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Au Coeur de l’Info - la chanson controversée au RCC : «n’est que le sommet de l’iceberg»  

Jean Maurice Labour, Avinash Manohar et Raouf Bundhun étaient les invités de l’émission.

La question de « nation building » et les 55 ans d’Indépendance du pays ont été abordés dans l’émission « Au cœur de l’Info » animée par Patrick Hilbert et Ruth Rajaysur le lundi 13 mars 2023. La polémique autour de la chanson controversée entonnée par des élèves du collège Royal de Curepipe a été abordée. 

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«Kan zordi ou trouv bann zelev kolez Royal Curepipe pe sant nerport kwa dan lari pou fet lorea, ou trouv sa enn zenes responsab ?’ Permettez-moi de vous dire que les autorités ont échoué sur cet aspect. » Déclaration sans équivoque de l’ancien vice-président de la République Raouf Bundhun, dans l’émission « Au cœur de l’Info » du lundi 13 mars. 

Le père Jean Maurice Labour, vicaire-général du diocèse de Port-Louis, a également parlé de cette chanson controversée. « D’après moi, ce racisme contre la communauté créole, qui sort de temps à autre, n’est que le sommet de l’iceberg. » Il estime que ce qu’il s’est produit est extrêmement grave, avançant que « les propos de la chanson sont inacceptables ». 

« ‘Monn dir ki monn refiz enn linvitasion. Ena dimoun inn dir ki mo pa finn invite’. En fait, j’ai été invité non pas par le recteur mais par un préposé de la Parent Teacher Association. J’ai considéré que je devais marquer le coup car de simples excuses sont insuffisantes… Les autorités devaient émettre un signal à l’effet que cette mentalité, ce vocabulaire et cette stigmatisation ne sont pas cultivés à la base », ajoute le père Jean Maurice Labour. 

Reflet d’une culture de base

La chanson, selon le vicaire-général, ne serait pas anecdotique. « Elle est le reflet d’une culture de base. » Il est d’avis qu’un des aspects du « nation building » doit être l’enseignement de l’histoire de Maurice qui, selon lui, débute bien avant l’accession du pays à l’Indépendance. 

« La construction d’une nation se fait à travers des programmes et l’enracinement de notre histoire. J’aime passionnément mon pays, mais je suis triste. Il est pourvu d’un potentiel extraordinaire qui vient de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Mon rêve pour les 55 ans d’Indépendance de Maurice est d’avoir des dirigeants, des chefs d’entreprise et des leaders qui font une projection d’une synergie de leurs opinions », propose Jean Maurice Labour. 

Le politologue Avinash Manohur estime, pour sa part, qu’il faut adopter une stratégie menant au « nation building ». Selon lui, ce qu’il qualifie de « crise des institutions » constitue un des obstacles à la construction de la nation. « Il faut se pencher sur cette crise afin de redynamiser les potentiels de mixité et de métissage. Ce n’est pas le rôle des politiques de dicter les conduites identitaires », souligne-t-il. 

Le vicaire-général est convaincu qu’en 55 ans d’Indépendance, « on aurait dû montrer notre maturité ». Raouf Bundhun lance un appel : « Pardonnez à ces enfants. ‘Zot bann viktim enn bann kiksoz ki ena dan baz lasosiete’. La société est malade dans le sens où il faut comprendre que le pays appartient à tous les Mauriciens. » 

L’ancien vice-président de la République rappelle que l’hymne national dit : « (…) as one people, as one nation, in peace, justice and liberty ». Il estime que la jeunesse doit l’intégrer dans son esprit. « Pei la pa pou zis enn kategori dimounn sa. Li pou tou Morisien. Linite nasional la pa vinn koumsa sa. Ou bizin montre li dan la realite », précise Raouf Bundhun. 

L’émission a aussi été l’occasion d’aborder l’absence de fête nationale pour célébrer les 55 ans d’Indépendance de Maurice. Pour le père Jean Maurice Labour, il y avait d’autres moyens culturels de valoriser le mauricianisme. Mais l’occasion, se désole-t-il, n’a pas été saisie. 

« Comme beaucoup de citoyens, je m’attendais à de grandes célébrations. Mais tout a été extrêmement sobre. Je constate toutefois qu’au-delà de l’officiel, c’était plaisant de voir le nombre de Mauriciens faisant flotter le quadricolore », se réjouit Avinash Manohur. 

Raouf Bundhun considère, pour sa part, l’absence de célébrations pour l’Indépendance comme une « occasion manquée de la part du gouvernement ». Le sens du patriotisme existe-t-il toujours à Maurice ? « Oui », répond Avinash Manohur. Selon lui, il suffit de voir l’enthousiasme des Mauriciens, d’ici et d’ailleurs, pour leur pays. 

« Je concède qu’il y a un pessimisme ambiant, surtout venant de la jeunesse. Mais ce qui a été conçu en 55 ans est fabuleux. ‘Kan gete kot nou sorti ek kot nounn vini…’ Cette croyance dans la destinée du pays nous a permis d’avancer », soutient-il. 
 

 

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