[Billet] On n’a plus peur du Big Brother?

Il s’est passé un événement hors du commun dans le village de Petit-Raffray hier après-midi. Une réunion de l’alliance Lepep a pris fin prématurément, des ministres et candidats ayant dû quitter les lieux précipitamment.
 
Normalement, les Mauriciens se gardent de manifester aussi bruyamment et catégoriquement contre un gouvernement en place. En situation campagne électorale, les Mauriciens évitent de se compromettre en antagonisant ouvertement un camp ou l’autre. Ils préfèrent cacher leur penchant partisan pour rejoindre le vainqueur après la proclamation des résultats. 

Des exceptions à cette règle ont été notées en 1976 et 1982 lorsque des ministres et des candidats du parti au pouvoir ont été fortement malmenés lors des réunions. D’après la légende d’alors, un Senior Minister avait dû, en 1976, se déguiser en femme et porter un sari, pour se sauver d’un endroit fortement barricadé par des partisans fortement excités du MMM. 

En 1976, le MMM participait pour la première fois à des élections générales après avoir remporté la partielle de Triolet/ Pamplemousses en 1970. 
Il paraît que l’incident de Petit-Raffray a eu pour origine le remplacement de deux ministres de la circonscription par deux nouveaux candidats, dont un membre de la famille Jugnauth. Le ministre « out » qu’est Avinash Teeluck a tenté de limiter la casse, affirmant qu’il ne serait nullement mécontent d’être laissé sur le carreau. Mais il n’a pas réussi à empêcher que la réunion se termine en eau de boudin.
 
Une leçon très importante qu’on pourrait tirer de l’incident de Petit-Raffray serait que la base du MSM ne serait pas acquise à la stratégie de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), leader du MSM et de l’Alliance Lepep, de présenter des candidats neufs et beaux pour remplacer des ministres ou députés traînant des casseroles. 

Petit Raffray, est-ce un incident isolé ? Verra-t-on des manifestations semblables ailleurs où la base même du MSM exprime son mécontentement ? Apres le « vire mam » de l’Alliance Lepep en 2014, le « vire mam » 2024 prendrait-il une autre direction ?