Admettons franchement que les inondations du lundi 15 janvier étaient inévitables, compte tenu de la présence des nuages très actifs associés au cyclone Belal. Après tout, la force de Dame Nature est irrésistible. Les phénomènes naturels sont souvent indomptables. Reconnaissons également honnêtement que les prévisions météorologiques ne sont pas une science exacte, surtout en raison de la complexité inhérente à l’atmosphère et des nombreuses variables qui influent sur les conditions météorologiques.
Publicité
Cependant, dans le cas du lundi 15 janvier, même un enfant du primaire aurait pu prédire des averses en consultant des sites tels que le « Cyclone tracker ». Pire, le prévisionniste amateur Afzal Goodur avait alerté dès lundi matin : « Il est préférable de ne pas descendre à Port-Louis, car la capitale sera sous les eaux. » Malheureusement, sa mise en garde est restée sans écho au National Disaster Risk Reduction and Management Centre. Il est crucial de souligner que la station de Vacoas était au courant de l’éventualité de ces déluges. Dimanche soir, après la réunion du Comité national de crise, le ministre des Collectivités locales, Anwar Husnoo, entouré du numéro un de Météo Maurice et de celui de la SMF, avait donné une indication claire : « Un nuage actif risque d’amener beaucoup de pluies dans la nuit (dimanche) et demain (lundi). Nous attendons des nuages plus actifs qui pourraient amener encore plus de pluie demain après-midi (lundi). Si cela se confirme, il y a une forte probabilité d’émettre un avis de forte pluie directement demain matin à 4 heures. »
Cependant, lundi matin, la Station de Vacoas est restée silencieuse sur les menaces de fortes pluies, comme si les nuages n’étaient pas plus actifs que la veille. La pluie battante qui a déferlé sur le pays à partir de 8 h 30 prouve le contraire. Vers 9 h 30, plusieurs routes de la capitale étaient déjà inondées. À 10 h 10, Météo Maurice a donné l’impression de vouloir camoufler son erreur en passant à l’alerte no 2. À ce moment précis, le cyclone Belal était sur l’île de la Réunion, à plus de 200 km de nos côtes.
L’opération de camouflage devient grotesque lorsqu’à 13 h 30, Maurice est passé à l’alerte no 3. Dites-vous bien que c’est peut-être la première fois dans l’histoire des cyclones à Maurice qu’on passe à l’alerte 2 et l’alerte 3 en l’espace de trois heures seulement. On aurait cru que Belal s’était mis à accélérer à une vitesse record. Mais en réalité, il ne bougeait qu’à 12 km/h et il était à 170 km de nos côtes. Entre-temps, c’était le chaos au centre de la capitale, où une centaine de véhicules voguaient au gré de la montée des eaux. Des conducteurs et leurs passagers ont été prisonniers des eaux. La situation était apocalyptique pour ces femmes qui étaient, seules dans leurs véhicules, dans des routes transformées en rivière en crue.
Météo Maurice a commis plusieurs erreurs au fil des ans. Franchement, celle du lundi 15 janvier relève de la médiocrité extrême. Elle remet en question la compétence à la station de Vacoas et la raison d’être du National Disaster Risk Reduction and Management Centre. Surtout que la veille, le ministre Husnoo, qui préside le comité national de crise, avait déclaré : « Notre priorité est avant tout la sécurité du public. » Force est de constater que les autorités ont fait tout le contraire. Des dizaines de personnes ont affirmé « avoir frôlé la mort ».
La mise à pied de Ram Dhurmeea comme directeur de Météo Maurice n’est qu’une conséquence du triste événement du lundi 15 janvier. Ce n’est pas la solution. Il n’est pas le premier à avoir connu un tel sort. En 2013, Balraj Dunpunth, alors directeur général, était la victime collatérale des inondations du 30 mars. Les recrutements et les nominations à la station de Vacoas demandent à être scrutés de près. Est-ce là où le bât blesse ?
L’autre exemple de médiocrité extrême de ce lundi 15 janvier vient du ministère de la Fonction publique qui émet un communiqué « pas boul » adressé aux Supervising Officers aux environs de 11 heures suite au passage à l’alerte no 2 vers les 10 heures. En dépit d’avoir été prévenu que « there is a likelihood that a cyclone warning Class III will be issued before 16h00 today », il s’abstient de prendre la décision finale. Au lieu d’autoriser les fonctionnaires à rentrer chez eux immédiatement, il demande aux Supervising Officers d’enclencher le « Heavy Rainfall Commitee » pour un « release » graduel à commencer par les « employees who reside in affected regions together with employees with disabilities and pregnant employees are to be released on a priority basis ».
À coup sûr, cela prend du temps aux « Supervising Officers » pour identifier les « affected regions » et ensuite commencer à laisser partir les fonctionnaires. Entretemps, plusieurs routes du centre de Port-Louis où se trouve la majorité des bureaux des fonctionnaires commencent à être inondées. C’était la pagaille quand les véhicules des fonctionnaires et des employés de secteur privé ont été pris au piège de l’embouteillage et pire pour ceux pris à celui de la montée des eaux.
Là aussi, un ou des hauts fonctionnaires ont fauté et des sanctions doivent être prises. On a l’impression que le deuxième paragraphe du communiqué du ministère n’est qu’un « copier-coller. » Cette cacophonie se résume par un cruel manque de coordination entre les divers départements du gouvernement. Conséquemment, le public a payé un très lourd prix.
Puisque les élections législatives se rapprochent, Pravind Jugnauth a tout intérêt à être sur ses gardes. Les inondations de mars 2013 avaient emporté lors des élections de 2014 le PTr et son allié le MMM qui prévoyaient un raz-de-marée de 60-0.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !