C’est le statu quo en ce qui concerne l’utilisation du cannabis thérapeutique dans le traitement de certaines maladies. Les médicaments que le ministère de la Santé a commandés à la suite d’un appel d’offres ne sont pas encore arrivés, a-t-on fait comprendre.
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Initialement annoncé pour le mois de mars dernier, il faudrait attendre encore quelques mois avant que l’usage du cannabis thérapeutique ne soit une réalité à Maurice. En effet, les médicaments qui ont été commandés à travers un appel d’offres ne sont pas encore arrivés. Contrairement aux produits conventionnels, il y a différentes procédures beaucoup plus strictes qui doivent être respectées avant que ces médicaments puissent être importés, selon le Dr Anil Jhugroo, psychiatre et addictologue.
« L’importateur ainsi que les exportateurs doivent détenir toutes les autorisations nécessaires et les permis du United Nations Office on Drugs and Crime (UNODC), car l’usage du cannabis thérapeutique est très réglementé », dit-il. De plus, d’infinies précautions sont prises afin de s’assurer que le pays dispose des meilleurs médicaments possibles, qui respectent toutes les normes de sécurité sanitaire, entre autres, souligne notre interlocuteur.
Petit stock
Le Dr Jhugroo fait remarquer que le cannabis thérapeutique n’est pas un produit passe-partout comme certains médicaments conventionnels. « La formulation est spécifique pour chaque traitement et patient. Il faut être très précis dans l’usage de ces produits. Et comme nous allons les utiliser pour la première fois, nous prenons toutes les précautions nécessaires afin d’éviter le moindre problème », explique-t-il. Il ajoute que même si le cannabis thérapeutique est un produit naturel, des effets secondaires ne sont pas à écarter.
Un « petit stock » de produits a été commandé selon l’appel d’offres qui a été lancé (voir hors texte). Car contrairement aux médicaments conventionnels, il n’est pas possible d’en importer en grande quantité. Cela, du fait que la date de péremption est plus courte pour les produits naturels, précise-t-il. Les produits seront aussi importés au cas par cas, car la même formulation ne peut être donnée à d’autres patients, même s’ils souffrent de la même pathologie, souligne le Dr Jhugroo. « Chaque patient aura une formulation spécifique », indique-t-il.
Le psychiatre fait ainsi comprendre que ce n’est pas un exercice simple que de faire venir et prescrire du cannabis thérapeutique à un patient. Ce dernier devra au préalable passer par le Medical Cannabis Therapeutic Committee, composé de médecins, de spécialistes et de pharmaciens, avant de bénéficier du cannabis thérapeutique qui ne sera prescrit qu’en dernier recours, fait ressortir le Dr Jhugroo. Ainsi, c’est quand tous les médicaments de première ligne n’auront plus d’effet sur un patient que le produit sera proposé, comme complément. Ce, afin de lui apporter un soulagement, que ce soit pour le cancer, la sclérose en plaques, l’épilepsie ou les maladies inflammatoires.
Selon le Dr Jhugroo, il faudra attendre encore quelques semaines avant que les premiers patients puissent bénéficier de ce type de traitement.
Appel d’offres pour divers médicaments
Le ministère de la Santé a lancé un appel d’offres pour un « petit » stock de cannabis thérapeutique, comprenant une gamme de produits visant à répondre aux besoins variés des patients. Parmi les produits proposés : 10 unités, contenant entre 20 et 25 mg/ml, d’huile sublinguale de THC, conditionnées en flacons de 10 à 30 ml.
Il y aura aussi 25 boîtes d’huile ou de spray sublingual Balance, contenant un mélange de THC et de CBD, avec différentes concentrations, notamment 27 mg/ml de THC et 25 mg/ml de CBD, ou une plage de 20 à 27 mg/ml de THC et de 20 à 25 mg/ml de CBD, le tout conditionné dans des flacons de 10 à 30 ml.
Sont attendus également 25 boîtes de produits contenant de 10 à 12 mg/ml de THC et de 10 à 14 mg/ml de CBD, conditionnés en flacons de 10 à 30 ml, pour les patients nécessitant une combinaison plus équilibrée de THC et de CBD.
Enfin, ont été commandées 25 unités d’huile sublinguale de CBD, avec des concentrations allant de 30 à 100 mg/ml, et un taux de THC inférieur à 0,2%, conditionnées dans des flacons de 10 à 100 ml et 100 unités de THC et de CBD dans un rapport de 1:20, contenant de 1 à 2 mg/ml de THC et de 20 à 40 mg/ml de CBD, conditionnées en flacons de 10 à 30 ml, décrits comme des « mélanges équivalant un pour un ».
Culture du chanvre industriel
Après l’aval du gouvernement pour la recherche et les essais sur la culture du chanvre industriel en avril 2022, cette dernière a débuté depuis plusieurs mois sur une base pilote à Réduit. Le ministère de l’Agro-industrie dirige cette initiative en collaboration avec le Food & Agricultural Research and Extension Institute.
Le chanvre industriel, une variété de Cannabis Sativa, se distingue de la marijuana, car il contient seulement 0,3 % de THC (delta-9-tétrahydrocannabinol), avec une concentration minimale d’effets psychotropes. Sa culture présente de multiples avantages sur l’environnement, l’économie et le secteur médicinal.
Malgré les dispositions de sécurité prises, un cas de vol a été perpétré dans le champ en question en janvier dernier. Un vigile avait volé des feuilles qu’il avait ensuite vendues.
Nous avons sollicité le ministère de l’Agro-industrie pour obtenir des informations sur l’avancement du projet et attendons leurs réponses.
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