Le leader PMSD Xavier-Luc Duval a apporté des précisions sur les raisons qui ont motivé le départ de son parti du gouvernement lundi 19 décembre.
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Xavier-Luc Duval, en conférence de presse vendredi après-midi 23 décembre, affirme que le projet de loi visant la création de la Prosecution Commission [Prosecution Commission Bill] a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, tout en avançant que le MSM devient «paranoïaque».
«Il est important que nous nous expliquions devant la population après que le départ du PMSD du gouvernement. Mais je tiens d’abord à féliciter Véronique Leu, qui a été réélue présidente du Conseil de district de Rivière-Noire. C’est un signe que nous enchaînons avec les résultats positifs», déclare Xavier-Luc Duval pour sa première conférence en tant que leader de l’Opposition.
Xavier-Luc Duval se réjouit que le PMSD «a fait capoter le Prosecution Commission Bill». Selon lui, «ce projet de loi a été précipité, et préparé dans le plus grand secret avant d’être présenté sournoisement pendant la période festive».
Xavier-Luc Duval se dit «heureux» d’avoir pris cette décision, car le «PMSD a le soutien de quasiment toute la population» : «Tous nos députés ont démissionné et nous avons le soutien de 22 000 adhérents du PMSD.»
Il «pense» aussi que, «sans exagérer», l’action du PMSD a apporté une lueur d’espoir pour l’île Maurice et pour la politique en général :
«Mais notre action pour faire capoter le projet de loi été fait au prix d’énormes sacrifices. Tant qu’il s’agit d’un ministre, cela n’a pas de grande conséquence, car ce dernier continuera à percevoir un salaire, voire une pension éventuellement. Mais pour le Chairman d’un board paraétatique, il a sacrifié son gagne-pain du jour au lendemain.»
Xavier-Luc Duval explique pourquoi «ces sacrifices ont été nécessaires». Il affirme que le gouvernement «est miné par l’insécurité et voit des complots partout». Selon lui, le gouvernement démontre des signes de paranoïa.
«Et dans une telle situation, la population a compris que cela représente un vrai danger pour le pays. Ces gens sont dangereux, car s’ils ont 75 % de majorité à l’Assemblée nationale et ils pourront mettre à exécution toutes sortes de menaces».
Xavier-Luc Duval dit se souvenir que «le MSM avait eu les mêmes tendances de par le passé et a provoqué des événements qui ont traumatisé le pays».
Pour lui, «il est trop dangereux de donner carte blanche au gouvernement et d’amender la Constitution comme bon lui semble pour restreindre les libertés fondamentales des citoyens».
«Ce sont les institutions qui sont à la base d’un pays, en particulier celles ayant trait à l’ordre et à la paix. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons tant de respect pour les États tels que Singapour, Suisse et Dubaï. Il est important de préserver l’île Maurice de ces tendances totalitaires. C’est la base d’un désaccord que le PMSD a fait ce sacrifice», affirme Xavier-Luc Duval.
Revenant sur le Prosecution Commission Bill, Xavier-Luc Duval dit ne pas être en mesure de dévoiler ce qu’il s’est passé au Conseil des ministres. Il déplore néanmoins que le gouvernement a été appelé à prendre une décision dans un délai de deux heures.
«Comment peut-on accepter cela ? J’y ai objecté vigoureusement. C’était une version absolument horrible, car il prévoyait que le Premier ministre allait nommer les membres de la Prosecution Commission qui allait avoir un droit de regard sur le travail du DPP [Directeur des poursuites publiques]. La seconde version est meilleure, mais pas parfaite. Tout se fait dans le plus grand secret, car la population ne sait rien», estime Xavier-Luc Duval.
Selon le leader du PMSD, «lorsque le Prosecution Commission a été discuté au niveau du gouvernement, des voix se sont élevées». Il dit avoir lui-même objecté, mais dit avoir réalisé que nul n’a le droit d’en parler.
«La Constitution va changer et les ministres n’ont pas le droit d’en parler. Quand pourrons nous parler alors ?» se demande Xavier-Luc Duval.
Le leader du PMSD est d’avis que «l’intention primaire du Prosecution Commission est de permettre au Premier ministre de nommer les gens qui vont siéger à la Prosecution Commission» :
«Je mets quiconque au défi de me contredire.»
Xavier-Luc Duval dit accepter, dans le fond, qu’il faut un débat sur les pouvoirs du DPP, sur ceux du commissaire de police (CP), voire sur le Privy Council.
Concernant les pouvoirs du DPP, Xavier-Luc Duval soutient qu’il existe déjà une procédure de révision judiciaire, mais qu’il suffit de la rendre plus accessible :
«Dans les pays civilisés, un changement constitutionnel est précédé par des procédures. La population a le droit d’avoir son mot à dire», affirme Xavier-Luc Duval ; ajoutant qu’il est possible que le gouvernement «tente de réintroduire la loi, tout comme il existe une possibilité que le gouvernement tente d’acheter 11 députés» :
«J’espère qu’on n’est pas arrivé à un tel niveau. Mais est-ce légitime ?» s’interroge Xavier-Luc Duval.
Le départ du PMSD du gouvernement, selon Xavier-Luc Duval, a fait perdre au MSM un allié solide, qui amenait des résultats : «Aujourd’hui, le MSM se retrouve esseulé et à la merci de ses députés.»
Xavier-Luc Duval prévoit aussi un exode de certains ministres du MSM avant la rentrée parlementaire en mars 2017.
Nommé leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval dit prendre ses nouvelles attributions comme un défi et se targue d’avoir «su gouverner autrement» :
«Nous avons démontré au cours de ces 12 dernières années que nous gouvernons autrement. Il y a beaucoup de personnes qui veulent voir une nouvelle façon de gouverner. Ils en ont assez. On change, mais c’est du même au pareil. Ils se fient au PMSD d’apporter ce changement.»
Ce changement, selon Xavier-Luc Duval, passe par l’unité au sein de l’Opposition jusqu’aux prochaines législatives, et il dit œuvrer en ce sens : «Le PMSD sera présent dans chaque circonscription. Nous allons galvaniser nos troupes.»
Concernant les affiches «à la gloire de Navin Ramgoolam», Xavier-Luc Duval exprime son étonnement, car il dit ne pas comprendre «cette posture du MSM alors que c’est bien lui le principal adversaire du gouvernement».
En parlant de Navin Ramgoolam, Xavier-Luc Duval fait comprendre que le leader PTr est toujours son ami. Mais il martèle qu’en politique il «n’y a pas d’ami», et que l’île Maurice passe avant tout.
Xavier-Luc Duval déclare aussi qu’il n’a jamais «rencontré son ancien allié [Navin Ramgoolam], ni eu des appels téléphoniques, à l’exception d’une ou de deux rencontres dans des mariages».
«Ce n’est pas l’amitié qui est importante. “Sinon mo pa ti pou laba. Nou get lintere pei. Kamarad pena okenn konsideration dan politik», lance le leader du PMSD.
Xavier-Luc Duval révèle avoir consulté l’avocat sir Hamid Moollan, Queen’s Counsel, lorsque le Prosecution Commission Bill a été rendu public pour la première fois.
Nilen Kattany
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