Si certaines entreprises ont déjà fermé leurs portes en cette période festive, d’autres continuent à opérer avec un nombre d’employés restreint. Cependant, des dispositions sont prises pour assurer le bon déroulement des activités malgré un taux d’absentéisme élevé.…
Euro CRM : un taux d’absentéisme raisonnable et gérable
En cette période de fêtes de fin d’année, la société Euro CRM a reçu beaucoup de demandes de congé. C’est ce qu’affirme Roshan Seetohul, vice-président - Corporate Affairs de la compagnie. « Cependant, nous avons su planifier les congés pour que tout le monde puisse profiter de cette période. Avec une bonne prévision et gestion des congés, on arrive à minimiser les mauvaises surprises », dit-il. De ce fait, poursuit-il, le taux d’absentéisme demeure raisonnable.
Par ailleurs, il soutient que plusieurs dispositions sont prises durant la période festive pour assurer le bon déroulement du travail et aussi pour créer une ambiance de fête. « On organise des journées à thème, du ‘bring and share’. On a mis des décorations pour créer un mood festif en cette période », indique notre interlocuteur. Pour ceux qui travaillent le 31 décembre, un buffet spécial est prévu par l’entreprise. « On s’assure que tout se passe dans les meilleures conditions pour nos collaborateurs », appuie-t-il.
RockFin : la continuité des services est assurée
La directrice de RockFin, Shaheen Abdul Carrim, affirme que bien que l’heure soit à la fête et que nous soyons déjà dans le mood festif, le travail continue normalement dans son entreprise jusqu’au 30 décembre. « Nous nous efforçons d’assurer la continuité de nos services à nos clients avec le sérieux habituel pour ne leur causer aucun inconvénient dans leur activité », dit-elle.
Par ailleurs, elle soutient que la compagnie n’a pas enregistré beaucoup d’absents cette année. « Nous avons uniquement des congés planifiés qui n’affectent pas le travail », poursuit-elle. Cette dernière fait ressortir qu’une planification en amont au sein de l’équipe basée sur le volume de travail et des projets en cours a été faite. « Évidemment, il y a toujours une part d’imprévu, mais nous avons les ressources nécessaires pour pallier cela », souligne-t-elle.
GNP Wear : uniquement les congés en cas d’urgence sont approuvés
Dans le textile, le mois de décembre est la période où il faut mettre les bouchées doubles pour respecter la livraison des commandes. C’est ce qu’avance le directeur de GNP Wear, Ajay Beedassee. « La charge de travail est à son pic en cette période. Ainsi, nous n’autorisons pas de congés à moins que ce soit urgent. D’ailleurs, c’est la même situation dans les autres usines de textile », explique-t-il. Ce dernier affirme que ses 70 employés, dont 40 étrangers, seront en poste jusqu’au 30 décembre. Le directeur soutient que les congés sont plutôt accordés début janvier. « Alors que la plupart des salariés reprendront le chemin du travail le 4 janvier l’année prochaine, les employés du textile, eux, reprendront la deuxième semaine de janvier », avance-t-il.
MauBank : les congés ont été pris avant la période des fêtes
Pendant la saison des fêtes, une hausse de la consommation et de la demande de biens et services est constatée. Par conséquent, la MauBank reçoit plus de clients pour les retraits d’espèces, les transferts d’argent, les prêts, entre autres. « Pour répondre en temps opportun aux besoins de nos clients, notre personnel de réception et celui de back-office travaillent avec dévouement pendant la saison de fin d’année », dit Aufia Saifi Yacoob, Head of Institutional Development & OIC HR.
Par ailleurs, elle soutient qu’en raison de l’augmentation de la charge de travail en décembre, les demandes de congé ne sont pas permises pendant cette période. Pourtant, poursuit-elle, cette année a été exceptionnelle. Avec la Covid-19, les employés ont eu un certain nombre de congés reportés des deux dernières années. « Nous avons travaillé de manière proactive conformément à notre politique de congés pour garantir que le service ne soit pas interrompu sans pénaliser notre personnel. Une planification minutieuse a donc été effectuée pour que notre personnel prenne tous ses congés avant la saison des fêtes », affirme notre interlocutrice.
Blast BCW : une planification est faite pour ne pas bousculer les opérations
Blast BCW s’engage dans la gestion de crises pour des entreprises. De ce fait, la société doit être opérationnelle, car les crises peuvent frapper à n’importe quelle heure. « Nous avons ainsi toujours du personnel en astreinte pour pallier toute éventualité. Notre expérience nous a démontré que nous sommes souvent sollicités en cette période, soit parce que nos clients n’ont pas de personnel pendant les fêtes ou que la nature de leur business fait qu’ils sont sujets aux crises en cette période festive », explique la directrice Aisha Allee. En sus de cela, dit-elle, le département de veille médias est toujours ouvert, car les dirigeants ont besoin de s’informer. « Nos employés ont droit à leurs congés et c’est normal qu’ils profitent de la période festive. Ainsi, on s’organise en interne pour ne pas bousculer les opérations », fait-elle ressortir. Notre interlocutrice soutient qu’il y a toujours des équipes dédiées aux clients. « Nous nous assurons d’avoir des canaux de communication afin d’être tout le temps au courant de ce qui se passe et d’être réactifs », déclare Aisha Allee.
Panagora Marketing : aucun problème d’absentéisme en ce moment
Chez Panagora Marketing, il n’y a aucun problème d’absentéisme en ce moment. « Décembre est le mois de l’année le plus important pour l’entreprise et toute l’équipe est motivée à tous les niveaux », explique Yovan Jankee, Head of Strategy & Communication.
D’ailleurs, il explique qu’un programme a été mis en place qui permet aux employés d’aller travailler en magasin avec les merchandisers. « Des Brand Managers, des analystes Supply Chain et des membres de la direction sont tous mobilisés pour aider leurs collègues jusqu’au 31 décembre », précise-t-il.
Avis des économistes
Baisse de la croissance économique si les congés ne sont pas planifiés
L’économiste Eric Ng est catégorique. Il soutient que les congés pris par les employés en fin d’année sont planifiés par l’entreprise bien à l’avance, car l’employeur sait que c’est une période de forte demande de congés. « L’employeur n’est pas pris au dépourvu. Donc, il n’y a pas de perturbation de l’activité de l’entreprise. Sauf s’il y a des congés imprévus, comme celui du 3 janvier », fait-il ressortir.
En ce qui concerne les activités commerciales dont le chiffre d’affaires est largement tributaire des ventes de fin d’année, il avance que l’employeur n’accepte pas des demandes de congé de la part de ses employés, en dehors des jours fériés. « Sinon, la grande majorité des activités ne sont pas saisonnières, dans le cas où les entreprises travaillent au ralenti à partir de la mi-décembre. Ce qui fait qu’elles ne sont pas réellement affectées par les congés des employés en cette période », fait comprendre notre interlocuteur.
L’observateur économique, Imrith Ramtohul, abonde dans le même sens. « Les employeurs attendent généralement de leur personnel qu’il prenne des congés supplémentaires pendant la période de fin d’année. Du coup, avec une bonne planification, les activités ne devront pas être perturbées », lance-t-il. Cependant, il avance qu’il est possible que le service fourni aux clients soit affecté avec un nombre restreint d’effectif. « Par exemple, de longues files d’attente, plus de temps pour répondre aux demandes des clients. En outre, certaines commandes à l’exportation pourraient ne pas être exécutées en raison d’une baisse de la production », dit-il.
Un avis que partage l’économiste Bhavish Jugurnath. « Un taux d’absentéisme élevé durant la période festive peut réduire les bénéfices de deux façons. Premièrement, si les entreprises dépensent plus d’argent pour payer les heures supplémentaires et les travailleurs contractuels, les coûts directs augmentent et les marges peuvent être réduites », explique-t-il. Deuxièmement, indique-t-il, l’absentéisme peut diminuer les revenus si les employés ayant des rôles spécifiques ne sont pas présents.
« Les employés qui vendent des services ou créent des produits, tels que les travailleurs de la fabrication, de l’ingénierie logicielle, du conseil ou de la vente, ont moins de temps pour atteindre leurs objectifs lorsqu’ils sont absents, ce qui peut entraîner une baisse des revenus », poursuit notre interlocuteur.
Selon Bhavish Jugurnath, l’impact de l’absentéisme peut créer une pression sur la productivité et la rentabilité, affectant la croissance du Produit Intérieur Brut de l’économie. « Les entreprises doivent ainsi assurer une bonne planification des ressources humaines pendant la période des fêtes. Les organisations peuvent encourager le personnel à prendre des vacances au cours de l’année lorsque la pression de travail est moindre », dit-il.
Questions à… Areff Salauroo, président de l’Association of Human Resource Professionals of Mauritius : «Les employés des services essentiels sont habitués à travailler durant la période festive»
Quels sont les secteurs dans le privé où les activités ne seront pas interrompues durant la période festive ?
Plusieurs secteurs dans le privé vont effectivement poursuivre leurs opérations pendant la période festive. Je citerais, à titre d’exemple, le secteur du transport, la restauration, l’hôtellerie, les activités connexes, et la presse, entre autres.
Comment est-ce que les entreprises s’organisent pour ne pas perturber les opérations avec les congés des employés ?
En sus de ce qui est prévu par la loi, chaque entreprise dispose de son propre système pour motiver les employés, tout en respectant le ‘Remuneration Order’. Il y a des allocations et d’autres types d’intéressements, comme le bonus de performance et des congés après la période festive.
La période festive joue-t-elle sur la productivité des employés ?
Les employés qui opèrent dans les secteurs mentionnés plus haut sont conscients qu’ils offrent des services essentiels. Ils sont habitués à travailler durant la période festive et savent l’importance de le faire.
Conditionnement psychologique
Le commerce, la grande distribution, le port, les services de santé ou encore le transport figurent parmi les secteurs qui ne connaîtront pas de trêve durant la période des festivités. Hubert Gaspard, psychologue du travail, explique que les employés sont conscients que c’est la saison de pointe et que ce sont les conditions d’emploi. « C’est la nature de leur travail. Ces gens-là sont conditionnés depuis des années pour travailler ainsi. Comme tout emploi, il y a des défis durant la période festive », fait-il ressortir.
Cependant, le psychologue du travail est d’avis que le leadership est un aspect important pour faire toute la différence, surtout durant cette période. Ceux qui savent mener leurs équipes, dit Hubert Gaspard, motiveront ces dernières pour qu’elles soient en poste, même durant les fêtes. « Ce n’est pas aussi explicite que cela, mais c’est là aussi que l’on voit la solidarité et l’esprit d’équipe pour que les opérations se poursuivent », soutient-il.
Yannick Benedict, musicien d’hôtel : «C’est un devoir vis-à-vis de mon employeur et des clients»
Voilà bientôt 17 ans que Yannick Benedict n’a pas fêté Noël et le réveillon du Nouvel An avec ses proches. Loin d’être enchantée par cette situation, sa famille apporte cependant son soutien au musicien. « C’est un devoir vis-à-vis de mon employeur et des clients. Il faut une préparation psychologique pour ne pas être déprimé en pensant à la famille », confie Yannick Benedict.
D’ailleurs, il a rejoint le circuit hôtelier en pleine période festive, soit un 31 décembre, à l’âge de 13 ans. En faisant ce choix, il dit savoir à quoi s’attendre. Cependant, Yannick Benedict affirme que la Covid-19 lui a fait prendre conscience que la vie est courte. « J’ai pris un congé ce 31 décembre pour passer le réveillon avec mes enfants. Ce sera une première depuis 17 ans », sourit-il.
Faiz Hossenbocus, CEO de LoveLife Pharmacy : «Le système de rotation est favorable aux employés»
Les quatre pharmacies LoveLife seront opérationnelles durant la période festive jusqu’à 22 heures. Le staff opérera sur un système de rotation. « Cela est favorable aux employés », souligne Faiz Hossenbocus. Ainsi, celui ou celle qui sera en poste le 1er janvier pourra bénéficier d’un jour de congé le jour suivant. « Les employés savent que c’est un service essentiel. Ils pourront profiter de leurs congés en janvier et nous avons aussi des incitations en interne pour les motiver », fait valoir le CEO.
Un chauffeur dans le privé : «Il m’arrive de travailler les 25 et 31 décembre»
Difficile de faire autrement lorsque l’on travaille dans un secteur qui opère 24/7. C’est le cas de le dire pour ce chauffeur dans le secteur privé. La famille s’adapte avec regret, car, argue notre interlocvuteur, elle sait que c’est notre gagne-pain. « Il m’arrive de travailler le 25 et le 31 décembre. Il est difficile de se réveiller le matin le jour de Noël ou du Nouvel An pour se rendre au travail. Le système de rotation peut toutefois permettre de bénéficier d’un jour de congé l’une de ces deux dates. Les chauffeurs peuvent aussi s’arranger entre eux. Même si on est payé le double le jour de Noël, je préfère passer ce moment avec ma famille », avoue le chauffeur.
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