- L’Ombudsperson for Children réclame justice
- Pédostop : 94 % des agresseurs d’enfants sont des proches de la famille
Une mère de famille domiciliée dans le Nord, a déposé une plainte à la police, le vendredi 23 août, pour abus sexuels présumés sur son fils de trois ans et demi. Cette ressortissante russe accuse le père de son fils, ainsi qu’un voisin d’avoir eu des comportements inappropriés envers l’enfant. Le petit, qui a été examiné par un médecin de la police, est sous observation médicale à l’hôpital.
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Le dossier a été pris en charge par la police de Pamplemousses. Les enquêteurs examineront les allégations pour établir les faits concernant les accusations portées par la Russe. Les délits auraient eu lieu alors que l’enfant étaient sous la responsabilité des individus mentionnés dans la plainte. Un mandat d’arrêt a été émis contre le père, infirmier dans l’établissement de santé où a été admis le garçonnet.
Les autorités et autres organismes militant contre de tels abus ont été alertés de cette affaire. Aneeta Ghoorah, Ombudsperson pour les enfants, a mis l’accent sur la nécessité d’une enquête approfondie et de la mise en place de mesures pour garantir la protection de l’enfant. Elle a également insisté sur l’importance de maintenir un environnement sûr pour les jeunes concernés.
Quant à Virginie Bissessur, psychologue et directrice de Pédostop, elle a commenté les implications liées à la gestion des accusations d’abus sexuels, en particulier lorsqu’elles impliquent des membres de la famille ou des professionnels. Elle a appelé à une vigilance renforcée et à une gestion adéquate pour assurer la sécurité des enfants.
Enquête de la police
L’enfant hospitalisé
La police de Pamplemousses et la Brigade pour la protection de la famille ont initié une enquête sur ce cas allégué d’abus sexuels sur un enfant de trois ans et demi depuis le vendredi 23 août. Dans sa plainte, la Russe, qui est à Maurice depuis cinq ans, a expliqué que son fils aurait subi des sévices sexuels aux mains de son papa et d’un de leurs voisins. Un mandat d’arrêt a été émis contre le père à la suite de ces allégations. Quant à l’enfant, il a été examiné par un médecin de la police. Il est actuellement hospitalisé.
Ministère de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille
Le suivi assuré
Le ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille assure le suivi de ce cas. Il précise que la Child Development Unit (CDU) prendra l’enfant sous sa charge si « sa sécurité est menacée ». Dans la situation actuelle, « la mère peut continuer à s’occuper de l’enfant. Si la mère est présente, elle peut garder l’enfant.
En revanche, si elle vit sous le même toit que le père, qui est accusé pour ces délits présumés, elle peut trouver refuge dans un Residential Care sous l’égide du ministère de la Sécurité sociale. La mère et l’enfant sont alors placés dans un centre où l’enfant bénéficiera de tout le soutien nécessaire, y compris un suivi psychologique, et où la mère reçoit également un accompagnement », indique-t-on au niveau du ministère.
Aneeta Ghoorah, Ombudsperson for Children :
« Il est crucial de prêter attention lorsqu’un enfant rapporte des faits troublants »
« J’ai pris connaissance de ce cas, et les faits sont profondément troublants. Il est particulièrement inquiétant que le père biologique, qui vit sous le même toit que l’enfant et sa mère, soit impliqué. Comme pour tous les cas d’abus d’enfants, un seul cas est déjà un cas de trop. Nous appelons le public à rester vigilant, non seulement vis-à-vis des personnes extérieures, mais aussi au sein de la famille proche. Il est crucial de prêter attention lorsqu’un enfant rapporte des faits troublants. Il est de plus en plus fréquent que ce genre de situation survienne au sein même de la famille », dira Aneeta Ghoorah.
Dans ce cas précis, poursuit l’Ombudsperson for Children, « le petit est hospitalisé dans le même établissement où travaille son père, ce qui suscite me préoccupe sérieusement. En tant que défenseure des droits de l’enfant, je contacterai l’administration de l’hôpital pour m’assurer que le père n’ait aucun contact avec l’enfant afin d’éviter tout risque de manipulation. Le mal est fait, et s’il y a eu des actes répréhensibles, il est essentiel que justice soit rendue et que les coupables soient sanctionnés. »
Virginie Bissessur, psychologue et directrice de Pédostop :
« C’est un phénomène que nous constatons malheureusement régulièrement »
«Il est malheureusement un fait que 94 % des agresseurs d’enfants sont des membres de la famille proche. Souvent, ces abus relèvent de l’inceste. Il n’est donc pas surprenant qu’un père puisse abuser de son enfant de 3 ans, un phénomène que nous constatons régulièrement chez Pédostop », déclare Virginie Bissessur.
La psychologue insiste sur le fait que les enfants ne sont en sécurité nulle part et appelle « à une vigilance renforcée, même au sein de la famille ».
Revenant sur le cas présent, la directrice de Pédostop compatit avec la maman qui vit des moments difficiles. « Cette Russe, présente sur l’île depuis cinq ans, sans famille ni soutien, doit affronter un système de signalement qui n’est pas dans sa langue maternelle. Personne ne prend le temps d’expliquer les procédures lorsqu’un cas est rapporté », se désole Virginie Bissessur. Elle précise que la police recueille une déclaration avant de conduire la victime à l’hôpital. « La visite médicale est essentielle, poursuit-elle, car cela peut appuyer la plainte de la mère contre le père pour abus sexuels sur son enfant. Au tribunal, la preuve matérielle est primordiale. Même si le meilleur psychologue évalue les traumatismes de l’enfant, c’est la preuve matérielle qui pèse le plus. »
La directrice de Pédostop souligne que si le rapport médical, effectué par un médecin légiste, ne révèle aucune trace d’abus, l’accusé peut contester. « Sans preuves de pénétration ou de violence physique sur l’enfant, il devient difficile pour la justice de croire l’enfant. Il peut être perçu comme un menteur ou comme quelqu’un qui a mal interprété la situation. Le bénéfice du doute existe toujours », s’indigne Virginie Bissessur.
L’intervenante s’inquiète que la parole de l’enfant est souvent mise en doute. « L’enfant se pose alors des questions. Les parents, déçus, perdent, pour leur part, confiance dans le système judiciaire. Avec la création de la nouvelle Children’s Court, il est crucial de voir si elle accordera du poids aux témoignages des enfants et aux évaluations psychologiques des traumatismes », s’interroge-t-elle.
Virginie Bissessur insiste sur l’urgence de réformer le système pour mieux protéger les enfants à Maurice. « Il est impératif que les droits et le bien-être des enfants soient au cœur des préoccupations. Les magistrats devraient recevoir une formation en psychologie de l’enfant, en tenant compte des souvenirs souvent confus après un traumatisme. En sus, une meilleure coordination entre la police, la CDU et l’hôpital est essentielle, car un manque de communication nuit gravement à l’intérêt des enfants », souligne-t-elle.
« Avec 97 % des cas se soldant par un bénéfice du doute, il est crucial d’adapter les procédures pour qu’elles soient véritablement protectrices pour les enfants, en mettant leur intérêt en priorité du début à la fin », conclut la directrice de Pédostop.
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