Affaire Gorah-Issac - Nadeem Edoo: prédicateur et chasseur de djinns

Connu pour son combat acharné contre la sorcellerie, Nadeem Edoo est issu de Plaine-Verte. L’homme a fait parler de lui cette semaine. La police le soupçonne d’avoir été l’un des fournisseurs d’armes de l’escadron de la mort. Zoom sur ce théologien de 35 ans.

Il y a 20 ans, après l’esha, la prière du soir, alors que les enfants de son âge papotaient aux abords des boutiques, Nadeem Edoo était sagement chez lui. Sa vie se résumait à la mosquée et à la maison. [blockquote]« J’ai grandi au centre du Hizbullah, où j’animais des causeries sur l’islam », avant d’ajouter : « Nou papa inn montre nou kouma namaz esha fini, bizin rent lakaz. Mo pas ti enn divolter ek dimoun respekter mwa. Mo enn zenfan kinn grandi dans bwat koton ».[/blockquote] À l’âge de 17 ans, Nadeem Edoo s’envole pour l’Arabie saoudite. À Médine, ce diplômé en langue arabe se spécialise dans la théologie musulmane. En sus de cela, il fait des études parallèles sur la sorcellerie. Nadeem Edoo est à la tête de Markaz Al Farouk, un mouvement qui mène une lutte sans relâche contre la sorcellerie. Mené par son guide, le Markaz Al Farouk a fait parler de lui quand ses hommes ont « nettoyé » un lieu où l’on pratiquait des actes de sorcellerie, à la route Bassin, à Quatre-Bornes.

Réputation

Nadeem Edoo s’est aussi forgé une réputation à travers l’île pour ses séances de rukya. Il s’agit de chasser les esprits (djinns) des victimes  de sorcellerie. « Nous nous contentons de lire des versets coraniques sur les personnes souffrantes, nous n’avons pas le pouvoir de guérir les gens. Nous ne sommes pas des guérisseurs. Tout ce que l’on fait, c’est de propager le bien et combattre le mal… » Mercredi dernier, le travailleur social s’est vu accoler une étiquette qui est loin de lui faire honneur. Nadeem Edoo a été arrêté dans le cadre de l’enquête sur le triple meurtre de la rue Gorah-Issac. Il aurait servi d’intermédiaire à Bahim Coco pour l’achat d’une arme à feu de calibre 12. Nadeem Edoo se défend de ces allégations. « Je n’ai aucune connexion avec l’escadron de la mort. à aucun moment, je n’ai fait partie de cette organisation criminelle. Je ne connais pas Bahim Coco. Même si je m’entraînais dans sa salle de gym, je n’ai eu aucun contact avec lui », argue-t-il.

Sous le choc

Il se dit encore sous le choc. « Ma famille est bouleversée. Jamais je n’aurais cru que la police m’arrêterait pour une telle affaire », soutient ce père de trois enfants. « En 2000, je n’avais pas encore 20 ans. Je n’avais encore jamais touché à un fusil. Comment aurais-je pu acheter et fournir des armes à l’escadron de la mort ? » lance-t-il. Aujourd’hui cependant, le trentenaire est détenteur d’un permis de port d’armes. « De temps à autre, je me rends à la chasse », laisse-t-il entendre. Et d’ajouter : « Il est malheureux que la police ait procédé à mon arrestation sur la seule base d’une allégation. J’implore Dieu pour que la vérité triomphe…» C’est une allégation formulée par Khadafi Oozeer qui a conduit la police à interpeller le travailleur social mercredi dernier. Il est soupçonné d’avoir accompagné Bahim Coco, homme fort de l’escadron de la mort chez un certain Johny, dans le sud de l’île, pour acquérir une arme à feu de calibre 12. Selon Khadafi Oozeer, « c’est un ancien membre de l’escadron, Azad Nandoo, qui m’a révélé ce fait ».

Inculpé

À l’issue de son audition, Nadeem Edoo a été conduit au tribunal de Port-Louis, où il a été inculpé de « unlawful possession of firearm ». La poursuite n’y ayant pas objecté, il a été libéré contre une caution de Rs 25 000 et après avoir signé une reconnaissance de dette de Rs 50 000. Le prédicateur devra se présenter tous les samedis au poste de police le plus proche de son domicile, entre 6 et 18 heures. Lors des tensions qui ont eu lieu dans le Sud récemment, Nadeem Edoo était sur tous les fronts. Avec les représentants d’autres religions, il a oeuvré pour le retour à la paix.