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Bruneau Laurette, leader du Mouvman Bruneau Laurette : «Je ne suis pas un sous-marin du MSM»

Il se défend de faire le jeu du MSM en briguant les élections du 10 novembre prochain à la tête du parti qui porte son nom. Bruneau Laurette martèle ceci : « Je ne suis pas un sous-marin du MSM. » Et d’ajouter qu’il n’a jamais pris une roupie de Sherry Singh, mais que Jean-Michel Lee Shim met à sa disposition des moyens logistiques à travers son ONG Solidarité Maryé Piké.

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Pourquoi avoir organisé la marche qui avait attiré du monde le 29 août 2020 ?
La raison principale était le naufrage du Wakashio, pour dénoncer l’incompétence du gouvernement et la gestion de cette catastrophe. Le plus surprenant est que l’épave du Wakashio avait une valeur commerciale d’environ Rs 660 millions et, à l’époque, une tonne d’acier valait $220. Une Salvage team venue en renfort n’est pas payée, elle prend le navire pour le détruire et vend tout ce qu’il y a dessus. C’est là que cette équipe de sauvetage trouve son salaire. 

Pourquoi avoir coulé le navire pour ne rien récupérer en termes d’acier à revendre et se faire de l’argent ?
Il y a le PNI Club, une compagnie d’assurance internationale qui assure les navires dans le monde. Il y a beaucoup de personnes à Maurice qui n’ont pas encore été dédommagés, comme les plaisanciers et les pêcheurs affectés par ce naufrage. Ils ont fait une demande d’indemnisation auprès de PNI Club, rien de rien. L’ambassade japonaise a versé plus de Rs 1 milliard comme compensation au gouvernement. Où est passé cet argent ? 

Les petits partis ne font pas le poids. Moi, c’est différent»

Revenons à la marche : quel aura été le jour d’après ? 
La marche a été comme un réveil, un déclic pour ne plus avoir peur de manifester. Pendant deux ans après la manifestation du Wakashio, on a assisté à une série d’autres manifestations devant le Parlement et ailleurs. Les gens ont « voice out » leurs revendications.

Pourquoi ne pas avoir profité du momentum de votre manifestation pour faire de la politique active ?
À cette époque, je n’avais aucune ambition de faire de la politique active. Je pensais qu’avec ce mouvement populaire, l’oppospition officielle prendrait la relève. Après la marche, Paul Bérenger a cassé le deal existant avec Navin Ramgoolam et a dit que le leader du PTr ne pouvait redevenir Premier ministre.

Pourtant, toute l’opposition avait fait force commune lors de cette marche qualifiée alors d’historique…
Je veux juste rappeler un point important : Rezistans ek Alternativ avait marché dans les rues, mais faisait cavalier seul. Ses membres s’étaient arrêtés devant le Prime Minister’s Office en scandant : « Ni lamar, ni labou ». Aujourd’hui, ce même Rezistans ek Alternativ se retrouve entre ce qu’il avait qualifié comme « la marre et la boue ». C’est hilarant, comment avaler une telle couleuvre…

Jean-Michel Lee Shim paie ses taxes, il ne blanchit pas d’argent. Je déclare officiellement d’où provient le financement de mon parti. Les autres le font-ils ?»

Pensez-vous que l’Alliance du Changement est là pour durer en cas de victoire, le 11 novembre ?
L’Alliance du Changement est une entente de connivence. On a deux ex-Premiers ministres et je pense que c’est leur dernière campagne électorale, au vu de leur âge. Peut-on mettre son argent dans une banque qui va mettre la clé sous le paillasson ? Il y aura un problème fondamental de leadership au sein du Mouvement militant mauricien (MMM) et du Parti Travailliste (PTr). Si jamais Navin Ramgoolam et Paul Bérenger devaient prendre une retraite prématurée, il y aura une guerre intestine dans ces deux partis. Et si Navin Ramgoolam n’est pas élu au n° 5 (Triolet/Pamplemousses), qui sera le leader du PTr, et qui sera désigné Premier ministre en cas de victoire de l’Alliance du Changement ?

Restons dans le domaine politique. Xavier-Luc Duval a quitté l’Alliance du Changement pour rejoindre L’Alliance Lepep. Votre lecture ?
Xavier-Luc Duval a fait comprendre qu’il ne pouvait travailler avec Paul Bérenger, qui change d’avis du jour au lendemain et s’ingère dans les affaires internes du Parti mauricien social démocrate (PMSD), et aussi du PTr. Il a préféré partir pour d’autres raisons que je ne peux divulguer, car c’était une discussion entre lui et moi.

Et les multiples partis extraparlementaires ?
L’union ne fait pas forcément la force. Il y a beaucoup de leaders, mais combien de followers ? Quand j’ai quitté l’Union, les manifestations n’attiraient pas du monde. Si pour un 1er-Mai, six partis n’ont pu rassembler plus de 500 personnes, qu’est-ce que cela veut dire ? En d’autres mots, les petits partis ne font pas le poids.

Et vous ? 
C’est différent.

Mon combat, ce n’est pas moi qui le finirai, mais les jeunes»

Vous avez eu maille à partir avec la police. Vous maintenez que la drogue retrouvée en votre possession a été « plantée » ?
Je maintiens que la drogue retrouvée dans ma voiture était du « planting ». Il y a eu des affidavits le prouvant, il y avait des empreintes sur ma voiture. Le but était de m’éloigner de la politique. Je rappelle que la Financial Crimes Commission a ouvert des enquêtes sur cette équipe de la Special Striking Team (SST), sur sa façon d’opérer, et surtout sur les officiers qui sont venus chez moi. J’ai été le premier à soulever le problème de « planting », d’extorsion de fonds, de policiers complices dans des choses pas catholiques. Je suis un danger pour des policiers corrompus.

De quoi vit Bruneau Laurette et quelles sont ses ressources financières ?
Mon épouse Dominique et mes enfants m’aident financièrement. De plus, il y a beaucoup de bons Samaritains. Je suis également soutenu dans mon approche sociale, qui est d’aider les plus démunis, et le secteur privé a répondu positivement à mon appel. En outre, je continue à animer des classes pour promouvoir le combat de rapprochement. Je suis également consultant en coaching personnel. 

Vous êtes toujours en liberté conditionnelle, est-ce que cela vous empêche d’avoir une vie professionnelle ?
Je ne peux décemment travailler avec les contraintes légales qui pèsent sur moi. Je suis dans une prison à ciel ouvert. J’ai demandé un Variation Order en Cour suprême. Ce lundi 21 octobre, je saurai si je pourrai mener campagne avec une certaine liberté d’horaire et de lieu.

On se souvient que vous aviez déclaré que vous vouliez vous rendre en Ukraine. Était-ce pour aller combattre Vladimir Poutine et ses soldats grâce à votre formation militaire ? 
Je n’ai jamais dit que je voulais me rendre en Ukraine pour combattre. Je voulais me rendre là-bas pour une opération d’extraction des hommes d’affaires qui voulaient quitter l’Ukraine et se mettre en sécurité. Je suis dans un réseau expert en extraction et c’est rémunérateur. Ma formation me permet de le faire.

Vous étiez proche de Sherry Singh, ex-Chief Executive Officer de Mauritius Telecom, et vous vous êtes engagé dans One Moris à ses côtés. Mais voilà que c’est déjà le divorce. Que s’est-il passé ?
Ce n’est pas un divorce. One Moris est une plateforme politique, et nous voulions construire une charte et une vision pour l’île Maurice. Nous l’avons fait. One Moris devait devenir un parti politique.

Mon mouvement est un pion important en politique. Il y a une crainte face à l’émergence d’un nouveau parti qui défend les marginalisés et les minorités du système»

Cela a capoté, pourquoi ?
À une semaine de la dissolution de l’Assemblée nationale, la plateforme politico-sociale de One Moris n’a pu se transformer en un parti politique. Certaines personnes avaient promis qu’elles rejoindraient Sherry Singh, mais elles se sont désistées. Comme ce n’était pas encore un parti politique, je me suis dit que je devais continuer mon combat.

Vos adversaires politiques avancent que vous aviez, tout le long de votre combat, été financé par Sherry Singh, de la marche jusqu’à maintenant. Vous leur répondez quoi ?
Avant ou après mon combat, je n’ai jamais reçu une roupie de Sherry Singh. Je ne lui ai jamais demandé une roupie non plus. Durant mon combat, j’ai reçu de l’aide du secteur privé.

Vous avez formé rapidement le parti qui porte votre nom, Mouvman Bruneau Laurette. De l’égocentrisme de votre part ?
Pourquoi serait-ce considéré comme de l’égocentrisme de ma part ? C’est juste une stratégie. À la veille des élections générales, les gens ne reconnaîtront pas un nouveau parti avec un nom venu de nulle part. J’ai décidé d’appeler mon parti par mon nom, car les Mauriciens me connaissent. Le nom de ce parti est appelé à s’améliorer. Bruneau Laurette n’est pas là pour durer éternellement. Une fois que j’aurai opéré des changements fondamentaux, je passerai la main. Mon combat, ce n’est pas moi qui le finirai, mais les jeunes.

On voit autour de vous des jupettes. Seriez-vous partant pour une femme Première ministre, un jour à Maurice ?
Après mon départ, ou même avant, je voudrais présenter une femme au poste de Première ministre. Je suis là pour faire ce que tous les autres politiciens n’ont jamais eu le courage de faire. Nous devons reconnaître les compétences des femmes, leurs contributions, leurs convictions profondes et personnelles pour l’avancement de notre nation, ainsi que leur combat en faveur des marginalisés du système.

Vous avez dit vous battre principalement pour la population générale…
Je me bats effectivement pour la population générale, mais aussi pour les minorités qui subissent le diktat des autres. Pourquoi, dans chacune des décisions prises pour le pays par tout gouvernement, la population générale est ostracisée, sacrifiée ? Je suis là pour déranger tout le système.

Vous avez annoncé que votre parti ne présentera pas de candidats dans certaines circonscriptions. Vous avez peur d’une raclée ?
C’est un choix et une stratégie politique de notre part. Je rassure que dans chaque circonscription, il y aura une femme. La plus jeune a 21 ans.

Notre Assemblée nationale est le symbole du ‘communalisme’, ceux qui y sont élus l’ont été sur une base ‘communale’. Il est temps de mettre fin à ce système»

Dans la circonscription n° 1 (Grande-Rivière-Nord-Ouest/Port-Louis Ouest), vous vous présentez, ainsi que Stéphan Buckland. Quelle sera la candidate femme, s’il y en a ?
Ce sera Danielle Selvon, qui a déjà été députée et connaît bien la région.

Voyons le soutien de Jean-Michel Lee Shim à votre parti. Vous comprenez que certains trouvent « étrange » qu’il s’associe à vous, après avoir ouvertement déclaré avoir soutenu le Mouvement socialiste militant (MSM) ? Liens incestueux ?
Je reçois des moyens logistiques de Jean-Michel Lee Shim à travers son ONG Solidarité Maryé Piké, qui est implantée à travers le pays. On ne parle pas de financement en termes d’argent, mais il nous soutient en nous offrant des locaux qui lui appartiennent, des « banners », du transport, de la communication.

N’est-ce pas gênant ?
Pourquoi le serait-ce ? Jean-Michel Lee Shim paie ses taxes, il ne blanchit pas d’argent. Moi, je suis franc, je déclare officiellement d’où provient le financement de mon parti. Les autres le font-ils ?

Vos adversaires politiques attestent que votre parti roule pour le MSM, que vous êtes un sous-marin du MSM.
Si le Mouvman Bruneau Laurette se présente seul, et moi en tant que Premier ministre contre Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam, Roshi Badhain, Nando Bodha, c’est quoi cela ? 

Ce sont des poids lourds quand même, reconnaissez-le…
Je n’ai aucun intérêt à travailler avec le MSM. Mon combat demeure le même. Je ne suis pas un sous-marin du MSM. Cela aurait été bien plus facile pour moi de m’allier officiellement avec le MSM ou de le soutenir en catimini. Mais non, je me pose en candidat contre eux : le MSM, le MMM, le PTR et les autres partis extraparlementaires.

Ce faisant, vous ne faites pas le jeu du MSM et de ses alliés indirectement ?
Mon mouvement est un pion important en politique. Il y a une crainte face à l’émergence d’un nouveau parti qui défend les marginalisés et les minorités du système. Je pense ici aux Mauriciens de foi tamoule, télougoue, marathe, musulmane, ainsi qu’aux autres sous-castes ou à la caste supérieure. À Maurice, actuellement, il y a deux minorités qui forment une majorité. 
En tant que candidat pour le poste de Premier ministre, mon mouvement est issu de la population générale. Je suis un challenger direct des autres partis et j’ouvre la voie aux autres minorités de ce pays ; elles peuvent aspirer à occuper le poste suprême un jour. Notre Assemblée nationale est le symbole du « communalisme », ceux qui y sont élus l’ont été sur une base « communale ». Il est temps de mettre fin à ce système.

Vous n’avez cessé de scander un slogan, qui n’est autre que de mettre le Premier ministre hors du gouvernement. Êtes-vous en faveur d’un changement ? 
Je suis pour un changement de gouvernement, mais je ne suis pas pour une majorité de ¾, mais pour un 2/3 et 1/3 pour pousser tout gouvernement à trouver un consensus avec l’opposition.

Dans l’éventualité que vous soyez élu et que le gouvernement qui prendra le pouvoir vous offre un poste de ministre, vous l’accepteriez ?
Si je suis élu et qu’il y a une opposition faible, je préférerais renforcer l’opposition. Je ne suis pas prêt à accepter un poste ministériel.

 

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