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Axe Dar-es-Salam/Plaisance: Interpol Afrique sollicité pour remonter au ‘médecin’

L’axe Dar-es-Salam/Plaisance pour le trafic d’héroïne est, à nouveau, dans la ligne de mire des autorités. Cela, après la découverte à la poste d’un colis contenant de la drogue expédié par un prétendu médecin tanzanien à un confrère mauricien. Les autorités locales ont sollicité l’aide d’Interpol Afrique pour faire la lumière sur ce présumé trafic de drogue. Le quartier général de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) a fait parvenir des informations à la branche d’Interpol en Afrique. Cela, afin de remonter au prétendu médecin qui aurait expédié un colis d’héroïne de Dar-es-Salam, Tan-zanie. Les autorités mauriciennes n’écartent pas l’existence d’un réseau plutôt bien organisé de trafic de drogue, sur l’axe Dar-es-Salam/Plaisance.
L’affaire remonte au samedi 14 novembre, quand a été intercepté à la poste un colis contenant un livre à l’intérieur duquel étaient dissimulés 518 grammes d’héroïne valant Rs 7,5 M. L’expéditeur serait un médecin tanzanien, Vivian Metroin, et l’adresse inscrite sur le paquet est celle d’une boîte postale à Dar-es-Salam (P.O BOX 9152). Quant à l’adresse du récipiendaire, elle était inscrite de manière inexacte sur le colis, à savoir ‘Condos Road’, au lieu de ‘Vacoas Road, Candos’. Jusqu’ici, l’ADSU a procédé à l’arrestation du récipiendaire, le Dr Manish Suresh Nagah, et à l’interpellation du chauffeur du médecin, Vishnudutt Sreepaul, un habitant de Palma à Quatre-Bornes. Ce dernier a été autorisé à partir, après avoir été entendu par les officiers de la brigade anti-drogue. Quant au principal suspect, il a nié toute implication dans un quelconque trafic de drogue. Manish Nagah a soutenu, à la suite de son arrestation, le lundi 16 novembre, qu’il a l’habitude de faire des achats en ligne et qu’il recevait donc régulièrement des colis.

Opération ‘Controlled Delivery’

D’ailleurs, le médecin avait été informé par les services postaux qu’il devait récupérer, au bureau de poste de Quatre-Bornes, un colis, en l’occurrence un livre ayant pour titre "Adam, Names The Animal". Il demande alors au chauffeur de la famille de le faire à sa place. Manish Nagah a donné aussi la permission au personnel du bureau de poste d’ouvrir le colis. Une fois qu’il a récupéré le paquet, Vishnudutt Sreepaul, 72 ans, est immédiatement arrêté et appelé à participer à un ‘Controlled Delivery’.

Manish Nagah liberé sous caution

 
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/div> Durant la journée du vendredi 20 novembre, le docteur Manish Nagah a retrouvé la liberté conditionnelle. Il a été traduit devant la Bail and Remand Court, où il a fourni deux cautions de Rs 100,000, chacune. Manish Nagah a également signé une reconnaissance de dette à hauteur de Rs 100,000. La suite de son interrogatoire devrait avoir lieu dans les jours à venir, en présence de son homme de loi, Me Yousuf Mohammed.

Sous les directives des officiers de l’ADSU, le chauffeur se rend alors chez son patron pour lui remettre le colis, suivi discrètement par les éléments de la brigade anti-drogue. Sur place, il dépose le paquet sur une table et en informe Manish Nagah. Au moment où le médecin s’est saisi du colis, les officiers sont intervenus et ont procédé à son arrestation. Visiblement en état de choc, selon nos recoupements d’information, le médecin n’a rien dit dans l’immédiat.

« Mo pa bizin fer sa pou mo viv »

Vishnudutt Sreepaul a alors lancé : « Mo pa konn narien ladan. Dokter Manish Nagah dir mwa vinn rod parcel pou li ». Le chauffeur a laissé entendre aux limiers de l’ADSU qu’il a l’habitude de récupérer les colis de son patron, mais qu’il ignore leur contenu. « Plusieurs fois, j’ai récupéré des colis pour Manish », a-t-il soutenu, précisant que le médecin a pour habitude de commander des produits, dont des équipements médicaux. Face aux officiers de l’ADSU, le médecin n’aurait démontré aucune émotion. « Wi, mo ti pe atann enn koli, me pa ladrog », leur a-t-il dit. Lors de son interrogatoire, il a indiqué qu’il avait commandé une brosse électrique, sur Internet. « Mo pa bisin fer sa pou mo viv. Mo travay byen mwa », a-t-il lancé aux enquêteurs. Durant la matinée du vendredi 20 novembre, Manish Nagah a, de nouveau, été traduit devant la ‘Bail and Remand Court’. Son téléphone cellulaire et son ordinateur portable ont été envoyés à des experts à des fins d’analyses. Les résultats devront confirmer si le médecin a effectivement commandé des produits médicaux ou une brosse électrique, comme il l’a affirmé dans sa déposition. La brigade antidrogue compte passer au crible les différentes transactions d’achats effectués en ligne par le Dr Manish Nagah. À vendredi, l’ADSU avait déjà procédé à des échanges d’informations avec l’unité d’Interpol d’Afrique, pour tenter de remonter à l’expéditeur "Vivian Metroin". Cependant, au QG de l’ADSU, on demeure septique à ce sujet. La piste d’une fausse identité n’est pas écartée par les hommes du DCP  Choolun Bhojoo.
   

Les ‘goûteurs’

À Maurice, les trafiquants n’ont pas de laboratoire pour tester l’authenticité des drogues. Ils ont donc recours à des ‘goûteurs’. Ces derniers peuvent dire si l’héroïne a été mélangée ou pas. Toutefois, les goûteurs peuvent seulement travailler durant un an/un an et demi. S’ils persistent à goûter à l’héroïne, ils risquent d’avoir des complications de santé, voire devenir accros à la drogue. Certains goûteurs sont payés avec de la drogue alors que d’autres choisissent une voiture. L’héroïne a un goût mi-aigre et mi-amer, apprenons-nous. Nos policiers n’ont eux pas à goûter à la drogue car ils ont un testing kit.

Un trafic bien huilé

C’est un réseau de trafiquants de drogue au mode opératoire bien huilé qui sévirait dans la région d’Afrique. Tant que la drogue rentre au pays sans anicroche, les trafiquants continuent à envoyer des colis. Toutefois, dès qu’ils ont vent que leur colis a été intercepté par les autorités, ils changent immédiatement de mode opératoire. En ce moment, ils font leurs transactions par la poste. Les trafiquants ont recours à tous les moyens pour faire entrer la drogue au pays. D’ailleurs, avec les technologies modernes, ils arrivent à communiquer entre eux sans laisser de trace.
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Les autorités veillent au grain

 
Suite aux grosses saisies de drogue, les autorités – plus précisément l’ADSU – sont plus que jamais sur le qui-vive pour combattre ce fléau et intercepter les contrevenants. Comment cela se passe sur le terrain ? Éléments de réponse de sources proches de la brigade anti-drogue.

Interception des colis

Au bureau de la poste centrale, tout comme à l’aéroport, les colis provenant des pays jugés ‘à risques’ sont impérativement passés sous un détecteur à rayons X et sur une plate-forme de pesage. Ces méthodes permettent aux autorités d’identifier tout excès par rapport au ‘poids habituel’. Les colis, expliquent nos sources, portent des étiquettes indiquant leur contenu. Les experts à la douane arrivent souvent à identifier les colis en excès de poids. Ces colis contiennent, pour la plupart, des produits interdits. Les chiens renifleurs de la douane sont souvent d’une grande aide, surtout lorsqu’il s’agit de drogue. « Toutefois, certains expéditeurs tentent de masquer l’odeur de la drogue, en y incluant d’autres produits qui sentent fort », indiquent nos interlocuteurs.

L’axe Dar es Salam/Plaisance classé 'leading network'

L’axe Dar es Salam/Plaisance est classé comme un ‘Leading Network’ par les autorités mauriciennes. Récemment, 400 grammes de cannabis synthétique avaient été saisis, ainsi que 3,9 kilos de cannabis compressé. Une Mauricienne, soupçonnée être le cerveau d’un réseau, avait été épinglée par l’ADSU. On la soupçonne d’avoir eu recours à des étudiants nigérians, qu’elle hébergeait chez elle, pour faire rentrer ces produits illicites au pays.  Par ailleurs, à la suite d’une série de saisies de drogue provenant du Nigeria, les trafiquants ont changé leur mode opératoire. « Ils ont tenté à plusieurs occasions à changer de parcours, passant notamment par l’axe Nigeria-Inde-Maurice, pour faire entrer la drogue sur le sol mauricien », apprenons-nous au sein de l’ADSU, où l’on affirme que leur petite manœuvre a toutefois déjà été mise à jour.

Les pays dits « à risques »

La drogue, apprenons-nous, proviendrait principalement d’Afghanistan ou du Pakistan. Ensuite, elle serait transportée en Afrique, avant d’être redistribuée à Maurice, à Madagascar et en Tanzanie. Ces transactions sont contrôlées par les Nigerians, assure notre source. Par ailleurs, ajoute une source de la brigade antidrogue, l’héroïne proviendrait de beaucoup d’autres pays, notamment Madagascar, Tanzanie, Kenya et Afrique du Sud. De plus, un nouvel axe Dubayy/Maurice a été créé récemment, indique-t-elle. L’axe Inde-Maurice serait moins actif, car ce sont des Malgaches qui auraient pris les rennes. « Zot fer sa pou dipin diber akoz zot dan difikilte », poursuit notre source. Certains passeurs le feraient uniquement pour pouvoir voyager.

Pauvreté oblige

Les passeurs sont souvent des gens qui vivent dans des conditions modestes. Ils reçoivent des instructions des trafiquants, qui leur demandent de venir à Maurice comme touristes et de livrer les colis aux personnes concernées. Les billets d’avion ainsi que les frais de logement sont payés par les trafiquants. Une fois la transaction faite, ils reçoivent de grosses primes. Toutefois, selon notre source, les passeurs ne révèlent jamais le montant.

Les profits: l’astuce

Un gramme d’héroïne coûte Rs 15 000 sur le marché local. Selon une source, si le trafiquant achète de l’héroïne pure, il la mélange avec différentes poudres. Ensuite, il revend le gramme pour le montant qu’il a initialement déboursé, soit Rs 15 000.  
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