Sur le plateau de l’émission Au Cœur de l’Info du mercredi 8 mars, consacrée à la Journée internationale des femmes, Jane Lutchmaya a reçu Shirin Aumeeruddy-Cziffra, ancienne ministre et le Dr Mita Ballysing. Elles ont abordé plusieurs sujets autour de la femme mauricienne.
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Outre les invitées, les autres femmes qui ont pris la parole pendant l’émission ont souligné les inégalités entre hommes et femmes qui perdurent à Maurice. Certes, il y a eu des avancées significatives en matière de parité. Toutefois, selon elles, il reste un long chemin à parcourir pour surmonter certaines formes de discrimination, à commencer par la contribution des femmes dans la politique, mais également pour les salaires.
Dans la politique, la participation féminine demeure faible, soit 20% aux dernières élections. De plus, les femmes sont sous-représentées au sein des conseils d’administration avec un taux de 13 % en 2022. Ensuite, seulement 37,8 % d’entre elles occupent des postes clés dans la fonction publique, selon le dernier rapport de Statistics Mauritius. Il a été également question de la disparité salariale entre hommes et femmes pour un travail identique dans certains secteurs.
Fin 2021, Venna Pavaday, fondatrice de la compagnie Verde, a mené une étude auprès de 400 personnes et d’une cinquantaine d’entreprises sur la femme au travail. « Cette enquête a mis en évidence la perception que les gens pensent que les femmes ont un manque de confiance en elles. C’est pourquoi on a recommandé d’inclure des campagnes de sensibilisation auprès des jeunes dans les écoles afin d’éduquer sur l’égalité des genres », a-t-elle expliqué.
En revanche, selon Shirin Aumeeruddy-Chziffra, il y a eu de grandes réformes concernant l’évolution des droits de la femme. « Le changement dans le Code Napoléon a été fondamental. Auparavant, une femme devait demander la permission à son époux avant de choisir un travail ou encore pour ouvrir un compte en banque. On a fait des pas de géant dans les années 70 sur la condition féminine », a indiqué l’avocate. Cependant, elle considère qu’il y a encore du progrès à faire avec la loi actuelle.
Par contre, là où le bât blesse, c’est la montée du sexisme, du harcèlement et de la violence à l’encontre des femmes, et ce, malgré toutes les lois, déplore le Dr Mita Ballysing. « Souvent, la réalité ne reflète pas le cadre légal existant. Il y a encore beaucoup de préjugés et il faut un changement de mentalité dans la cellule familiale », a-t-elle souligné. Elle insiste également sur le changement de paradigme nécessaire, voire crucial, afin que la cause féminine avance à Maurice. Pour sa part, Anushka Virahsawmy, la directrice de Gender Links, a aussi fait ressortir que les stéréotypes féminins ont la peau dure.
La prise de conscience est présente, a affirmé, de son côté, Kanika Ramtohul thérapeute de yoga et coach de fitness. Elle dit avoir remarqué lors de ses sessions de coaching que « les femmes veulent se faire entendre. Auparavant, leur voix était étouffée, mais plus maintenant ».
La violence domestique
Plus d’une dizaine de femmes sont mortes l’an dernier sous les coups de leur partenaire. Pour Mélanie Vigier de Latour-Bérenger, psychosociologue, les témoignages des victimes féminines sont nombreux à s’orienter sur le fait que malgré les lois existantes, il y a toujours un problème en ce qu’il s’agit de leur application. « Certaines ont eu un Protection Order, mais cela n’a pas suffi », a-t-elle raconté. Ensuite, au-delà de la violence physique, il y a aussi la violence verbale, psychologique et émotionnelle. Autant d’éléments qui doivent être inclus dans le Protection from Domestic Violence Act.
La psychosociologue a aussi parlé d’un atelier organisé le 8 mars par le Kolektif Drwa Imin. Il en ressort que l’aide de l’État est vital pour lutter contre le manque d’autonomie financière des victimes féminines de violence domestique. Le manque d’abris pour les femmes a aussi été abordé.
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