La décision du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) est tombée. Trois ans après le décès de Mohamed Iqbal Toofanny, une accusation formelle de « torture by public official » a été logée, ce vendredi 4 mai, contre cinq policiers. Ces derniers sont le sergent Vikash Persand et les constables Jonny Laboudeuse, Ghislain Marie Ronny Vincent Gaiqui, Jean-François Numa et Joshan Raggoo.
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Ils seront poursuivis au pénal devant la cour intermédiaire dans le cadre du décès du détenu Iqbal Toofanny, survenu le 2 mars 2015. Les cinq policiers, qui étaient alors affectés au Central Investigation Department (CID) de Rivière Noire, devront répondre d’une accusation formelle de « torture by public official ». Délit commis en vertu de l’article 78 (1) (a) (1) du Code pénal. Ces cinq policiers sont le sergent Vikash Persand (39 ans) et les constables Jonny Laboudeuse (34 ans), Ghislain Marie Ronny Vincent Gaiqui (37 ans), Jean François Numa (39 ans) et Joshan Raggoo (31 ans).
Cette décision du DPP fait suite à la conclusion du magistrat Daniel Dangeot, qui avait présidé l’enquête judiciaire dans cette affaire. Ce dernier avait statué qu’Iqbal Toofanny a été victime d’un acte malveillant.
« 14 blessures relevées »
Les cinq policiers avaient été arrêtés après le décès d’Iqbal Toofanny, 42 ans, à l’hôpital Victoria alors qu’il était sous garde policière. Ce dernier avait été interpellé, le 1er mars 2015, par une patrouille de l’Emergency Response Service (ERS) sur la route en face des résidences La Balise Marina, à Rivière-Noire. Il conduisait une Toyota Vitz blanche et avait, dans le véhicule, divers outils et trois téléphones portables. Les policiers l'ont ensuite remis à la police criminelle de Rivière-Noire pour les fins de l’enquête. Il a été retrouvé mort au lendemain de son arrestation.
Les conclusions du Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du service médico-légal, avaient écarté la possibilité qu’il soit mort naturellement ou accidentellement. Il avait relevé 14 blessures sur le corps de la victime. Selon le médecin légiste, Iqbal Toofany est décédé des suites d’un « pulmonary œdema caused by hypovolemic shock following soft tissues injuries ».
À la suite des allégations de brutalité policière de la famille Toofanny, le DPP avait alors institué une enquête judiciaire devant le tribunal de Bambous visant à faire la lumière sur les circonstances entourant le décès de Iqbal Toofany. Le magistrat Daniel Dangeot s’est appuyée sur les témoignages du Dr Sudesh Kumar Gungadin et du chef inspecteur Roshan Kokil pour arriver à la conclusion que le détenu a été victime d’un acte malveillant.
Que dit la loi ?
L’accusation de « torture by public official », en vertu de la section 78(1)(a)(i) du Code pénal, fait état que tout individu agissant en sa capacité de « public official » dans le but d’obtenir des aveux ou toute autre information d’une tierce personne en utilisant la force est passible d’une amende n’excédant pas Rs 150 000 et d’une peine d’emprisonnement ne dépassant pas 10 ans.
Yousouf Toofanny, père d’Iqbal: « Mo atann ki nou gagn la zistis »
Sollicité pour une réaction à la suite de ce dénouement, Yousouf, le père d’Iqbal Toofanny, a déclaré que sa famille continue de souffrir depuis la mort de son fils. « Depi koumansman mo pe lagerr pou gagn la zistis. Mo atann ki mo fami ek mwa nou gagn la zistis parski nou pe tro souferr », dit le vieil homme. Il se dit soulagé que cette affaire a enfin connu un dénouement et espère que les coupables seront punis.
Me Erickson Mooneeapillay : «On laisse la justice faire son travail»
L’avocat de la famille Toofanny, Me Erickson Mooneeapillay, dit laisser la justice faire son travail après avoir pris connaissance de la décision du DPP de loger une accusation formelle contre les cinq policiers devant la cour intermédiaire.
Les héritiers d’Iqbal Toofanny réclament Rs 25 millions
La veuve et les enfants d’Iqbal Toofanny ont saisi la Cour suprême pour une réclamation de dommages de la somme de Rs 25 millions à l’État, le commissaire de police et les cinq policiers. L’affaire sera appelée le 22 mai 2018. Les plaignantes, soit la veuve, Bibi Amiirah, et ses trois filles, estiment qu’il a été victime de brutalité policière. Elles affirment que lors de sa détention, Iqbal Toofany s’est plaint de douleurs au ventre et qu’il a, par la suite, été conduit à l’hôpital Victoria pour des traitements. Mais il est décédé. Elles ajoutent que les policiers ont commis une faute lourde et que l’État et le commissaire de police sont aussi responsables de ce qui s’est passé.
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