« Mem to pa donn zot later, me fer zot aprann. » Cette phrase de son père adressée à sa mère a été d’une grande inspiration pour Rajkarran Bumma, aujourd’hui âgé de 73 ans. Cet habitant de Nouvelle-Découverte dit avoir délaissé le professorat en 1975 pour embrasser la carrière d’artiste. Une riche carrière qui l’a propulsé sur le plan local aussi bien qu’international.
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Marié à Prateema, Rajkarran Bumma a eu trois enfants et six petits-enfants. Il est le quatrième enfant d’une famille qu’il qualifie de « très pauvre ». Pour nourrir sa famille, son père exerçait comme laboureur. Sa mère était femme au foyer. « À cette époque, comme nous n’avions rien à manger, on se nourrissait d'arouille, de chouchou, de manioc que faisait bouillir notre mère. » Cependant, la vision de son père était d’éduquer ses enfants. « Si bien qu’il économisait chaque 5 sous, voire chaque 10 sous. » se souvient-il.
Ce pendant, pour partir à l’école, qui se trouvait à Ripailles, il fallait parcourir 3 km à pied, se souvient Rajkarran Bumma. « Nou ti gagn 1 sou, parfoi enn kass pou manz gato. Ti pe kapav aste gram bouyi par pogne. » Dès son plus jeune âge, Rajkarran Bumma a voulu donner le meilleur de lui-même. Classé parmi les plus brillants de son établissement primaire, Rajkarran Bumma avait été référé à l’école RCA de Saint-Pierre pour terminer ses études au collège Bhujoharry. Plus tard, il poursuit ses études tertiaires, comme « external student », à l’University of London et décroche son BA Honours in English.
Notre interlocuteur se souvient toujours de la conversation que son père disait sa mère alors qu’il était encore un enfant. « Kan mem to pa donn zot later, me fer zot aprann ». Phrase qui l’a conduit durant toute sa vie. Après ses études, il fait son entrée dans le monde de l’enseignement pour le délaisser en 1975. Depuis, il dédie sa vie au monde artistique, plus précisément au théâtre, jusqu’à atterrir à la « section Drama » au ministère de la Jeunesse et des Sports.
Durant sa riche carrière, Rajkarran Bumma a eu la joie de jouer dans des courtsmétrages, des longs-métrages, des séries et des pièces de théâtre. Il est fier d’avoir joui des couvertures médiatiques au niveau international. « Mes pièces jouées à Maurice ont été transmises dans des pays étrangers.
À l’instar de « L’ombraze canne », ce long-métrage qui a joué à travers le monde, soit durant 17 festivals internationaux, et qui a été joué durant deux semaines à Maurice », dit-il avec fierté.
Sa dernière pièce est celle de Molière intitulée « L’Avare », dans laquelle il a interprété le personnage important d’Harpagon. Rajkarran Bumma précise que c’était un projet de théâtre virtuel proposé par le ministère des Arts et de la Culture à l’intention des élèves du secondaire dans le cadre de la pandémie Covid-19. Pour l’instant, il compte terminer « Le Malade Imaginaire », autre chef d’oeuvre de Molière.
En 1979, il opta pour des études supérieures - une Post Graduation - en Inde pour trois ans. À son retour à Maurice, il organisa plusieurs ateliers de travail et forme des jeunes dans le milieu théâtral. Il partage son savoir-faire aussi aux techniciens, costume designers, makeup artists, metteurs en scene entre autres. Il se dit honorer d’avoir oeuvré aux côtés de Dev Veerasawmy, Abhimanyu Anuth, Bhismadev Seebaluck entre autres.
Rajkarran Bumma a été aussi directeur artistique pour l’Island Dubbing Studio. À l’époque, il formait des acteurs pour le doublage des courts-métrages et longs métrages ou encore des séries qui se diffusaient dans des pays d’Afrique francophone, La Réunion, la Martinique et ailleurs.
« Je ne peux pas cesser de faire le théâtre. Aujourd’hui encore, je me dévoue en instruisant les jeunes à monter leur propre pièce », ajoute-t-il avec le même enthousiasme. Cependant, son seul regret est que sa motion, soulevée en 1979, pour avoir une école de théâtre à Maurice est restée fermer dans le tiroir du gouvernement de SSR père.
Sa vision du monde théâtral est d’avoir une réforme radicale dans ce milieu. « Les bases doivent être solides, car notre théâtre mauricien est encore embourbé dans l’amateurisme », conclut Rajkarran Bumma.
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