Christopher Perrine, arrêté après le vol avec violence perpétré chez la DCP Aubeeluck le 12 octobre 2018, n’est pas inconnu des services de police. Il a déjà écopé de plusieurs condamnations. Il a même bénéficié d’une remise de peine de neuf ans. Des officiers de prison se demandent comment un homme au casier judiciaire aussi chargé a obtenu une rémission de peine.
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Qui est Christopher Perrine ? C’est l’homme qui a été arrêté pour le vol et l’agression perpétrés au domicile de la DCP Aubeeluck à Roches-Brunes le vendredi 12 octobre 2018. C’est aussi celui qui a écopé de plusieurs condamnations dans le passé pour divers délits. Cet habitant de La-Tour Kœnig de 33 ans venait d’ailleurs d’être libéré le 18 mai 2018, après avoir bénéficié d’une rémission de peine de neuf ans pour un délit commis en 2008.
Il avait, en effet, été arrêté en août 2008 par la Criminal Investigation Division de Mahébourg pour agression sexuelle sur une jeune femme handicapée. La victime, une touriste française, avait accepté d’aider Christopher Perrine qui demandait à utiliser ses toilettes. Il avait profité de l’absence des parents de la jeune femme pour la traîner de force dans une chambre afin d’assouvir ses pulsions.
Au moment de son arrestation, Christopher Perrine avait avoué son délit. Le 19 juin 2009, il avait été condamné à 18 ans de prison. Il avait écrit une lettre à la Commission de Pourvoi en grâce, réclamant une rémission de peine. Sa démarche avait porté ses fruits. Il avait retrouvé la liberté le 18 mai 2018. Cela signifie que des 18 années que lui avait imposées la justice au départ, il n’a passé que la moitié de ce temps derrière les barreaux. « Normalement, dans des cas pareils, aucune rémission n’est accordée », soutiennent des sources à la prison.
Analyses scientifiques
Sollicité pour un avis légal, Me Anoup Goodarry indique que rien n’empêche la Commission de Pourvoi en grâce de prendre une telle décision. L’homme de loi précise que la répression ne marche plus avec les récidivistes. Il estime qu’il faut, dans certains cas, adopter une approche compréhensive. « Des pays scandinaves et européens en sont de bons exemples », selon lui.
Il y a des détenus qui se retrouvent derrière les barreaux pour des délits commis durant des moments de faiblesse ou dans un accès de colère. D’autres sont motivés par la jalousie ou agissent sous l’influence de leur entourage.
Les enquêteurs ayant côtoyé Christopher Perrine estiment que la « criminalité est inscrit dans son ADN. Dan so disan sa. Li pa pou sanze ». Son modus operandi, selon eux, est bien rodé. Il choisit ses proies de manière systématique.
Avant sa première arrestation, l’homme était dans le viseur de la police. « Il nous avait mené la vie dure. On n’arrivait pas à lui mettre la main dessus », relate un ancien policier qui avait participé à l’opération. À l’époque, Christopher Perrine était récherché dans le cadre d’une agression sexuelle perpétrée dans le Sud du pays. Il avait nié toute implication dans cette affaire. Mais les résultats des analyses scientifiques l’avaient incriminé.
Nous avons tenté de contacter sir Victor Glover par téléphone vendredi après-midi pour obtenir son avis sur ce cas. Mais nous n’avons pas pu le joindre.
Liste de ses condamnations | |
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14/10/2008 | Viol à Grand-Port |
21/11/2008 | Possession d’objet volé à Belle-Rive : 2 mois |
19/01/2009 | Vagabondage : 14 jours et amendes |
19/05/2009 | Tentative de vol : 7 jours et amendes |
18/06/2009 | Vol : Deux années de prison et amendes |
19/06/2009 | Viol d’une handicapée : 18 années de prison et amendes |
2/7/2009 | Vol avec usage de faux clés : 1 an de prison et amendes |
23/07/2010 | Failing to produce driving license : 4 jours |
10/7/2013 | Agression : 15 jours et amendes |
8/10/2013 | Possession d’héroïne : 10 jours et amendes |
20/02/2015 | Vagabondage : 8 jours et amendes |
20/02/2015 | Vol : 8 jours et amendes |
Attributions de la Commission de Pourvoi en grâce
La Commission de Pourvoi en grâce a des attributions particulièrement larges. Si elle ne peut innocenter une personne, elle accorde au président de la République la possibilité d’alléger une peine de manière conséquente. Pour qu’un cas puisse être examiné, il faut d’abord que le condamné fasse une demande auprès du chef de l’État et explique les raisons pour lesquelles il estime pouvoir bénéficier de la grâce présidentielle.
La Commission de Pourvoi en grâce examine ensuite ces raisons. Elle décide de la recevabilité ou pas des justifications portées devant elle. Le comportement du condamné durant ses années de cellule est aussi pris en compte. Si pendant plusieurs années la commission était composée de trois membres – l’ancien juge sir Victor Glover, Me Shadmeenee Mootien et le liquidateur Yuvraj Thacoor –, Geeantee Toory, ancienne présidente de la Commission nationale du sport féminin, a rejoint l’équipe en avril.
Sous l’article 75 (1) (a), le président de la République peut accorder le pardon. Sous d’autres articles, en revanche, il peut geler un jugement pour une période définie ou indéfinie. Il y a même eu des cas où une condamnation a été commuée en amende.
Le 12 mars dernier, pour les 50 ans d’indépendance du pays, agissant sur les conseils de la Commission de Pourvoi en grâce, Ameenah Gurib-Fakim, alors présidente de la République, avait décidé d’accorder une remise de peine d’un mois aux prisonniers ayant fait preuve de bonne conduite ces derniers mois. Cette mesure concernait 1 221 détenus. Le 12 mars 2017, à l’occasion des 25 ans de la République, 184 détenus avaient retrouvé la liberté.
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