Alors que la politique accroît les incertitudes économiques, seul un tiers des analystes anticipent un impact positif sur l’économie d’une accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre en cours de mandat.
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1. Les incertitudes locales s’accroissent
Au vu des événements survenus après le budget, vous pensez que les incertitudes économiques à Maurice...
- Augmentent 53%
- Diminuent 7%
- Ne changent pas 40%
Les mesures budgétaires présentées le 29 juillet dernier ont été reléguées au second plan par des événements d’ordre politique qui affectent en particulier le gouvernement : la polémique née des honoraires d’un avocat payés par l’ICTA, l’interpellation policière du conseiller principal du ministre des Finances, les insultes entre ministres, les divergences entre alliés et, par dessus tout, le flou créé autour d’un changement de Premier ministre pour très bientôt. Avec un remaniement ministériel en vue, tout cela fait augmenter les incertitudes économiques à Maurice, estiment 53 % des personnes interrogées. Car « lack of coherence indicates lack of unity and lack of leadership, and obviously the bottom line result is lack of confidence ».
2. Changer pour faire quoi ?
Selon vous, une éventuelle nomination de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre aura sur l’économie un impact...
Tout indique que sir Anerood Jugnauth cédera son fauteuil premierministériel à son fils. Toujours pour 53% des sondés, ce changement de leadership n’aura aucun impact sur l’économie. Si un tiers des analystes voient un impact positif, c’est parce que Pravind Jugnauth « will bring the much needed stability », et il a « some competent advisers ». Il faut savoir que « the private sector is disenchanted with SAJ’s latest stint as Prime Minister, and any replacement will create a sense of expectation which may translate in a very short term positive impact ». Cependant, « if there are no strong leadership and no corrective economic measures, there will be no reversal to the long-term downward trend of the economy ».
3 Le bleu plus approprié que l’orange
En cas de remaniement ministériel, que préfériez-vous comme ministre des Finances ?
Lorsque Pravind Jugnauth sera nommé Premier ministre, gardera-t-il le portefeuille des finances, ou le délaissera-t-il à quelqu’un qui sera alors le quatrième Grand argentier du gouvernement actuel en moins de deux ans ? Parmi les analystes, 17 % préfèrent la première option « for the sake of continuity » et parce que « for coherence, the finance minister should come from the same party as the Prime Minister ». Toutefois, 57 % trouvent en Xavier-Luc Duval « the most appropriate candidate », qui a déjà occupé ce poste pendant trois exercices financiers. Il est intéressant de noter que 23 % des répondants souhaitent un autre prétendant que ces deux dirigeants et Roshi Bhadain. Quoi qu’il en soit, on attend du prochain ministre des Finances qu’il vienne avec des « incentives for investments » plutôt que des « cosmetic measures ».
- Pravind Jugnauth 17%
- Xavier-Luc Duval 57%
- Roshi Bhadain 3%
- Autre 23%
4 Opposition maintenue au projet
Êtes-vous d’accord avec la décision de « reconsidérer » le projet Heritage City ?
Lors du dernier baromètre, 97 % des sondés saluaient l’abandon du projet Heritage City. Ils sont maintenant 30 % à être favorables à la décision du Conseil des ministres de le « reconsidérer », moyennant qu’on trouve un autre lieu et un autre mode de financement. Toujours est-il que sept analystes sur dix demeurent opposés à ce projet. Car « the country cannot afford this project whether or not it is close to the heart of an outgoing and ageing Prime Minister. May be later when our GDP growth returns to 5% or more. For now we need disclipine as the global economic situation is deteriorating fast and the global banking system is about to have another systemic shock. »
5 L’image de Maurice s’estompe
Comment voyez-vous l’image internationale de Maurice en tant que destination des affaires ?
Au vu du jugement du Tribunal de Bologne en défaveur du gouvernement mauricien, de l’arbitrage international sur la résiliation unilatérale du contrat avec Betamax, de la guéguerre entre des ministres, et de la future passation du pouvoir du père au fils, on commence à se poser des questions sur l’image de Maurice vue de l’étranger. Pour un analyste sur cinq, l’image comme destination des affaires est toujours bonne « because the fundamentals have not changed, and political musical chair is a reflection of a democratic system ». En revanche, sept sondés sur dix trouvent qu’elle devient moins bonne, comme l’indique le fait que « several foreign institutional investors are selling their Mauritian equities ».
6 Les risques économiques de la géopolitique
Selon vous, les relations économiques entre Maurice et la Grande-Bretagne vont...
- S’améliorer 3%
- Se détériorer 43%
- Rester pareilles 53%
Alors que la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne débouchera sur de nouvelles négociations commerciales entre Maurice et l’ancienne puissance coloniale, le Premier ministre mauricien adopte une ligne dure sur le dossier des Chagos. Le pays joue-t-il gros en termes économiques ? La majorité des sondés ne se font pas de soucis, estimant que les relations resteront pareilles. L’un d’eux y voit « a peripheral issue to trade and investment but an important humanitarian issue ». Mais 43 % des analystes craignent une détérioration des relations économiques : « We are playing a dangerous game. The world does not function the way we think it does. We may have legal grounds and do well at the United Nations, but we shall beware of indirect reprisals ».
7 Maurice à l’abri du pire des deux
Une victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines sera pour l’économie mauricienne...
- Favorable 3%
- Défavorable 37%
- Sans grande conséquence 60%
Personne à Maurice n’avait parlé du Brexit, et le résultat du référendum du 23 juin a pris de court les opérateurs mauriciens qui se sont retrouvés affectés par la brutale chute de la livre sterling. Dans le même esprit, tout le monde, ici, mise sur l’élection de Hillary Clinton aux présidentielles du 8 novembre. Mais qu’arrivera-t-il si elle ne gagne pas ? Trois sondés sur cinq ne prévoient aucune grande conséquence pour l’économie mauricienne. Ils prient toutefois que l’Africa Growth and Opportunity Act demeure intact. Pour 37 % des analystes, une victoire de Donald Trump nous affectera, car « it will increase uncertainty ». Elle ferait aussi plonger le dollar au grand dam de nos exportateurs textiles.
8 En attendant un nouveau ministre
Quelle orientation du Repo Rate prévoyez-vous à la prochaine réunion du comité de politique monétaire ?
Le comité de politique monétaire se réunira le 10 novembre prochain. Neuf répondants sur dix ne croient pas qu’il répétera sa décision de la dernière réunion, celle d’assouplir le taux directeur. Selon le mot d’un analyste, « after the negative response that the Bank of Mauritius got last time, it is certain that there will be no change this time
around ». Un autre affirme que, dans la conjoncture politique actuelle, « small savers will complain if the interest rate falls further, and this may not be good politically for the Prime Minister-in-waiting ». D’autant qu’il convient de ne pas brusquer les choses en attendant de connaître la vision d’un nouveau ministre des Finances…
Enquête réalisée par PluriConseil du 26 au 27 septembre 2016 auprès
d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers.
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