Keegan Etwaroo s’est, de nouveau, présenté à l’Independent Commission against Corruption vendredi. Il était accompagné de son avocat, Me Yash Bhadain. Durant son audition, il a fait le point sur le nombre de fois où l’intermédiaire est venu récupérer de l’argent chez lui pour payer le pot-de-vin destiné à lui faire obtenir le bail du ranch de Grand-Bassin. Il a cité les noms d’un PPS et d’un ministre dans cette affaire.
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L’audition de Keegan Etwaroo, ancien détenteur du bail du ranch de Grand-Bassin, s’est poursuivie le vendredi 31 mars 2023 à l’Independent Commission against Corruption (Icac). Les enquêteurs l’ont confronté à la version du « whistleblower » au sujet de pots-de-vin totalisant Rs 3,2 millions remis pour faciliter l’obtention du bail. Il est passé à table : « Sak fwa ti pe vinn pran Rs 200 000 ou Rs 300 000 mo lakaz. »
Il a même fourni de nouveaux éléments. Selon son avocat Me Yash Bhadain (voir encadré), il a parlé de l’implication présumée d’un Parliamentary Private Secretary (PPS). Il a aussi cité le nom d’un ministre et ceux de ses proches acolytes. Les négociations pour les présumés pots-de-vin ont, selon Keegan Etwaroo, été finalisées le samedi 12 septembre 2020, lors d’une visite du ministre et de ses proches qualifiés de VVIP au ranch, lequel était alors géré par l’Eco Deer Park Association.
L’accord porte alors sur un montant de Rs 3,5 millions. Mais Keegan Etwaroo et ses collaborateurs ont pu réunir seulement Rs 3,2 millions, somme qui aurait déjà été payée. Ce seraient des proches acolytes du ministre qui auraient récupéré le premier dessous-de-table.
Vendredi, Keegan Etwaroo a, en présence de son avocat Yash Bhadain, fait le point sur le nombre de fois où il a remis de l’argent à l’« intermédiaire ». Keegan Etwaroo a précisé qu’à chaque fois, l’argent était collecté à son domicile à La Marie par le dénommé « Jeetoo » avant d’être remis à deux « collaborateurs » du ministre.
L’Icac dresse une liste de ces multiples collectes d’argent en guise de pots-de-vin en vue de renouveler le bail du ranch en 2021. Elle tente de confirmer les paiements de sommes variant entre Rs 200 000 et Rs 400 000 faits en tranches durant la période s’étalant de fin 2020 à début 2021. Les enquêteurs comptent bâtir un dossier à charge sur les sommes récupérées par des émissaires, lesquels opéreraient en binôme.
La commission anticorruption avait provoqué une certaine effervescence avec les multiples saisies effectuées dans l’affaire Franklin et les arrestations qui ont suivi. Elle s’assurait de maintenir une ligne de communication avec la presse. Mais depuis cette semaine, avec les allégations formulées par Keegan Etwaroo, dont la soirée VVIP arrosée au ranch, l’Icac affiche la prudence par rapport aux informations transmises aux médias.
Au Réduit Triangle, les enquêteurs sont plus que prudents depuis que le nom d’un PPS, ainsi que ceux d’un ministre et de ses collaborateurs, ont été cités dans l’affaire liée au bail du ranch, site qui aurait été utilisé par le réseau Franklin pour des soirées. Le responsable de la cellule communication de l’Icac est « muet » sur cette affaire jugée sensible qui met en cause un « Top Gun » du gouvernement.
Cette enquête de l’Icac a démarré après le grand déballage d’un whistleblower qui faisait aussi partie des « collecteurs » de pots-de-vin. L’Icac avait déjà les activités de l’Eco Deer Park Association dans le collimateur, Vicky Juliette étant le vice-président. Ce dernier serait un des partenaires d’affaires de Jean-Hubert Celerine, dit Franklin. Vicky Juliette aurait signé un « lease agreement » pour le ranch en 2022.
Me Yash Bhadain : « Mo klian inn depans plis ki Rs 3 M »
Me Yash Bhadain, l’avocat de Keegan Etwaroo, est intervenu face à la presse vendredi à sa sortie des locaux de l’Icac. « Mo klian inn depans plis ki Rs 3 millions », a déclaré l’homme de loi. « Mo klian finn donn so bann eksplikasion. Li finn konfirm bann alegasion tre ‘sérieuses’ ki finn ena kont enn PPS ek enn minis ‘de la République’… Bon bizin konpran ki l’Icac pe fer lanket. Tou bann detay pa pou kapav sorti aster la. Nou panvi anket la fware ‘en donnant plus de détails’ », a-t-il dit.
L’homme de loi a précisé que son client se sent rassuré et encouragé de par l’attitude exemplaire des enquêteurs de l’Icac. Il a soutenu que toute l’affaire sera déballée au grand public au moment opportun.
Sollicité pour une réaction, Keegan Etwaroo, qui était à côté de son avocat a simplement répondu : « Monn fini dir tou seki bizin l’Icac. Bann la pou fer zot lanket. »
Keegan Etwaroo : Un personnage de l’ombre
En 2016, Kiran Etwaroo, son épouse Jaymala, ainsi qu’un gardien du ranch, Jean Christophe Firmin, sont épinglés pour trafic de cannabis. Keegan Etwaroo, qui n’est nul autre que le frère de Kiran, est présent sur place. Mais son arrestation interviendra trois jours après la descente de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) de la Southern Division dans la chasse. La brigade antidrogue lui reproche alors d’être à l’origine d’une culture de cannabis sur ce terrain.
Après une première saisie en février 2016, un mois plus tard, l’Adsu organise une deuxième opération dans la chasse, plus précisément en mars 2016. Durant ce raid, un policier est blessé par une « booby trap ».
Keegan Etwaroo sera aussi présent lors d’une autre descente de l’Adsu et de la Special Mobile Force pour ratisser les lieux afin de déceler et d’éviter d’autres « booby traps ». Une quinzaine de plants de cannabis supplémentaires seront découverts.
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