Dans les pays à revenu intermédiaire et élevé, les écarts de niveau d’instruction entre les hommes et les femmes ont pratiquement disparu. Dans certains cas, les filles surpassent même les garçons au cours de leur scolarité. Pourtant, une fois adultes, elles gagneront environ 16 % de moins par heure de travail que leurs collègues masculins. Maurice ne fait pas exception, estiment l’économiste de la Banque mondiale, Marco Ranzani, et sa collègue Kathleen Beegle.
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Selon les dernières données disponibles, 56,6 % des étudiants du supérieur recensés (33 269 personnes) étaient des femmes, contre 43,4% d’hommes. Pourtant, cette supériorité des filles et des femmes en termes de réussite scolaire ne se retrouve pas dans les opportunités d’emploi : le taux de participation des femmes à la population active s’établit à 57 % et 88 % chez les hommes. Pour chaque dollar (environ Rs 34) gagné par un homme dans le secteur privé, une Mauricienne sera rémunérée 72 cents (environ Rs 24,5).
« Si rien n’est fait pour réduire les écarts entre les sexes sur le marché du travail, le rendement des investissements dans le capital humain des femmes continuera à baisser. Pour des pays comme Maurice, confrontés à un vieillissement rapide de leur population et qui n’ont pas atteint tout leur potentiel productif, il faut permettre à tous les citoyens, femmes et jeunes compris, d’exprimer pleinement leurs capacités », soulignent les auteurs. Ils ajoutent que, depuis dix ans, les autorités mauriciennes ont largement œuvré pour améliorer l’égalité hommes-femmes sur le marché du travail.
« Pour autant, le compte n’y est pas. Le taux de participation des femmes au marché du travail est en hausse constante depuis 2004, puisqu’il est passé de 46,9 % à 57 % actuellement. La plupart des gains obtenus sur ce plan sont dûs aux cohortes de jeunes femmes, surtout quand elles sont diplômées du secondaire, qui ont davantage tendance à travailler que les femmes plus âgées ou moins instruites. Mais les écarts restent sensibles et se creusent encore aujourd’hui, quand une jeune femme se marie et a des enfants, sans jamais revenir au sommet atteint pour les filles âgées de 20 à 25 ans. La progression obtenue sur le plan du taux d'activité ne va pas de pair avec une réduction des écarts de salaire : selon un rapport récent, entre 2004 et 2015, les Mauriciennes salariées dans le secteur privé ont touché en moyenne une rémunération horaire 30 % inférieure environ à celle des hommes », disent-ils.
En plus du niveau d’instruction, la situation matrimoniale, la présence de nourrissons, d’enfants ou de membres de la famille plus âgés, influent sur le taux d'activité. Quant aux salaires, ils sont souvent déterminés par le métier, le secteur d’activité et la taille de l’entreprise. Ils soulignent cependant que ces facteurs échouent à expliquer une part non négligeable des écarts hommes-femmes, car d’autres dynamiques sont à l’œuvre. Ils citent des éléments moins visibles qui pourraient expliquer ces différences persistantes: les valeurs culturelles et les normes sociales assignent aux Mauriciennes un rôle traditionnel de prise en charge des enfants et des personnes âgées ; ce sont aussi elles qui gèrent tout un éventail d’activités non marchandes ou domestiques.
Les deux économistes proposent les solutions suivantes : congé parental (plus favorables aux femmes et incitant les hommes à prendre du temps après la naissance d’un enfant), prise en charge des enfants moins coûteuse et plus accessible (et qui bénéficiera autant aux parents en activité qu’aux enfants) ; évolution du système éducatif avec des champs d’études et des parcours professionnels pour les jeunes femmes ; efforts visant à faire évoluer les normes et les préjugés sur l’emploi des femmes dans les postes bien rémunérés ; et s’inspirer de la Fonction publique mauricienne, qui rémunère légèrement plus les femmes que les hommes.
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