuera à augmenter. Je n’aime pas qu’on leurre les personnes », déclare le leader de l’opposition. 

Désastre 

Le leader de l’opposition estime que le gouvernement se servira de l’argent (Rs 36 milliards) de la Banque de Maurice pour la concrétisation de ce Budget. « Le gouvernement fait un ‘warchest’ et va dépenser de l’argent quand approcheront les élections. On donne Rs 1 000 aux personnes, mais le ministre Padayachy ne parle pas de subventions sur les produits alimentaires. Est-ce que cela signifie que les personnes vont payer plus cher pour le lait et autres ? Le ministre des Finances a de bonnes intentions, mais l’implémentation est un désastre », soutient Xavier Luc Duval. 

Hypocrisie 

Le Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme et du Logement et des terres, Steven Obeegadoo, dénonce « l’hypocrisie » de l’opposition qui, depuis deux semaines, réclamait la protection du pouvoir d’achat des vulnérables et qu’aujourd’hui, elle souhaite des changements en profondeur. « Le Budget a été présenté dans un contexte très difficile. La priorité est de protéger le pouvoir d’achat, soutenir la demande économique et permettre la relance de la croissance qui est la clé », indique-t-il. Selon Steven Obeegadoo, ce Budget prend en compte tous les citoyens, des pensionnaires aux jeunes, en passant par les employés de la classe moyenne. 

Si Xavier Luc Duval déplore que Maurice ait un ‘recovery rate’ bas contrairement aux Maldives et aux Seychelles, Steven Obeegadoo balaie cela d’un revers de main. Il se dit confiant de pouvoir atteindre un million de touristes cette année. « Nous devons être ambitieux. Le Budget répond au devoir de ce gouvernement envers les personnes vulnérables et se donne les moyens de relancer l’économie », affirme-t-il. 

Chiffres erronés

Reza Uteem, président de la commission économique du MMM, se dit « déçu ». « Le ministre des Finances a lui-même honte de ne pas croire aux chiffres de la Banque de Maurice. Même ses officiers ont prédit que l’inflation passe de 10% et atteint 15%. Si le taux de l’inflation est faussé, tout est faussé. Les projections sont aussi erronées. Ce n’est pas sérieux d’un ministre des Finances », s’indigne ce dernier. 

Priorités 

Pour Maneesh Gobin, Attorney General et ministre de l’Agro-industrie, ce Budget consiste en « getting our priorities right » et est axé sur la sécurité alimentaire, les infrastructures, le social et une taxation juste. Il se réjouit des mesures annoncées pour le secteur agro-alimentaire. « Maurice importe 75% de ce qu’on consomme. On ne peut pas produire ce qu’on mange à 100%, mais on peut diminuer nos importations. On a besoin de politique agricole commune avec la région, soit une ‘regional integration’ pour l’agriculture. On souhaite que ce secteur contribue à 8% au PIB », espère-t-il. 

Histoire 

Le chef de fil du PTr au Parlement, Arvin Boolell, estime que l’histoire retiendra le ministre des Finances comme « celui qui a dit que la croissance est basée sur la consommation ». « Il n’y a rien sur l’investissement. Le gouvernement a donné Rs 1 000, mais devait venir avec une politique visant à consommer moins pour avoir plus de devises. Je m’attendais à plus de soutien aux PME qui sont dans l’exportation », dénonce-t-il. Il poursuit qu’en ce qui concerne sa politique agricole, le gouvernement doit bien la définir et venir avec des mesures d’accompagnement et une approche filière et aussi de ne pas dépendre de Landscope pour une évaluation foncière. 

Inflation importée

Mahen Seeruttun, ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, parle de situation « exceptionnelle et sans précédent ». « Ce Budget répond à l’attente de l’ensemble de la population. L’accent est mis sur la préparation pour qu’à l’avenir, on puisse être résilient et faire face à un choc pareil, à commencer par assurer notre sécurité alimentaire. On fait face à une inflation importée et surtout en dehors de notre contrôle. On doit produire davantage pour réduire notre dépendance », lance ce dernier. 

Les Rs 1 000 de la discorde

Reza Uteem déplore que l’argent qui sera utilisé pour financer le Budget 2022/2023 ne provient pas de la croissance, mais des fonds non dépensés durant l’année financière précédente. Il est donc d’avis que le gouvernement aurait pu faire mieux. « Rs 1 000, ce n’est pas suffisant. Cette somme sera engloutie uniquement à travers la hausse du prix du carburant », dit-il. 
Arvin Boolell abonde dans le même sens. « Ces Rs 1 000 seront épuisées en un rien de temps », renchérit-il. Des arguments que réfute toutefois le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun. « Ce n’est pas uniquement Rs 1 000, mais c’est une série de mesures d’accompagnement qui vient donner le soutien nécessaire pour faire face à la situation », indique-t-il. 

Transition énergétique

La transition énergétique, selon le ministre Maneesh Gobin, passera surtout par la suppression progressive du charbon jusqu’à 2030 pour la production énergétique. Il parle du Biomass Framework, mais aussi des fermes photovoltaïques et l’utilisation du Gaz Naturel Liquéfié par le CEB. Reza Uteem s’est cependant plaint que plusieurs mesures annoncées sous ce chapitre l’ont déjà été dans le passé. 

Revenus de Rs 22 milliards

Le leader de l’opposition, Xavier Luc Duval, a voulu obtenir des détails entourant les revenus annoncés de Rs 22 milliards pour l’année financière à venir. Le ministre Mahen Seeruttun a indiqué que le gouvernement souhaite se désengager dans certaines sociétés étatiques, qui ne sont pas considérées comme stratégiques. D’où le recours à un « Transaction Advisor » pour disposer de ces sociétés, dont la MauBank et la National Insurance Company. 

Police

Le député du MMM, Reza Uteem, se désole que le Budget n’aurait pas pris en compte les récents événements qui ébranlent la police. « Rien n’a été dit concernant l’acquisition de caméras [à être utilisées lors des interrogatoires] », regrette-t-il. Le budget alloué à la police, estime-t-il, est en grande partie utilisé pour les besoins administratifs, dont les salaires. Or, Arvin Boolell est d’avis que les policiers auraient dû bénéficier d’une panoplie de moyens et de formations. 

Le ministre Maneesh Gobin devait toutefois souligner que la police est composée de plusieurs unités, dont certaines coûteraient cher, telles que l’Helicopter Squadron ou encore la National Coast Guard. 

Financial Crime Commission

L’Attorney General a expliqué pourquoi la Financial Crime Commission prend du temps à mettre en place. « Il y a un ‘background work’ à faire. Différents modèles existent à travers le monde. Il faut voir lequel sera le plus approprié pour nos besoins, car il y a des institutions qui sont déjà en opération. Il faut procéder avec prudence », soutient-il.

Mots de la fin

Arvin Boolell pense qu’il aurait fallu avoir une politique en faveur des pauvres et que le gouvernement ne devrait pas vendre des rêves à la population. Mahen Seeruttun conclut que le Budget vise à relancer la croissance, tout en accompagnant les plus vulnérables à surmonter la situation. Reza Uteem se dit ravi que le ministre des Finances a écouté « en partie » l’opposition et le public en vue d’alléger la souffrance de la population, mais se dit déçu, estimant qu’il aurait pu faire plus. Maneesh Gobin est, lui, d’avis que c’est le « meilleur Budget dans les circonstances actuelles » et parle d’un « bel effort ». Xavier Luc Duval demande au gouvernement de « rendre » à la population les milliards de roupies qui n’auraient pas été utilisées lors de l’année financière précédente. Enfin, Steven Obeegadoo a fait savoir que le gouvernement est en train de faire ce qu’il faut et avance que le Budget 2022-2023 s’est révélé au-delà de ses espérances.

 

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