Contrairement aux années précédentes, la situation concernant la leptospirose est préoccupante. Alors que généralement une trentaine de cas était recensée chaque année, nous en sommes déjà à 41 cas en cinq mois. Ajouté à cela, la maladie a entraîné le décès de six personnes, ce qui a incité le ministère de la Santé à initier diverses actions, dont des campagnes de sensibilisation autour de la leptospirose, mais aussi et surtout sur la nécessité de maintenir un environnement propre afin de ne pas attirer les rongeurs. Selon le Dr Kursheed Meethoo-Badulla, coordonnatrice des maladies non transmissibles, cette situation suit une variable saisonnière telle que les fortes averses, qui incitent les rongeurs à sortir de leur habitat naturel pour se rapprocher des habitations du fait que leurs tanières ont été inondées. Elle ajoute également que Maurice n’est pas le seul pays à enregistrer une hausse de la leptospirose, cette situation étant mondiale comme celle de la dengue.
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La lutte contre la leptospirose, principalement transmise par les rats à Maurice, n’est cependant pas l’affaire du seul ministère de la Santé, souligne le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé. Il plaide ainsi pour des actions communes, comme c’est le cas pour la dengue. Le Dr Meethoo-Badulla confirme : « Comme c’est le cas pour la dengue, divers ministères et parties prenantes du secteur public et privé travaillent de concert afin de prendre les mesures appropriées pour lutter contre la prolifération des rongeurs, qui sont les vecteurs de la leptospirose à Maurice », dit-elle.
Qualité du diagnostic
Force est de constater qu’en dépit des diverses mesures prises pour lutter contre les rongeurs, il n’est pas rare d’en trouver dans les caniveaux, que ce soit dans les alentours des marchés et foires des villes comme des villages. À cet effet, une réunion d’envergure s’est tenue à la mairie de Port-Louis pour passer en revue la situation et décider des mesures à mettre en place pour lutter contre la présence des rats aux abords des divers marchés et foires de la ville, nous a confié le lord-maire Yousouf Nujurally, lors d’un bref entretien.
Le Dr Gujadhur s’interroge, cependant, sur la qualité du diagnostic et du traitement des personnes atteintes de la leptospirose. Il explique que le taux de mortalité en cas de leptospirose sévère est de 10 % dans le monde, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Or, il s’avère que le pays a connu six décès sur les 41 cas officiellement recensés depuis le 11 janvier dernier, ce qui fait un taux de fatalité de 14,6 %. Ce chiffre est troublant pour le Dr Gujadhur. « Est-ce qu’il y a des cas qui n’ont pas été diagnostiqués ? » se demande-t-il.
Le Dr Meethoo-Badulla fait remarquer que, comme pour pratiquement toutes les maladies, de nombreux cas ne sont pas répertoriés, car non rapportés par les patients qui pratiquent l’automédication. Ainsi, le ministère ne peut communiquer que sur les cas qui ont été rapportés ou diagnostiqués. Elle souligne l’importance de consulter un médecin en cas de symptômes de fièvre et de toux. D’autant plus que les symptômes de la dengue, de la Covid-19, de la grippe et de la leptospirose sont presque similaires.
À noter que les symptômes de la leptospirose sont : une fièvre élevée avec frissons, maux de tête, douleurs musculaires et douleurs articulaires diffuses dans les cas modérés. Elle peut cependant évoluer vers une atteinte rénale, hépatique, méningée ou pulmonaire. Dans 20 % des cas, elle se complique d’un syndrome hémorragique.
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