Le directeur de Hassen Taher Seafood, Bahim Taher Khan, dit accueillir favorablement la vision du gouvernement de développer davantage le secteur de la pêche. Il insiste toutefois pour que les opérateurs soient parties prenantes de ces projets.
Comment se porte le secteur de la pêche ?
Le secteur de la pêche comprend notamment l’artisanal, le semi-industriel et l’industriel. Je dois dire que la situation ne va pas très bien, surtout pour les petits pêcheurs. Quant aux autres moyens et grands opérateurs, ils arrivent à couvrir leurs frais. Toutefois, ils ne sont pas en mesure d’atteindre l’objectif fixé. D’ailleurs, la quantité de production dans la mer a chuté de 25 %. Dans le même temps, le coût de production ne cesse d’augmenter. Il faut ainsi que nous investissions constamment dans l’amélioration de la production.
Pourtant, Statistics Mauritius indique que la production totale de poisson a augmenté de 5 795 tonnes en 2013 à 11 297 tonnes en 2014, soit une hausse de 94,9 %...
Ces chiffres ne reflètent pas la réalité. En effet, ils représentent les pêches des bateaux taïwanais, chinois, coréens, indonésiens ou encore espagnols. Ces derniers font de grandes parties de pêche dans nos zones maritimes et écoulent leurs produits sur le marché mauricien. Ainsi ces pêches sont-elles comptabilisées dans la production totale de poisson, ce qui concerne une toute petite partie de l’industrie locale.
Les opérateurs souffrent également de la concurrence. Vous avez d’ailleurs déjà tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet. La situation s’est-elle améliorée ?
Définitivement non. Il n’y a eu aucune amélioration. Les gros bateaux étrangers pêchent toujours dans nos zones maritimes, avec toutes les nouvelles technologies et une main-d’œuvre moins coûteuse. Ainsi sortent-ils gagnants alors que les opérateurs locaux sont pénalisés. Par ailleurs, on n’a pas de contrôle sur leurs pêches et ils ne respectent pas le quota. Actuellement, il y a plus d’une cinquantaine de bateaux étrangers opérant dans nos zones maritimes.
Un nouveau port de pêche verra bientôt le jour dans la région de Bain-des-Dames, de Sable-Noire et de Cassis. Comment ce projet contribuera-t-il au développement du secteur ?
C’est un projet très accueilli à la compagnie. Si ce projet est réalisable, il va certainement donner un coup de pouce au secteur. D’abord, cela va générer de l’emploi dans le port. Toutefois, il faut se rappeler que ce sont les Chinois qui vont développer le port. Ainsi le gouvernement mauricien doit-il assurer que les Mauriciens bénéficieront des offres d’emplois.
Par ailleurs, avec un nouveau port, on sera en mesure de pêcher plus de poisson. Qui dit hausse dans la production de poisson, dit aussi baisse dans les prix, ce qui est à l’avantage des consommateurs. En outre, les opérateurs mauriciens peuvent bénéficier de l’infrastructure du port.
Dans sa Vision 2030, le Premier ministre a annoncé que les négociations avec les grandes entreprises internationales de pêche en vue de mettre en place des facilités pour la pêche et la transformation de fruits de mer étaient en cours. Comment accueillez-vous cette mesure ?
Encore une fois, c’est une bonne mesure. Toutefois, il faut assurer que les opérateurs mauriciens ainsi que les artisans peuvent vendent leurs produits à ces entreprises pour la transformation. D’autre part, les opérateurs locaux vont bénéficier de l’expertise de ces entreprises. Mais ces produits transformés vont-ils être écoulés sur le marché local ou sont-ils destinés à l’exportation ? Il faut que les opérateurs locaux soient des parties prenantes.
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