Indranee D., une habitante de L’Aventure âgée de 47 ans, se bat pour rester forte. Indépendante et courageuse de nature, elle a un handicap aux deux pieds depuis la naissance. Malgré cela, elle prend soin de sa mère de 80 ans. Mais sa vie n’est pas facile.
« Je me suis habituée à me débrouiller seule. D’ailleurs, j’ai fait de sorte que chaque objet soit facile d’accès »
À l’aide de son déambulateur, Indranee n’a aucun mal à achever les corvées de la maison. Ses cheveux coupés à la garçonne lui confèrent un look « classy » et de petite fille rusée comme un renard. Indranee est une femme très cultivée. « Je me suis habituée à me débrouiller seule. D’ailleurs, j’ai fait de sorte que chaque objet soit facile d’accès », lance-t-elle, en faisant la vaisselle.
En effet, l’évier, la table, les chaises, ainsi que les meubles sont adaptés pour elle. Sur le lit, sa mère âgée de 80 ans la regarde. Il est difficile de lire dans les yeux de la vieille dame. Issue d’une famille modeste, Indranee a quatre sœurs et avait deux frères.
« Ma mère est tombée malade après le décès de mes deux frères. Quant à mon père, il est décédé depuis plus de 25 ans. Cela a bousculé complètement sa vie et depuis, elle a commencé à avoir des complications mentales », dévoile-t-elle. Les parents d’Indranee travaillaient comme laboureur. « C’est ainsi qu’ils nous ont grandis et je les en remercie », poursuit-elle.
Indranee n’est pas la seule à s’occuper des corvées de la maison. « Une de mes sœurs vient nous aider à faire le ménage et à cuisiner, trois fois par semaine. Je lui donne Rs 5 000 mensuellement, de la pension que ma mère et moi percevons », explique-t-elle.
Sauf que, récemment, sa sœur l’a informée qu’elle cesserait de venir aussi régulièrement. « Elle a trouvé un travail avantageux et c’est bien pour elle. Je vais devoir trouver une personne pour la remplacer », avance-t-elle. Indranee et sa mère perçoivent chacune une allocation sociale de Rs 9 500.
« Cet argent n’est jamais suffisant. Les factures, les courses, les médicaments, les consultations médicales et les frais de transport sont de grosses dépenses », explique-t-elle. Indranee et sa mère ne peuvent pas voyager par le transport public, car le service n’est pas adapté pour elles.
« J’ai des difficultés à entrer dans le bus. Ma mère et moi étant de petite taille, ce n’est pas évident. » Indranee suit actuellement des thérapies auprès d’un psychologue. « Ces sessions me sont nécessaires, ainsi que les autres suivis médicaux. Beaucoup de personnes me diront que les services médicaux sont gratuits à Maurice, mais à l’hôpital, lorsque j’explique au docteur que les médicaments qui me sont prescrits n’agissent pas sur mon système, il n’est pas d’accord. C’est pourquoi j’ai opté pour le privé, car les médecins comprennent mieux le fonctionnement de mon corps et me prescrivent les médicaments appropriés », indique-t-elle.
À l’âge de 14 ans, elle a commencé à fabriquer des poupées en chiffon. Elle s’est aussi mise au crochet et à la broderie. Elle aime créer des produits artisanaux. C’est ainsi qu’elle trouve son bonheur. « De nos jours, grâce à Internet, j’apprends plus de techniques et d’autres idées créatives. Je n’ai jamais suivi de cours spécifique. J’ai tout appris par moi-même », raconte-t-elle avec fierté.
Cela fait quelques années qu’elle expose ses fabrications, grâce au soutien du gouvernement, dans une ruelle, à Port-Louis. « Sof ki lavant la res anplas ! » dit-elle. « Les prix varient de Rs 100 à Rs 300, mais ce genre de produit ne trouve pas preneur. » C’est pourquoi elle souhaite avoir son propre magasin, afin d’y exposer ses produits et de travailler sur les livraisons en gros. « Sauf qu’il me faut des ressources pour réaliser ce rêve. Et j’ai la responsabilité de ma mère sur les épaules », fait-elle ressortir.
« Mo pena oken kontantman aster. Auparavant, j’aimais bien sortir me promener un peu partout, mais le transport coûte et je ne peux plus me le permettre. De ce fait, je reste à la maison et me plonge dans la création des produits artisanaux. » « La télé est le passe-temps de ma mère. Sinon, elle dort. »
Touchée par le récit d’Indranee, la rédaction a pris contact avec un préposé de la Small and Medium Entreprise pour lui venir en aide.
Ceux qui connaissent une personne qui serait disposée à s’occuper du ménage et de la cuisine pour Indranee, trois fois par semaine, peuvent appeler le 207 0666 ou envoyer un courriel au Défi.
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