«On l'a constaté avec la crise liée à la pandémie de Covid-19, plus que jamais», affirme Paul Bérenger qui ajoute qu'«il y a une seule politique viable et valable». «C’est une politique de vérité », soutient-il.
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« Il faut toujours dire la vérité à la population et ne jamais manipuler les chiffres, tout en respectant farouchement les faits ». Ce sont en ces termes que le leader du Mouvement militant mauricien (MMM) a démarré son intervention dans le cadre des débats budgétaires qui se poursuivent à l’Assemblée nationale, ce mardi après-midi 16 juin.
Selon Paul Bérenger, trois dangers menacent île Maurice à savoir le chômage, l’inflation et le risque d’une crise financière locale, résultant d’une crise de confiance ; d’une détérioration plus accentuée du ‘current account’ et de la balance des paiements ; d’une dégringolade de revenus du pays avec la crise de tourisme et des exportations et tout cela dans un climat financier international du moment. Déjà il y a une pénurie de devises étrangères sur le marché local, déplore-t-il.
« L’inflation sera certainement et malheureusement bien plus élevée… », ajoute-t-il.
« L’économie était déjà en difficulté avant la Covid-19. Lors de la présentation du Budget 2019/2020, le ministre des Finances d’alors avait prévu que la croissance économie serait de 4,1 % en 2020. Cependant, les chiffres de Statistics Mauritius démontrent qu’elle a été de 3 % seulement en 2019, et ce, avant le nouveau coronavirus. (…) La stratégie économique et budgétaire, suivi de 2015, montre déjà qu’elle est non-viable. Avec la Covid-19, tout empire dramatiquement », a déclaré Paul Bérenger.
Il dit souhaiter que « ce budget aide île Maurice à sortir du confinement avec une bonne relance économique. Je crains fort que la relance ne soit pas au rendez-vous. Je suis très inquiet pour l’avenir. Le gouvernement joue avec le feu dans l’offshore ».
« Rs 60 milliards : un 'pure helicopter money' »
« Le ministre des Finances avait, lors de son allocution, parlé d’un ‘balanced budget’. C’est dangereusement inexact. Sans les Rs 60 milliards de la Banque de Maurice, que le ministre ne mentionne pas une seule fois dans son discours, le déficit budgétaire serait de plus que 15 % du PIB, incluant les Special Funds et le Off-Budget Expenditures. Concernant ces Rs 60 milliards, tout indique de ce qui était envisagé au départ, c’était un 'pure helicopter money'. C’est-à-dire que la Banque centrale imprime tout simplement des billets de banque nécessaires. Mais qu’après des échanges avec le Fonds Monétaire International (FMI) et d’autres, il a été décidé que la Banque de Maurice agirait plutôt comme l’intermédiaire du gouvernement pour soulever Rs 60 milliards en émettant des ‘bonds’, à être souscrits par des banques privées et d’autres institutions », a expliqué Paul Bérenger.
Selon le leader des mauves, ces « Rs 60 milliards de ‘bonds’ de la Banque de Maurice ne sont pas non plus sans risque pour l’inflation et la valeur de la roupie ».
« Quant aux Rs 80 milliards de la Mauritius Investment Corporation (MIC), selon le ministre des Finances, elles ne serviraient pas qu’à aider de grosses entreprises, menacées par la crise de la Covid-19 mais aussi à promouvoir la production agricole et pharmaceutique. Gare à la corruption », signale le leader du MMM.
Et d’ajouter que : « pour ce qui est du chômage technique, les Rs 15 milliards qui ont été ‘earmarked’ pour payer l’‘exceptional minimum monthly support’ de Rs 5 110 aux bénéficiaires pendant six mois, sont introuvables dans les dépenses du budget. Il est urgent que les détails de ce soutien financier soient rendus publics, surtout qui exactement en bénéficieront ».
« La construction pour combattre le chômage, un mauvais calcul »
« La relance économie ne sera pas là. Compter sur le secteur de construction pour combattre le chômage, est un mauvais calcul. Les prévisions pour la relance du tourisme et pour le textile dans le budget sont nulles. Compter avant tout sur Landscope Mauritius et l’Agricultural Marketing Board pour avancer la sécurité alimentaire et le secteur agricole est mal parti. Le secteur Offshore, lui, est menacé directement par le ‘blacklisting’. Et le scandale St-Louis le fragilise encore plus », a déclaré Paul Bérenger.
Commentant l’abolition du National Pension Fund (NPF), le leader des mauves a souligné que le NPF « n’est pas la propriété du gouvernement. C’est scandaleux et révoltant, la façon de faire du gouvernement en l’absence de toute consultation digne de son nom ».
Et, concernant la proposition de la Contribution Sociale Généralisée, pour Paul Bérenger, il y a ambiguïté, confusion et injustice. « Cette proposition du ministre des Finances doit être revue de fond en comble. Le NPF doit être rendu aux salariés qui y ont contribué toute leur vie », suggère Paul Bérenger.
Le leader du MMM demande au gouvernement qu’au moins le maximum soit fait pour les plus pauvres en termes de logements sociaux.
« Des maisons ont été détruites avant qu’une enquête n’ait été menée pour identifier les ‘genuine cases’ et de plus, ces destructions ont été effectuées en plein confinement de la Covid-19. Il faut que le gouvernement se rattrape au plus vite concernant les squatters et leurs enfants », a avancé le leader des mauves.
Et d’ajouter que les mesures budgétaires annoncées dans le secteur de l'environnement sont sans inspiration et ni ambition. « Une référence a été faite aux Chagos dans le Budget, très bien. Mais Tromelin a été encore une fois oublié par ce gouvernement », dit Paul Bérenger.
« J’exprime l’espoir que les choses aillent le mieux possible pour île Maurice et son Budget 2020/2021», a conclu le leader du MMM.
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